Les acteurs de la rechange en mutation active
Optimisation logistique, amélioration des performances financières, engagement dans une démarche durable : quelle que soit leur zone géographique, la taille de leur entreprise, leur environnement réglementaire et concurrentiel, les distributeurs regardent en face leurs KPI (indicateurs de performances) et se remettent en cause pour affronter la mutation qui doit leur ouvrir un futur plus solide.
«Nous sentons qu’une dynamique s’enclenche vers la mutation des entreprises et plus particulièrement celles de l’aftermarket ! Une nouvelle réglementation mondiale se prépare, notamment avec les standards comptables intégrant des notions de durabilité qui interrogent à terme l’ensemble des acteurs de la chaîne. Après les constructeurs et les équipementiers, les acteurs de l’après-vente entrent dans cette révolution », contextualise Antoine Soulier, cofondateur et directeur général d’Inteliam (cf. encadré), solution de notation dédiée aux acteurs de la rechange. « Nous nous adressons à des entreprises souvent installées et ouvertes au changement qui se projettent avec la conscience de la nécessité de mesurer d’où elles partent», précise celui qui dresse les forces et les pistes d’amélioration des distributeurs des 50 pays audités.
Rentabilité recherchée
Premier constat : «Il s’agit d’une industrie où les acteurs gagnent de l’argent», avec des entreprises rentables, quelles que soient leur zone géographique et leur taille. À noter que l’écart-type entre les tailles des distributeurs est très important. Le tissu de la distribution sur l’ensemble des continents démarre de 1 M€ de CA jusqu’à 300 M€. «On retrouve cela partout, en Afrique du Sud, Inde, Europe de l’Ouest, mais également en Europe de l’Est, sauf au Maghreb ou en Amérique latine.»
Seconde tendance : ces acteurs de la rechange sont peu enclins à entrer dans une démarche de certification ISO, qu’ils fassent leur business dans un pays mature ou en développement. Également, la mise en place d’une organisation très structurée, intégrant des plannings stratégiques, de gestion des risques, est très disparate selon l’environnement concurrentiel. En revanche, «les chefs d’entreprise ont tous conscience de la nécessité de mesurer leur performance et de penser leur avenir».
Approche logistique
Troisième point : l’expertise métier telle que l’entreposage et la logistique, les achats et la politique commerciale. Car si les entreprises de moins de 50 M€ de CA sont moins processées, celles
de taille moyenne (entre 50 et 100 M€) obtiennent une notation proche de celle des plus de 100 M€. Les points d’amélioration tournent autour des outils de gestion et d’analyse des stocks, la mesure de la satisfaction client et l’utilisation d’indicateurs de sécurité au travail.
À noter également la maturité numérique des entreprises, dont 20 % des auditées se disent présentes sur des plateformes de vente de pièces en ligne.
Approche plus écoresponsable
Enfin, le « durable » (sustainable) entre dans le jeu, mais à des niveaux différents. Taille de l’entreprise et niveau de la réglementation locale impactent également le degré d’implication dans la démarche. Le point d’entrée reste pour tous l’utilisation de pièces de l’économie circulaire, cependant encore très peu développée sur les marchés émergents (hors Amérique latine) et notamment en Afrique, faute de filière organisée. Même difficulté pour la gestion des déchets, très inégale d’un continent à l’autre.
L’autre axe reste la mesure des consommations d’énergie (30 % des audités) quelle que soit la zone géographique. La récente flambée des coûts de l’énergie n’est sans doute pas étrangère à cet intérêt. Preuve que le sujet commence à entrer dans les mœurs, 10 % des entreprises auditées ont commencé à mesurer leur empreinte carbone via le module d’évaluation complémentaire mis en place par Inteliam. Une façon d’anticiper sur une mesure qui deviendra générale à terme pour l’ensemble des entreprises.
Inteliam, l’accompagnateur du changement
Créé en 2020, le cabinet de notation est inédit puisqu’exclusivement dédié à l’évaluation des entreprises de la rechange automobile mondiale. S’il s’appuie sur les normes mondiales type ISO 9001 (management des organisations) et ISO 26000 (responsabilité sociétale des entreprises), l’auditeur a adapté ses critères aux spécificités de l’aftermarket. Process/organisation, mesures financières, expertise métier et durabilité sont les quatre thèmes expertisés via un programme de 70 questions. La démarche permet de sortir en toute transparence un diagnostic et une photographie de la société, mettant en avant les forces et les pistes d’amélioration.
À l’origine du projet, Antoine Soulier, issu de l’industrie pétrolière puis passé dans le monde la certification, avec l’ambition de marier les outils digitaux et le monde de la certification, appliqué à l’écosystème de la distribution des pièces de rechange. Il bénéficie du soutien de grands équipementiers ainsi que de groupements comme Nexus Automotive International. Après trois années d’exercice, Inteliam aligne déjà 150 sociétés auditées implantées dans 50 pays sur 4 continents.