ARGENTINE : Reprise espérée après la cure d’austérité…

Jérémie Morvan
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Florencia Delucchi_Gipa Argentine_web2

Lorsque Javier Milei accède au pouvoir en novembre 2023, l’inflation du pays est devenue incontrôlable, dépassant les 25 % mensuels après la dévaluation du peso par le Président dès son arrivée au pouvoir. Un an plus tard, elle est passée sous la barre des 3 %...

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Mais cela ne s’est pas fait sans heurts : coupes budgétaires dans l’éducation ou la santé, licenciements chez les fonctionnaires, abandon de grand chantiers… Si la cure d’austérité budgétaire a permis une baisse rapide de l’inflation, elle s’est accompagnée d’une récession estimée à - 3,5 % sur 2024 par le FMI. Avec plus de la moitié des Argentins sous le seuil de pauvreté, soit environ 23 millions de personnes… Dans ce contexte, le recul du marché de l’aftermarket est estimé à 9 % par Florencia Delucchi, directrice de GiPA Argentine. « La baisse des ventes de véhicules neufs, encore plus prononcée que l’année passée, aurait dû soutenir le marché de l’entretien auto. Mais après la forte inflation, les consommateurs argentins n’ont tout simplement plus d’argent ! », résume-t-elle.

Offres alternatives en hausse

Mécaniquement, le parc roulant (11 millions de véhicules, dont beaucoup de pick-up produits sur place) a pris de l’âge, passant d’un peu plus de 10 ans en 2023 à 12 ans en douze petits mois. Surtout, les ventes de véhicules neufs réalisées sur la période 2009-2011 grossissent le parc de 12 et 15 ans. Donc un vent favorable pour le secteur de l’IAM, qui détient 86 % du marché de l’aftermarket et défie les réseaux de marque, qui « face à un parc jeune devenu trop faible, tentent de compenser en allant chercher le parc plus ancien. Ils essaient d’enrayer l’allongement des intervalles d’entretien de la part des automobilistes (le kilométrage annuel moyen, impacté par la hausse du coût des carburants, a perdu 10 % pour passer à 11 000 km) en développant des services, notamment des facilités de paiement. Ils ont également pu faire la différence sur la disponibilité des pièces de rechange, toujours très compliquée en IAM alors que les usines des constructeurs en produisent pour le marché intérieur », énumère la directrice de GiPA Argentine.

Dernier atout sorti de la manche des réseaux de marque : les offres dépositionnées (Motrio, Motorcraft ou Mopar/Eurorepar) se font de plus en plus visibles… « Si elles ne représentent pas de gros volumes aujourd’hui, la structure du parc leur est favorable », résume Florencia Delucchi. À noter : les difficultés économiques ont de la même manière fait émerger une demande en produits d’occasion, dont les pièces détachées automobiles… jusqu’aux pneumatiques.

2025, année du rebond ?

Avec ce nouveau gouvernement ultralibéral, le marché argentin est en train de s’ouvrir. Entre une inflation maîtrisée et des délais de paiement raccourcis (et autorisés en dollars), les importations devraient repartir à la hausse. Soit des conditions favorables à l’arrivée de nouvelles marques automobiles – notamment chinoises – soucieuses de trouver de nouveaux débouchés, mais aussi des fabricants de pièces de rechange. « Ils sont potentiellement à même de résoudre la principale problématique des consommateurs argentins : accéder ou préserver leur mobilité à moindre coût », explique la directrice de GiPA Argentine. De quoi aussi possiblement créer un appel d’air pour d’autres équipementiers, voire pour les ITG, peu présents jusqu’ici. Et voir ainsi la rechange indépendante reprendre la main après des mois de turbulences ? « 2025 pourrait être synonyme d’opportunités en Argentine pour les acteurs de l’aftermarket », espère Florencia Delucchi.

Jérémie Morvan
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