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Résultats équipementiers : merci l’inflation… et vive la rechange !

Jean-Marc Pierret
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Equipementiers 1ère monte et rechange

Les résultats trimestriels des équipementiers commencent à tomber. Leurs chiffres d’affaires stagnent voire progressent, dopés par la répercussion de l’inflation sur leurs prix de vente mais soutenus aussi par une rechange dynamique, quand lesdits équipementiers y sont réellement présents. Une leçon pour l’avenir ?

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Au terme des trois premiers mois de 2022, un premier constat brut s’impose : ceux des équipementiers qui sont très (trop ?) exclusivement première monte affichent, en valeur absolue, des performances certes très moyennes. Faurecia (sans l’effet Hella) attrape un + 1,1 % pendant que Plastic Omnium décroche légèrement à - 2,7 %.

La résiliente première monte équipementière

Faut-il s’en inquiéter ? Ce serait oublier de relativiser en fonction de l’état du marché VN, qui pilote l’activité des chaînes équipementières de production. En Europe seulement, les immatriculations VL ont terminé le premier trimestre à -12,3 % pendant que celles du VI/VUL viennent de dévisser de 24,9 %. En comparaison donc, les équipementiers sortant des chiffres d’affaires étals ou légèrement négatifs font de toute façon bien mieux que le marché.

Il ne faut bien sûr pas ignorer l’effet mécanique sur les chiffres d’affaires de la répercussion de l’inflation. Elle a bien évidemment des impacts directs sur le chiffre d’affaires de ce début d’année. Et les équipementiers pourront aussi arguer que ces hausses inflationnistes ne favorisent pas de marges supplémentaires ; elles évitent simplement qu’elles ne se dégradent trop.

Merci à la montée en gamme VN

Une fois défalqués plus ou moins 5 % d’inflation constatée sur l’Europe (7 % aux Etats-Unis), ils apparaissent effectivement moins bien lotis. Mais un autre facteur semble venir jouer en faveur de résultats préservés chez les équipementiers : la montée en gamme du mix produits VN qui s’additionne à la répercussion des hausses de prix.

Les constructeurs ont vécu une année 2021 cataclysmique. 9,7 millions de VP ont été vendus dans l'Union européenne, le plus bas chiffre enregistré depuis le début de la série statistique en 1990, en deçà des années historiquement noires de 2013 et 1993. Au terme de l’année dernière pourtant, ils ont quand même réussi dans le pire des cas à éviter l’effondrement et dans le meilleur, à afficher des bénéfices parfois qualifiés d’historiques ! Et en constructeurs premium notamment, les bénéfices du premier trimestre ne sont guère décevants…

Privés de volumes par manque de composants, les constructeurs ont voulu et pu privilégier les modèles à marge. Par ricochet, cette montée en gamme a profité à leurs équipementiers en 2021 et continue de soutenir leur activité première monte. Michelin a d’ailleurs joué la transparence dans ses résultats trimestriels. S’il confesse un recul volumétrique en première monte de 6 %, le manufacturier constate un + 1,6 % lié à un « mix favorable entre les activités de première monte et remplacement au sein du segment Automobile » et à « la poursuite de l’enrichissement du mix produits lié à la croissance du segment 18'' et plus ».

La rechange en valeur refuge

Valeo est moins précis, mais ses chiffres semblent l’attester d’eux-mêmes. Au T1 2021, son chiffre d’affaires avait reculé de 3,6 %, dont une première monte à - 4,5 % et une activité rechange à + 1,4 %. Fin du premier trimestre 2022, son chiffre d’affaires total progresse de 2 %, avec cette fois une activité première monte étale pour un remplacement à… + 16 %. Chez le vert équipementier, les ventes vers l’aftermarket ne pèsent certes que 11 à 12 % du CA total. Mais si elle ne fait pas tout; cette nette croissance des ventes aftermarket aux marges plus confortables ne peut pas non plus faire de mal. D’autant que la montée du mix VN constatée chez les constructeurs et chez Michelin doit probablement venir aussi limiter les dégâts pour les 84 % de l’activité de Valeo en première monte…

Dernier point qui vient servir ceux des équipementiers qui ne boudent pas l’aftermarket : le bon score du remplacement. Michelin vient détailler le dynamisme mondial du secteur. En pneus tourisme et VUL et tous continents confondus, la rechange oppose ses + 4 % (dont + 10 % en Europe et + 2,8 % en "sell-in" en France selon le SPP) aux - 6 % de la première monte durant les trois premiers mois. Il ne s’agit certes “que” du remplacement en pneumatiques. Mais qui dit demande croissante en remplacement de pneus dit kilométrage en hausse. Et qui mieux qu’un accroissement du roulage pour accélérer d’autant les besoins en entretien-réparation ?

Distribution PR euphorique

En France, le baromètre Feda vient d’ailleurs de confirmer la bonne tenue de la rechange (voir« Les distributeurs de pièces en forme au premier trimestre »). La distribution de pièces VL/VUL vient de s’offrir un beau + 10 % (après + 14 % au dernier trimestre 2021). Le PL, moins flamboyant, s’octroie tout de même + 4 %...

Les équipementiers ont donc tout intérêt à ne pas oublier le levier de l’aftermarket et, s’ils n’en disposent pas naturellement, de s’y intéresser. Quand une crise polymorphe vient ainsi ravager les ventes VN comme jamais, un pilier rechange – toujours plus acyclique et généralement dopé par le vieillissement concomitant du parc – devrait s’inscrire dans une stratégie de diversification. C’est bien le moment de pouvoir – et vouloir – venir se rappeler au souvenir de la distribution et de la réparation…

Qui trop embrase, mal éteint

Mais attention aussi aux gourmandises. Sans vouloir ni être cités ni dénoncer quiconque officiellement, de grands distributeurs se demandent toutefois si, deci delà au vu de bondissements à deux chiffres parfois surprenants, quelques-uns de leurs fournisseurs équipementiers n’essaient pas d’ajouter subrepticement un ou plusieurs wagons opportunistes à leur nécessaire train d’augmentations.

« Ceux qui s’y essaient jouent un jeu dangereux », menace un attentif acteur de la distribution. En termes de prix aussi, qui trop embrase, mal éteint. À commencer par les ressentiments des acheteurs qui ne s'éteignent jamais vraiment…

Jean-Marc Pierret
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