BRÉSIL : Le meilleur reste à venir…
Tous – ITGs et grands équipementiers mondiaux – s’accordent à dire que le Brésil est et devrait rester LA locomotive de l’Amérique du Sud.
Dans cette zone, c’est l’endroit où il faut être, avec un marché en très forte croissance, tiré par un parc de 58 millions de véhicules (véhicules particuliers et utilitaires). Soit davantage que les parcs roulants mexicains et argentins réunis ! Un parc roulant qui grossit, avec deux années consécutives de ventes de véhicules neufs en croissance à deux chiffres (+ 12 % en 2023 et vraisemblablement vers les + 15 % en 2024), qui roule (le kilométrage annuel moyen se rapprochant des 12 000 km/an) et qui vieillit, un PIB qui aura atteint + 3,1 % cette année…
Les constructeurs à la manœuvre
Tous les ingrédients sont là pour une recette aftermarket des plus réussies, « avec un marché estimé à 100 milliards de reals (l’équivalent de 20 Md€) ,en croissance de 7 % en volume en 2024 par rapport à l’année précédente. Et des projections à + 20 % au cumul sur la période 2023-2027 », explique Laurent Guerinaud, directeur de GiPA Brésil !
Non seulement les constructeurs surfent sur des ventes de véhicules neufs en augmentation à deux chiffres, mais certains investissent aussi dans l’aftermarket, à l’image de General Motors avec ses centres autos multimarques ACDelco ou, plus récemment, Stellantis. « Le groupe a en effet mis la main sur l’un des principaux distributeurs, DPK (entrant à hauteur de 70 %de son capital) en début d’année. En parallèle de ses points de service sous son enseigne multimarque Eurorepar, il maille encore plus significativement le territoire avec ce très gros distributeur à la tête de 120 points de vente, et également animateur du réseau de réparation DPaschoal, l’une des plus importantes enseignes du pays », détaille le directeur de GiPA Brésil. Stellantis n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’un an plus tôt, il rachetait l’enseigne BR Auto ! De la même manière qu’il entrait à hauteur de 90 % au capital de Norauto sur le marché voisin, en Argentine…
Et s’ils renforcent leur empreinte géographique, ils étoffent également leur offre de pièces en introduisant leur seconde ligne : « Motrio chez Renault, gamme economy line chez Volkswagen, et ACDelco pour Chevrolet… Ils tentent par ce biais de répondre à la problématique d’un parc vieillissant, ce que ne fait pas – du moins pas encore – la distribution indépendante », note Laurent Guerinaud. Cependant, les constructeurs partent de très loin, les réseaux de marque – s’ils progressent – ne représentant que moins de 10 % du marché de l’aftermarket !
Encore tout à construire
Hormis ce rachat, le marché reste encore très fragmenté. Si les constructeurs et les groupements d’achat internationaux, présents depuis une dizaine d'années, consolident progressivement le marché de la rechange brésilienne, une très grande majorité des acteurs – distributeurs comme réparateurs – restent des indépendants purs. « Les professionnels de l’entretien auto ne sont pas aussi ‘encartés’ qu’en Europe par exemple », confirme Laurent Guerinaud. La volonté de développer les réseaux d’entretien-réparation est d’autant plus forte que le vivier est normé avec 80 000 professionnels de la maintenance (estimation) – dont plus de 50 000 généralistes, le reste se répartissant entre carrossiers, électriciens auto, spécialistes géométrie et parallélisme ou encore lubrification et lavage de véhicules. Sans même compter les plus de 10 000 magasins de pneus et autres stations-service…
Ce réseau dense de professionnels souffre toutefois toujours d’une problématique de gestion des stocks : si les gros jonglent ainsi avec plusieurs fournisseurs pour trouver la pièce, ils vont parfois jusqu’à recommander à leurs clients de l’acheter eux-mêmes, ou lorsque ces derniers ne trouvent pas la pièce moins chère ailleurs. Résultat : le Brésil est un pays où le ‘buy and fit’ est très répandu.
Pour consolider l’ensemble, les ATR, GAUI, Nexus s’attachent donc dans un premier temps à prendre pied au niveau de la distribution de pièces sur cet immense territoire où aucun acteur ne peut, à date, revendiquer une dimension réellement nationale. La consolidation prendra du temps, mais la vague de fond est d’ores et déjà en mouvement.