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C. Cham (Fiev) : "La compétitivité reste fondamentale dans une économie ouverte"

Caroline Ridet
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CHAM Claude EA22

La « mère des batailles », pour Emmanuel Macron, la réindustralisation réengagée en 2017 marque des points, mais restent encore des obstacles à lever pour que les ouvertures d’usines accélèrent le rythme. Et c’est bien sur la transition écologique et la mutation de l’industrie automobile que le gouvernement compte pour renverser la vapeur. La France industrielle va-t-elle réussir à recharger ses batteries ?  En fin connaisseur du monde industriel de l'écosystème automobile, le président de la Fiev nous donne sa vision "d'optimiste, raisonnable et rationnel" de ce grand défi français. 

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La réindustrialisation, un combat à porter ?

Claude Cham : Rependre le flambeau de l’industrialisation est une excellente chose. Je n’ai jamais com- pris le concept d’une France sans usine ! Je souscris donc tout à fait à cette volonté politique et salue les efforts des pouvoirs publics. D’autant qu’aujourd’hui revient sur le devant de la scène l’enjeu de souveraineté que la crise Covid a remis en avant. Mais quelle peut-être la place de la France dans une économie qui restera mondialisée, quoi qu’on en pense ? Il faut bien définir les axes de notre futur industriel. Car penser refaire pour l’avenir ce que l’on faisait dans le passé est une erreur.

Quels axes ?

C. C. : En premier lieu, l’énergie. Nous ne devons pas lâcher l’avantage compétitif de notre électricité issue du nucléaire, moins onéreuse et décarbonée. Sur ce thème, la question de la fabrication des batteries pour véhicules électriques relocalisée est un enjeu d’importance. Bien que nous restions encore très largement dépendants des matières premières chinoises. Ensuite, la transition énergétique doit permettre de faire revenir les industriels sur notre sol, afin de réduire leur empreinte carbone. Se relocaliser signifie moderniser profondément ses process avec la robotisation. Et sur ce thème, la France est très en retard sur ces concurrents. Or c’est un levier essentiel pour gagner en productivité et donc en rentabilité. Enfin, nous devons intégrer la notion de l’industrie de la connaissance, c’est-à-dire l’industrie de la donnée.

Les sous-traitants pourraient-ils être happés par des constructeurs relocalisés ?

C. C. : Certainement, dans le cadre de la démarche industrielle du “just in time” encourageant les fournisseurs à se localiser près de leurs clients constructeurs. Mais ces industriels ne vont pas quitter les pays ouverts à la mobilité. Et l’Europe, avec ses marchés matures, ne rentre pas dans cette définition. Ensuite, il faut attirer ces groupes mondiaux. Et notre programme “France 2030” n’a pas le même ordre de grandeur de soutien que le programme IRA aux États-Unis ! Ces groupes mettent en balance une série de facteurs comme les infrastructures – la France a des atouts évidents – mais aussi la fiscalité, et la taxe sur la production est clairement l’une de ses grandes faiblesses. Je ne suis pas sûr que la baisse de ces impôts engagée par le gouvernement suffise à faire la différence. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir dans cette compétition qui restera internationale face à nos concurrents qui avancent rapidement.

Pessimiste alors sur une possible réindustrialisation hexagonale ?

C. C. : Non, car je suis un optimiste, néanmoins raisonnable et rationnel ! Les défis à relever sont énormes ! Et malgré des aménagements liés à la recherche du retour à la souveraineté, l’économie va rester ouverte, multi-polaire, interdépendante. Dans ce paysage, la compétitivité restera un facteur fondamental de réussite de la réindustrialisation. Si les autorités politiques veulent apporter un soutien au développement industriel du pays, il faut investir et il faudra que l’État les accompagne dans le cadre d’un partenariat public-privé. Mais il faudra aussi que la France se désendette pour se donner les moyens de cette ambition très louable.

Caroline Ridet
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