La Chine adepte du “Test and Learn“
Depuis 2023, la Chine est devenue le PREMIER exportateur de véhicules – devant le Japon – avec 4,9 millions de véhicules, dont 1 million pour SAIC (marques MG, Maxus). La taille du marché chinois englobe celui de l’Amérique du Nord et de l’Europe !
Le pays a vendu 30,16 millions de véhicules dont 31% de nouveaux véhicules énergétiques*, et 85 % des parts de marché domestiques sont tenues par les constructeurs locaux dont BYD, SAIC, FAW, Geely et Chang’an. La pénétration de Volkswagen pourtant leader en Chine pendant des décennies, est descendue à environ 10%...
*Véhicules électriques à batterie, hybrides rechargeables et véhicules à pile à combustible.
Un marché sous perfusion de l’Etat
L’État chinois a infusé 66 Md€ de subventions. Si les équipementiers de rang 1 dominent encore le marché (en joint-venture), les fournisseurs chinois comme BHAP, CATL et HASCO toquent à la porte. Enfin, la politique de l’État, qui encourage le partage de modules entre constructeurs, permet à ces derniers de bénéficier d’économies d’échelle qui leur assurent un coût de revient aujourd’hui très inférieur aux constructeurs européens. L’électrique a rebattu les cartes par sa facilité de conception et d’assemblage et réunit aujourd’hui des acteurs issus de l’automobile, des batteries, du digital, de la tech…qui ont tous des ressources financières abyssales. Les véhicules fabriqués en Chine sont passés de 2 % du marché européen en 2020 à 14 % aujourd’hui. « Les constructeurs chinois essaient de s’imposer via la technologie, d’abord côté batteries mais aussi côté digital et connectivité. D’où leur choix de faire de l’habitacle un véritable univers de loisirs. La suite est déjà programmée : l’État chinois a pour projet de devenir le principal acteur de l’espace aérien entre 100 et 500 mètres d’altitude, que ce soit par les drones, les voitures volantes ou les avions électriques », indiquait Jérémie Ni (managing director de ChinForm), lord du dernier IBIS Global Summit.
Tout reste à faire pour l’après-vente
En après-vente, les Chinois ont cette culture du “Test and Learn“. Les constructeurs déploient leurs véhicules neufs avant d’avoir mis en place l’infrastructure nécessaire pour le service après-vente. La sortie de jeu de marques électriques éphémères si les ventes ne décollent pas – créant des cimetières de véhicules électriques sur parc – ne coûte rien et l'investissement aura été contenu. « Les véhicules électriques vivent le paradoxe de disposer d’un maillage après-vente moins dense que les thermiques, avec des ateliers surtout disponibles dans les 20 % des villes rassemblant 80 % de la population et à 50 minutes de trajet en moyenne, contre 15 minutes en Europe en général et en France en particulier. D’où une nécessité plus forte de recourir à des ateliers agréés avec l’extension de garantie du véhicule souvent à cinq ans et des batteries à huit ans », note Serge Cometti (consultant). Un secteur de l’aftermarket encore fragmenté que pointait le cabinet China Insights Consultancy qui estimait d’ici 2030 un marché à 244 Md$. Électrisant…