Défaillances : rattrapage rattrapé pour les entreprises auto

Caroline Ridet
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DÉFAILLANCES ENTREPRISES 2024 BPCE

Sans surprise, 2024 se ferme sur le pire bilan en termes de décrochage des TPE-PME depuis 2010. Si, en moyenne, à peine 37 % des défaillances évitées par le « quoi qu’il en coûte » se sont concrétisées ces deux dernières années, certains secteurs sont d’ores et déjà en situation de « sur-défaut ». L’activité automobile n’en est plus loin ! 

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DÉFAILLANCES ENTREPRISES tableau nbre AUTO 2024 BPCE

Contraintes d’offres avec la transition technologique déstabilisante, durcissement des normes environnementales, concurrence des véhicules chinois qui, à défaut de capter encore une grosses part de marché, dépositionnent les modèles « historiques » aux yeux de consommateurs refroidis par des tarifs VN à + 15 % et contraints économiquement comme psychologiquement par une ambiance géopolitique peu engageante… Pas une surprise donc de voir une filière auto – concessionnaires comme ateliers – afficher un niveau historique de défauts avec un total de 2764 défaillances sur 2024, soit + 16 % vs 2023 et même + 30 % comparé à la période d’avant trêve du « quoi qu’il en coûte » de 2019.  

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BPCE DEF AUTO PAR type

Les données de BPCE L’Observatoire mettent également en évidence que si les liquidations pures et simples se sont amplifiées de 14 % en 2024 par rapport à 2023, elles restent encore inférieures de 33 % vs 2019, et cela tout en représentant le plus grand nombre de cas des dossiers de défaillances sur le secteur. 

En zoomant, on note une meilleure résistance des ateliers, dont le nombre de défaillances 2024 est en hausse de 9 % vs 2023 (+ 26 % vs 2019), tandis que les entreprises « commerce et vente » affichent un inquiétant + 21 % (+ 33 % vs 2019). Là encore, la résilience des ateliers de maintenance d’un parc vieillissant joue son rôle d’amortisseurs. « Mais attention, les plus petites entreprises (+ 31 % de défaillances vs 2019) du secteur s’avèrent plus fragiles que les PME (+ 14 %), qui avaient apuré le bénéfice post-covid en 2023. Et cette tendance tend à s’amplifier sur le 4e trimestre », prévient Julien Laugier, économiste du Groupe BPCE.

66 000 défaillances en 2024 au global

De fait, le secteur auto affiche un niveau d’évolution des défaillances deux points au-dessus de l’ensemble des TPE-PME françaises. Le bilan encore provisoire de BPCE L’Observatoire annonce 66 422 entreprises ayant fait défaut l’an passé, soit + 28 % comparé à 2019. « On note cependant que l’on n’a rattrapé que 37 % des 53 500 défaillances évitées de 2020 à 2022 », précise Alain Tourdjman, directeur des études économiques du Groupe BPCE. Avec toujours une alerte sur les PME et ETI qui finalement ont été « peu » sauvés après l’arrêt des aides, qui conservent des niveaux de défaillances très élevés. 

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DÉFAILLANCES ENTREPRISES tableu par taille 2024 BPCE
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DÉFAILLANCES Profils ENTREPRISES 2024 BPCE
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Name DÉFAILLANCES ENTREPRISES par régions 2024 BPCE

Fragilité continue sur 2025

Cette année la situation ne devrait pas se stabiliser. Une demande qui va rester atone (+ 1 % de croissance anticipée) et des destructions de 40 000 emplois projetées par la Banque de France et des aléas extérieurs (géopolitiques et commerciaux) ne devraient pas permettre d’apaiser l’ambiance ! « Etn notamment, devrait contribuer à fragiliser les petites structures qui ont mieux résisté que les PME ces deux dernières années. On s’attend à un retournement de tendance sur les TPE sous l’effet de la fin des échéances de remboursement des derniers PGE, de la normalisation des assignations de l’Urssaf – débouchant aujourd’hui sur 17 % des liquidations contre à peine 7 % en 2023 », analyse Alain Tourdjman. 

Dans ce contexte, pour 2025 BPCE L’Observatoire pronostique 68 000 défauts (+ 2 % vs 2024) avec à la clé prés de 240 000 emplois menacés (contre 260 000 en 2024). « Toujours une marée haute, mais pas un tsunami », relativise-t-on chez BPCE, avec en ligne de mire l’espoir d’une décrue en 2026. 

Caroline Ridet
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