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Dynamique des marchés MEA : à chacun son rythme
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Moyen-Orient, Afrique et Maghreb : trois régions pour trois marchés très différents. Un vaste espace de business qui ouvre des opportunités aux acteurs de l’après-vente… car tout est encore à construire avec des parcs en croissance et un écosystème d’entretien en devenir.
Le marché des pièces détachées automobiles au Moyen-Orient et en Afrique a été estimé à 40 Md$ en 2023 et devrait atteindre une valeur de 69 Md$ d'ici 2030, selon le cabinet Virtue Market Research. Sur ce total, la pièce de rechange pèse 60 %, dont 40 % des ventes sont assurées pour les réseaux de constructeurs. En 2023, on estimait que la région MEA représentait 12,3 % du marché mondial des pièces détachées. Un marché élevé au statut de potentiel levier de croissance pour nombre d’acteurs, du fait de parcs en augmentation, de conditions climatiques appelant de la maintenance et donc des pièces (pneumatiques, batteries, suspension…). Mais cette région est vaste est disparate, nécessitant des stratégies très ciblées et pas toujours volumiques.
Afrique : un marché à construire
« Ce continent est particulièrement fragmenté, avec de nombreux pays qu’il faut approcher les uns après les autres et des besoins et cultures propres. C’est donc très compliqué. De plus, hormis, l’Afrique du Sud et du Nord, les constructeurs y sont peu implantés, or cela est souvent la force motrice de l’implantation de la chaîne d’approvisionnement », explique Warren Espinoza, CEO d’ATR International. Hors la locomotive Afrique du Sud, l’écosystème automobile (vente et après-vente) reste à construire, marché par marché, sur ce continent aux 52 pays. Constructeurs, ITG et même équipementiers commencent à sérieusement s’intéresser à ces marchés, certes petits individuellement et compliqués, en tant que potentiel levier de croissance. Ainsi, Nexus IAMaga a lancé le projet Africa Feeder visant à transformer les échanges commerciaux et les pratiques du secteur. Au programme : lutter contre la contrefaçon, simplifier l’approvisionnement, réduire les barrières commerciales, optimiser les données, etc. Les observateurs portent également attention au potentiel développement attendu du Ghana et de la Côte d’Ivoire, deux petits marchés (300 M€ de CA aftermarket pour chacun) mais dont les importations de véhicules (voitures particulières et poids lourds) ont progressé de 10 % en moyenne par an ces six dernières années, avec des importations de pièces détachées qui suivent la même tendance.
Maghreb : ça coince en Algérie
Fermeture des importations puis réouverture mai 2023 via Algex, un organisme de régulation de l’import-export qui fournit des laissez-passer aux exportateurs (hors les Français jusqu’à nouvel ordre blacklistés). Un marché assaini mais asséché. Et si Algex cadre les importations, des blocages administratifs à répétition continuent de perturber la chaîne logistique. Dans ces conditions, il n’est pas facile d’importer des pièces pour les groupes de distribution locaux, qui pour certains ont perdu jusqu’à 40 % de leur CA ! Le pari de l’Etat algérien : encourager le « Made in Algérie » avec le lancement de productions locales. La situation reste donc tendue en Algérie, un marché à près de 2 Md€ de business aftermarket, soit le 2e marché le plus important d’Afrique (à égalité avec l’Egypte), derrière l’Afrique du Sud. À date, la dynamique du Maroc (1 Md€ de business aftermarket) et dans une moindre mesure de la Tunisie (500 M€) ne suffisent pas à relancer la machine « Maghreb » pour les fournisseurs occidentaux.
Forte croissance au Moyen-Orient
L’Arabie Saoudite (49 % du parc), les Émirats arabes unis (24 %) et le Qatar (10 %) dominent le parc roulant au Moyen-Orient, qui rassemble 18,6 millions voitures*. Et on estime entre 0,5 et 2 % le taux de pénétration des véhicules électriques à l’horizon 2025. En 2024, le revenu lié à l’aftermarket est évalué à 12 Md$ (vs 7 Md$ en 2020), avec un panier pièces représentant près de 60 % du total après-vente. Autant dire que la dynamique est forte sur les six pays de la région. Si les constructeurs et leurs ateliers sont largement représentés dans les principaux pays du Golfe, commence à se développer un maillage d’ateliers sous enseigne indépendante, pilotés par les groupes d’importation de véhicules afin de traiter les véhicules d’occasion et d’assurer un service à plus bas coût… toujours selon les standards occidentaux. À noter la montée en puissance d’une approche de service de niche, comme celui dédié à l’importante communauté de ressortissants chinois, ou encore à la clientèle féminine.
*Source : étude Frost & Sullivan
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