Etats-Unis : Un pays qui défie toutes les prévisions
Au pays du véhicule sacralisé, rien n’est jamais acquis, encore moins les tendances prévisionnistes aussi anxiogènes qu’enflammées soient-elles, selon les sujets.
Ainsi, contre toute attente, les ventes de véhicules neufs en 2023 se sont maintenues à 7% de croissance (15,7 millions d’unités écoulées), malgré l’inflation et des taux d’intérêt encore hauts. Même avec les mois de grève inédite imposés par le puissant syndicat UAW contre les marques GM, Ford et Stellantis, faisant piler net les usines et provoquant une perte estimée à plusieurs milliards de dollars pour l’économie. À l’inverse, après des années d’ascension vers les sommets, le véhicule d’occasion dévisse jusqu’à atteindre un palier qu’il n’avait pas atteint depuis 2013. Le véhicule électrique manque aussi de souffle sans incitations gouvernementales, seul oxygène capable de relancer la machine. D’après la dernière étude internationale de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile 2024, des États comme le Colorado, l’Illinois, la Louisiane et la Californie offrent de 2000 à 6000$ par véhicule, mais l’incitatif moyen pour les acheteurs de véhicule hybride rechargeable et de full-electric est inférieur à 1000$. Pourtant, 62% des Américains penseraient que le véhicule 100 % électrique remplacera complètement à terme le véhicule thermique ! La voie est royale mais il faut laisser le temps au temps, puisque le cabinet McKinsey estime à 1,5% la part de marché du full-Electric en 2025 (0,5% en 2023 !).
Selon JD Power, 83,4% des ventes sont toujours orientées vers des moteurs thermiques, puis viennent les hybrides (7,6%), les électriques (7,2%) et les hybrides rechargeables (1,8%). Après trois années effervescentes post-Covid, la reprise économique risque d’être étouffée par une fièvre inflationniste encore trop présente et des taux d’intérêt encore trop élevés. Le budget d’un Américain moyen est compressé. Il rembourse déjà en moyenne 725$ par mois son prêt pour son véhicule (+75$ vs 2022), priorisant ses dépenses.
La rechange indépendante au sommet de l’aftermarket
La part des consommateurs ayant retardé leur entretien sur leur véhicule a augmenté de presque 22 % rien qu’en 2023. Une manne pour l’aftermarket sur un chemin pavé de business: selon l’AAA, les dépenses moyennes globales de réparation sont de 800$ par an (67$ par mois). De quoi encore consolider les bases déjà bien ancrées des quatre leaders de la pièce que sont :
AutoZone (+7,4% à 17,4 Md$ en 2023) régnant sur 6900 points de distribution,
O’Reilly (14,4 Md$ en 2022) via 5900 points de vente répartis aux États-Unis et au Mexique,
GPC Automotive (ventes mondiales hors industrie à +9 % en 2022, soit 13,6 Md$) sur 10 000 points de vente,
Advance Auto Parts (11,3Md$deCAen2023).
« Les conducteurs conservent leur véhicule plus longtemps. Le nombre d’entrées atelier a atteint 2,5 par véhicule et par an car le nombre de kilomètres parcourus a augmenté de 4 % et l’âge moyen des voitures atteint désormais les 12,5 ans, soit trois mois de plus qu’en 2022 », observe Alexander Gruzdev, consultant. C’est un record aux États-Unis, ajouté au fait que 42% du parc roulant dépasse ces 12 ans ! C’est bien là que l’aftermarket montre sa résilience absolue en atteignant un chiffre d’affaires record de presque 390 Md$ en 2023 (+8%), sur un secteur où la puissance des indépendants et des retailers – avec un nombre incalculable de marques privées – n’est plus à prouver et où le “do it for me” truste 80 % du marché de la réparation.