La FNA alerte sur l’IA générative dans la réparation

Parce que les premiers à adopter l’intelligence artificielle générative dans la filière aval de l’automobile sont les acteurs de la gestion de sinistres et, en premier lieu, les assureurs, la FNA s’inquiète de l’usage qu’ils en font. En effet, l’organisation professionnelle regrette que cette nouvelle technologie, base des différentes IA métier disponibles dans le secteur, puisse se révéler anticoncurrentielle pour les ateliers non agréés. « Les assurances et experts automobiles missionnés par elles ont mis en place des IA appliquées qui permettent de déterminer le coût de la réparation sur une zone déterminée. Les IA en question ont analysé les données chiffrées des sinistres automobiles ces dernières années », affirme la FNA. Et ce, dans le but principal de réduire encore le coût moyen sinistre.

De manière opérationnelle, pour la FNA, « cela a eu pour conséquence une modification des contrats des assurés indemnisés selon "les meilleures conditions économiques locales" et pour les carrossiers, un durcissement des rapports avec les experts automobiles, lorsque ce dernier est missionné. Les éléments chiffrés propres à une réparation en carrosserie (taux horaire, prix des pièces, temps passé), sont présentés comme "une vérité". » Résultat, selon l’organisation professionnelle : les carrossiers non agréés et concurrents des agréés du même secteur se verraient pénalisés. Et leur client automobiliste, débiteur d’un reste à charge plus important que s’il avait accepté l’orientation de son assureur. Sauf si le réparateur accepte de diminuer son taux horaire public pour conserver son client, réduisant par-là même sa rentabilité et nuisant à son obligation de résultat.

« La prévention de la sécurité routière requiert une énergie entièrement mise à profit pour éviter les accidents/pannes, et toute la programmation de l’IA générative doit donc tendre à concilier la précision du geste pour obtenir une réparation de qualité, avec le temps nécessaire pour l’exécuter et le coût réel pour y parvenir. L'IA reste une aide à la décision et c'est pourquoi il est primordial de replacer l'humain au cœur de sa maîtrise », déclare Marie-Françoise Berrodier, présidente de la branche Carrosserie à la FNA. Appelant à aller plus loin que l’IA Act européen, qui n’évalue pas l’impact de l’IA sur le respect des règles du droit de la concurrence ou des assurances au niveau des TPE/PME que sont les entreprises de réparation, la FNA a apporté plusieurs réponses à la consultation menée par l’Autorité de la concurrence au sujet de l’IA générative entre début février et le 22 mars dernier.

L’organisation professionnelle formule en effet plusieurs recommandations afin « de favoriser une concurrence saine et loyale » à l’heure de l’IA. Outre rappeler l’importance capitale de la qualité des données, de leur pertinence et de leur mise à jour constante, la FNA insiste sur l’implication des utilisateurs – dont les réparateurs – dans la conception des algorithmes de l’IA générative. « De leur expertise combinée naîtront des évaluations plus précises », plaide le syndicat. Qui réclame également plus la transparence des algorithmes et l’explicabilité des modèles de l’IA générative, car son efficacité « repose sur des algorithmes transparents, qui permettent aux professionnels de l’automobile de comprendre comment l’outil réagit en situation réelle et de signaler des anomalies ». Et qu’elle s’accompagne d’un véritable contrôle qualité via des audits réguliers de ses performances par rapport aux résultats réels des réparations et des opérations de dépannage-remorquage.

Par ailleurs, la FNA souhaite que l’IA générative s’accompagne d’un apprentissage continu de la part des professionnels de la réparation et qu’elle soit soumise à des règles de gouvernance. En outre, l’organisation professionnelle souhaite que les systèmes de l’IA générative soient adaptables à différentes structures, activités et flux de travail, et personnalisables à chaque réparateur. Le syndicat espère également qu’une dimension éthique soit appliquée à l’IA générative pour que la sécurité routière ne soit pas compromise. Et que l’accès aux données soit ouvert pour en faire une filière dynamique à laquelle chaque entreprise pourra contribuer. Enfin, la FNA réclame de l’Autorité de la concurrence qu’elle adopte une approche d’intervention et de médiation. « Comme celle reconnue par le Règlement (UE) 2022/1925 du 14.09.2022, relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, afin d’éviter des contentieux longs et coûteux à des PME et des entrepreneurs, qui risquent d’être évincés du marché avant l’issue de la procédure. »