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Véhicules électriques : des automobilistes dans le brouillard

Jérémie Morvan
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Peugeot VE

Si l’automobile reste synonyme de mobilité et de liberté partout dans le monde, elle est aujourd’hui à un tournant de son histoire.

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À la transition énergétique qu’elle subit – synonyme de multiplication de l’offre – s’ajoutent des réglementations toujours plus contraignantes, tant en termes d’émissions polluantes que de restrictions de circulation. Elle doit également composer avec un contexte, hier sanitaire et depuis près de deux ans géopolitique, qui impacte durement l’économie mondiale. Avec pour premier effet une inflation généralisée. Le précédent observatoire Cetelem titrait à cet égard « Très chère automobile »… De quoi laisser perplexe plus d’un automobiliste à l’heure de l’achat d’un véhicule !

Il se retrouve en effet dans le brouillard, à lire le dernier Observatoire Cetelem 2024. Sur la base des avis de 15 000 consommateurs de seize pays interrogés*, celui-ci met en lumières leurs doutes quant à l’acquisition d’un véhicule. Des automobilistes qui, s’ils continuent de plébisciter ce type de mobilité, sont aujourd’hui en « perte de repères », note l’organisme de crédit : entre cadres réglementaires et techniques brumeux, technologies souvent opaques pour des néophytes, il y a urgence à attendre en matière d’achat. Ce qui n’est pas bon pour les constructeurs… Un point positif tout de même : ces remises en question quant à l’achat ou non d’un nouveau véhicule favorisent le vieillissement du parc roulant. Une bonne nouvelle pour les acteurs de l’après-vente !

* Étude menée en ligne du 28 juin au 17 juillet par l’institut Harris Interactive auprès d’un panel de 15000 personnes issues des principaux marchés européens ainsi que le Royaume-Uni, la Turquie, les États-Unis, le Mexique, la Chine et le Japon.

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Achat : une décision difficile

Dans ce contexte inflationniste, décider de l’achat d’un véhicule n’est pas sans poser de problème. C’est le cas pour 6 personnes interrogées sur 10. Ce choix s’avère parfois même très difficile, à l’exemple des automobilistes turcs ou portugais, qui l’estiment respectivement à 77 et 73%. À l’autre bout du spectre, seuls 26% des Chinois déclarent qu’il s’agit d’une décision difficile. Dans une moindre mesure, suivent les automobilistes américains (42%), norvégiens (47%) et britanniques (48%).

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Très cher entretien

Déjà l’an dernier, le coût d’un véhicule (achat et usage) apparaissait trop élevé pour 60% des répondants. L’Observatoire note cette année encore un fort sentiment d’augmentation et ce, sur tous les postes liés à l’automobile. C’est l’énergie qui semble avoir le plus augmenté : carburants (86% des répondants) et électricité (85%) arrivent aux deux premières places des postes ayant le plus augmenté. Et sur la troisième marche du podium s’invite l’entretien (75%), devançant le prix des voitures neuves ! Les automobilistes sont en outre nombreux à craindre que ce poste continue d’augmenter dans les cinq ans à venir (78%). Faire rouler un véhicule leur apparaît coûter plus cher encore que de l’acquérir…

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Un mix énergétique plus complexe

Cette difficulté s’explique également par un certain flou en matière d’information à destination des automobilistes, à commencer par la multiplication des différentes motorisations rencontrées aujourd’hui sur les véhicules. Si en treize ans les ventes ont augmenté de 20%, le mix énergétique a été complètement chamboulé avec l’arrivée des véhicules hybrides, micro-hybrides, hybrides rechargeables, électriques, voire à hydrogène. De quoi faire perdre près de 25 points de parts de marché pour le tandem essence / diesel…

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Opacité des informations

Ce déficit d’information exprimé par les automobilistes se retrouve également en matière de prix, des marques d’automobiles et de la réglementation. Une personne sur deux indique en premier lieu un manque d’information concernant les nouvelles réglementations à propos des motorisations et de la circulation. Un flou particulièrement ressenti au Japon (77% des répondants) ainsi qu’en Norvège (60%). En deuxième position, l’information sur les nouvelles marques peine à convaincre 48% des personnes interrogées (et jusqu’à 75% au Japon). Dans une même proportion, les automobilistes jugent ne pas avoir en main toutes les données nécessaires au sujet de l’évolution des prix (45%). Et si les informations concernant les technologies semblent quant à elles moins mal transmises, ce sont tout de même 4 personnes sur 10 qui s’estiment mal informées en la matière…

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ZFE : le flou artistique

Quant aux cadres réglementaires liés aux restrictions de circulation, le brouillard s’avère plus dense encore. Des cadres au mieux complexes, au pire à géométrie variable. De « vrais caméléons réglementaires », note l’Observatoire Cetelem ! Et si plus de 6 personnes sur 10 déclarent connaître leur existence, seulement un tiers sait précisément ce dont il s’agit ! Une proportion équivalente à celle avouant en ignorer le contenu… De même, si 66% des personnes interrogées pensent que c’est une bonne mesure, il faut se rendre dans les pays où les ZFE (zones à faibles émissions) sont les plus implantées, et depuis longtemps, pour trouver une forte proportion de réfractaires (Belgique, France, Italie). Enfin, pour 80% des sondés, ce type de mesures apparaît injuste vis-à-vis des ménages les plus modestes…

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Véhicule électrique : réel Eldorado ?

L’Observatoire Cetelem note cette année que, pour la première fois, les véhicules électriques arrivent en tête des intentions d’achat, avec 32% pour les seize pays étudiés (et 65% pour les Chinois !). Si l’on y ajoute les intentions d’achat de véhicules hybrides – rechargeables ou non –, on assiste « à une véritable bascule du marché », note l’Observatoire Cetelem ! La percée de l’électrique est donc notable, d’autant que plus de la moitié des répondants considèrent que le VE va à terme remplacer le véhicule thermique, avec certes d’importantes disparités d’un pays à l’autre : si les Turcs et les Mexicains semblent convaincus, Belges et Autrichiens se montrent beaucoup plus réservés ! Mais le moteur à combustion interne fait de la résistance avec des taux à peine inférieurs. Car tout de même une personne sur deux ne veut pas passer à l’électrique, jugé trop cher (+ 30 % par rapport à un modèle thermique équivalent). Le coût futur de l’électricité, l’autonomie, la capacité de recharge alimentent également les doutes. Seulement 54 % des sondés sur les seize pays (et 50 % en Europe) considèrent que les véhicules électriques vont complètement remplacer à terme les véhicules thermiques. Un scepticisme tenace vis-à-vis de l’eldorado annoncé.

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Les néoconstructeurs chinois : une image à construire

Autre infographie intéressante : à l’heure de la transition écologique, les nouveaux constructeurs chinois – champions du véhicule électrique – sortent de leur marché domestique et affichent aujourd’hui des ambitions mondiales. Pour autant, quelle perception en ont les consommateurs ? Si, antériorité historique oblige, les constructeurs du Vieux Continent (90 % d’avis favorables), les Japonais (82 %) et les Américains (73 %) jouissent d’une belle image, ce n’est pas (encore ?) le cas pour ceux venant de l’Empire du Milieu : moins d’une personne interrogée sur deux déclare avoir une bonne opinion des marques chinoises (48 % en moyenne sur les seize pays analysés). C’est particulièrement le cas au Japon, avec 18 % seulement d’avis favorables, mais aussi en France (39%).

Jérémie Morvan
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