[Atlas Europe] Parts Holding Europe : Garder le cap pour 2021

Caroline Ridet
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Consolidation annoncée de vos positions en 2020. Quid de 2021 ?

Jérémy de Brabant : En2020, Doyen a acquis en Belgique AD Autoparts et Autovak. Via son partenaire AD Bosch, PHE a repris une partie des affaires d’EUMA en Catalogne. Autodistribution Poids Lourds a complété son réseau en France par l’acquisition d’un site de distribution dans le Doubs.

Stéphane Antiglio : Début septembre, nous envisagions un retour à la normale. La deuxième vague nous a montré que nous n’étions pas sortis de la crise, sans savoir combien de temps elle allait durer. Cela fait peser des aléas sur nos activités et nous a incités à geler certains de nos projets de croissance externe.

Quel est l’impact de la crise Covid sur les marchés où PHE est présent ?

S. A. : France, Italie, Espagne et Belgique ont été très impactées par la crise Covid. Les Pays-Bas ont été un peu plus épargnés.

Quid des ruptures de stock des équipementiers ?

J. de B. : Dès le début 2020 avec l’apparition des premiers cas de Covid-19 en Chine, PHE a décidé de gonfler les stocks dans l’ensemble des pays afin d’apporter la même réponse aux besoins des clients. Pour la deuxième vague, les problèmes antérieurs n’étaient pas encore totalement résolus. Nous avons donc gardé des niveaux de stock très élevés.

S. A. : Confronté à une telle crise, le financier qui parle parfois en nous aurait incité à réduire nos stocks. Mais le commerçant que nous sommes au contraire poussé à les maintenir à des niveaux élevés. PHE a voulu se positionner pour soutenir sa clientèle qui allait être durement impactée.

La crise ne va-t-elle pas accélérer la concentration ?

S. A. : Cela peut se faire de deux façons. Des affaires à vendre pourront être des opportunités à saisir. Mais pour certaines structures qui présentaient déjà des mauvais fondamentaux, la crise pourrait porter le coup de grâce, sans acheteur intéressé. En effet, quand nous faisons une acquisition, nous évaluons la capacité de l’entreprise reprise à être solide économiquement. En faisant disparaître certains acteurs, la crise va apporter de la rationalisation au marché. Les acteurs en place développeront alors leur croissance organique.

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Quel atterrissage 2020 ?

J.de B.: Il y a deux mois, nous espérions finir sur un niveau de business proche de 2019 [N.D.L.R. : 1,9 Md€ de CA consolidé]. Après le deuxième confinement, nous manquons de visibilité sur novembre et décembre.

Où en êtes-vous des synergies de groupe à l’échelle européenne ?

J. de B. : Nous y travaillons en permanence. Nous avons accéléré sur le développement de nos marques Autodistribution et AD au Benelux. Globalement, PHE fédère dans le respect des marchés locaux, sans ambition d’uniformité. Nous sommes sur un modèle de gouvernance très décentralisé.

Pensez-vous dupliquer votre dispositif digital très actif en France sur vos autres marchés ?

J. de B. : Au sein du groupe, nous sommes les plus avancés sur la France et la Belgique. En France, notre plateforme digitale de commande, Autossimo, a connu une progression à deux chiffres sur un marché négatif. C’est le fruit de plus de dix ans de construction amplifié par les effets de la crise. En Belgique, Doyen a d’excellents outils d’interface, notamment Salto.

S. A. : Nos collègues espagnols ont déjà des solutions développées avec Grup Eina (co-actionnariat PHE/AD Parts). L’approche digitale en Espagne n’est pas aussi mature que la nôtre en France mais nous travaillons ensemble pour pousser son développement. Concernant l’Italie, nous ne servons pas les garages mais les « recambistis ». Leurs commandes sont principalement digitalisées avec des outils plus simples qui sont aujourd’hui suffisants.

Pensez-vous que l’électrification du parc européen puisse fragiliser la rechange indépendante ?

J. de B. : L’impact de cette future évolution du marché, considéré comme négatif pour la rechange indépendante, se fera sentir à l’horizon quinze ans et sera faible. Il faut également regarder l’opportunité d’un parc qui ne va pas voir disparaître les véhicules thermiques, mais s’enrichir des versions électriques. Aujourd’hui, nous ne sommes pas prêts à absorber des grands volumes, mais nous avons du temps devant nous. Nous serons prêts le moment venu. Aujourd’hui, nous avons d’autres enjeux plus immédiats : Adas, éco-entretien... Ce sont des vrais sujets, avec un impact positif pour nous. Autre élément conjoncturel positif : le dynamisme du marché de la voiture d’occasion et le vieillissement du parc généré par une réalité économique tendue. Les tarifs des véhicules électriques, même primés, ne sont pas en phase avec cette réalité. L’évolution du parc est actuellement plus une opportunité qu’une menace pour l’IAM.

S. A. : On ne connaît aujourd’hui que des véhicules électriques relativement neufs, dont l’entretien est limité. Mais ils n’échapperont pas à l’outrage du temps. Un véhicule électrique n’est pas un smartphone que l’on change tous les cinq ans. Il faudra donc toujours l’entretenir, vérifier qu’il présente toujours un degré de sécurité optimal, le réparer... L’après-vente a montré qu’elle savait s’adapter aux nouvelles technologies. Pour nous, distributeurs, cela va poser sur la table une équation plus complexe : enrichir un assortiment déjà largement gonflé par la multiplication des marques et des modèles. Nous devrons être capables de couvrir plusieurs technologies. Cela milite aussi en faveur de la concentration dans l’IAM.

Caroline Ridet

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