Zepros : Comment évolue Temot International ?
Fotios Katsardis : Ironiquement, Temot était la principale cible des fusions et acquisitions. Van Heck, PV Automotive, Trost, Doyen, Unipart, Andrew Page, OVAM… La société a été obligée d’ajuster sa stratégie en abandonnant l’ancien modèle de « club fermé », son orientation exclusivement européenne et l’axe unique VP. Nous avons donc changé, gagné d’autres continents et intégrer le secteur des poids lourds. Fin 2018, nous compterons 76 actionnaires (contre 35 en 2014) dans 80 pays et la division poids lourds rassemble 46 actionnaires (presque aucun en 2014). Aujourd’hui, nos 76 actionnaires génèrent 10,7 Md€ de CA, dont 50 % en Europe. Nous clôturerons l’année avec une croissance de 10 %. Sur l’Europe, Temot a fait de grands progrès en étant plus homogène en termes d’achats, de solutions d’approvisionnement, de supports garage, avec une gestion de données intelligente et des solutions informatiques.
L’avenir ne se joue-t-il plus en Europe ?F. K. : Adhérant tous à un groupement, les LKQ, GPC, PHE (ex-Autodis), Intercars, W & M… constituent cependant une ligue à part. C’est formidable pour mes collègues de les avoir dans leur groupe, mais qu’en est-il des petites et moyennes entreprises de ces groupements ? Leurs intérêts sont-ils les mêmes ? Alors que représentons-nous : une collection de bonus ou un réseau de création de valeur pour des intérêts complémentaires ? À ce jour, je ne peux vraiment pas dire quel est l’avenir des groupements européens.
Où en sont les mouvements de concentration ?F. K. : La concentration de la distribution ne s’arrêtera pas tant qu’il n’y aura pas de risques monopolistiques. Aujourd’hui, seule reste la question du degré de concentration du marché, considérant la fragmentation et le potentiel de chaque marché. Benelux, Danemark, Allemagne, Royaume-Uni sont d’ores et déjà concentrés. En revanche, il reste de belles opportunités en France, Italie, Espagne et Pologne. Tant que les trois plus grands groupes ne se partageront pas 60 % du marché européen, les fusions-acquisitions vont se poursuivre. Et ensuite, même à ce niveau, ils commenceront à changer de main. En face, pour rester compétitifs en équipements d’origine, les équipementiers sont poussés à la consolidation. Leurs anciennes positions oligopolistiques sont attaquées par de nouveaux concurrents. Ils doivent être globaux, élargir leur portefeuille de produits, augmenter le niveau des services. Inévitable du point de vue de l’OEM. En revanche, pour l’aftermarket, il faudra du temps pour tirer avantage de la consolidation. Et dans ce paysage, les groupements internationaux sont les plus grands défenseurs des fournisseurs mondiaux.
Comment avance le dossier sur l’accès aux data véhicules ?F. K. : Les constructeurs restent les détenteurs de la clé pour un traitement et des solutions après-vente équitables. Une position très forte qu’ils vont exploiter. Un marché des pièces de rechange puissant nécessite une approche unie et pas vingt-cinq différentes positions. Seul le législateur peut rétablir le déséquilibre actuel. Temot n’est aujourd’hui membre ni de Caruso, ni de Carmunication. Nous sommes encore en phase d’évaluation. Notre défi reste de savoir comment créer de la valeur pour les adhérents dans l’ère digitale.Caroline Ridet