Un business global après-vente à près de 200 Md€, dont les trois quarts en pièce de rechange, soit 142 Md€ (120 Md€ en pièces mécaniques et 22 Md€ en organes de carrosserie) à se partager entre ateliers constructeurs et les 45 000 distributeurs de la rechange indépendante. C’est sur un terrain de jeu de la pièce de rechange à 102 Md€ (ventes en gros en mécanique et carrosserie) que se joue la bataille de l’Europe. Mais quelle Europe ? Car entre les pays matures de l’Ouest où la croissance fluctue à + ou - 2 % chaque année, et ceux de l’Est où beaucoup reste à faire « avec la Pologne en tête de pont », argue Christophe Espine (NTN-SNR), les acteurs doivent apprendre l’agilité. La Russie pourrait également bien finir par être l’Eldorado attendu par les champions de l’IAM. Mais il convient d’accepter les risques inhérents à son instabilité chronique, ce qui plaît peu aux groupes financiers.
En phase avec les ateliers« Les pays de l’Est progressent fortement, mais je note également un rebond en Italie et en Espagne, après quelques années de baisse entre 2014 et 2016. Depuis, ces deux pays sont en reconquête. Si on peut parler de certaines fragilités de leur économie, je ne vois aucun drame se profiler », décrit Éric Schuler (Valeo Service). Pour le Royaume-Uni, en plein Brexit, il est urgent d’attendre car « le marché va s’adapter, il ne disparaîtra pas ». Pour Markus Wittig (ZF Aftermarket), « la question ne se pose pas en termes de pays porteurs ou non. Car sur certains marchés, certaines de vos familles se vendront très bien, et d’autres non. Avoir un bon niveau de pénétration dans un pays nécessite donc d’avoir une offre particulièrement en phase avec les besoins des ateliers. Et les demandes peuvent être sensiblement différentes d’un pays à l’autre. »L’Europe pas si vieilleComme la double présence en IAM et OES permet de compenser les baisses d’activités conjoncturelles de l’un ou l’autre, les fournisseurs partent à la conquête de nouveaux marchés afin de se prémunir des incertitudes européennes. La Chine est dans leur viseur. « Tandis que nous, Européens, cherchons des leviers ailleurs, les Américains – équipementiers et distributeurs – ont fait une percée sur le sol européen pour trouver de nouveaux relais de croissance pouvant contrebalancer les tensions de leur marché domestique. C’est très intéressant de constater que ces acteurs viennent dans la Vieille Europe pour rebondir. Preuve que le Vieux Continent est encore dynamique avec de belles perspectives de croissance », conclut Françoise Blais (Sogefi).Caroline Ridet