[Atlas Europe] Zoom sur la France

Muriel Blancheton
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Acquisition Oscaro et l’Autodistribution sont devenus frère et sœur« Ce rachat met fin à l’hypocrisie du système, avec ceux qui crachaient sur le site mais qui étaient les premiers à le livrer, tout en jetant l’opprobre sur ceux qui ne s’en cachaient pas, avec une politique de prix cohérente ! » Les choses sont dites. C’est le dernier épisode à rebondissement du marché français : le pure-player en cessation de paiement est tombé dans l’escarcelle de Bain Capital, propriétaire d’Autodis. Le fonds avait déjà repris 4,95% du capital avant l’été. Cette fois, sa montée en puissance est de 82,5%. Elle a nécessité la création de Parts Holding Europe (holding chapeau d’Autodis) et d’une filiale digitale, Digital Auto Parts Holding, pour y glisser stratégiquement Oscaro. Ce dernier apporte 8millions de clients pour un CA de 320M€ (2017). Ironie acide de l’histoire dans tous les sens du terme. La distribution traditionnelle sauve la nouvelle économie. « À partir du moment où ACR et Doyen entraient dans le giron d’Audodis, la messe était dite. La question n’était plus que de savoir comment et quand. »
Rendre Oscaro rentablePour Oscaro, l’heure est à la rationalisation des coûts et un accès à une rentabilité jamais atteinte en quinze années d’exercice. Pour PHE, il s’agit de rendre compatible les deux modèles, notamment en termes tarifaires. « La mutualisation et la suppression des doublons entre Oscaro et PHE vont peut-être permettre au site d’être enfin rentable (base de données, chefs de produit…). Le ménage a déjà commencé. Les délais de paiement sont redevenus standards, le site a refait sa trésorerie et a de nouveau une marge de manœuvre », souligne un observateur. Oscaro et les distributeurs Autodistribution se retrouvent dans la même famille, frère et sœur, sans toucher la même typologie de clients, donc n’offrant pas les mêmes conditions. « Nous donnions plus aux distributeurs pour le stock. Pour Oscaro, nous leur livrons la pièce dans le carton, qu’ils n’ont qu’à relivrer. À présent, la donne a changé. Je vois mal les distributeurs ne pas demander de RFA sur la partie Oscaro qui leur appartient. Cela peut devenir compliqué », analyse un équipementier.
À la fois BtoB et BtoC Pour PHE, cette occasion contrainte lui permet cependant une ouverture sur le business digital car en devenant un groupe omnicanal BtoB et BtoC, Parts Holding Europe prend une longueur d’avance sur les autres leaders du marché européen et en première ligne en France Alliance Automotive Group qui vont avoir du mal à faire l’économie d’un pilier e-commerce. Et bien évidemment, cette reprise fait grimper de 320M€ le poids du groupe, qui passe ainsi à 1,7 Md€ et consolide sa place de n° 3 européen derrière LKQ (5,4 Md€) et Alliance Automotive Group qui annonce 2,4 Md€ de facturation pour 2018. De quoi rendre encore plus « bankable » le groupe devenu international et maintenant omnicanal BtoB et BtoC ! Muriel Blancheton

Marché : Un business à 2, 022 Md€

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Le Top 100 des grossistes français a progressé de 4,4 % en 2017 pour dépasser les 2 Md€. Le Top 3 concentre 20 % des ventes globales à lui seul. Les filiales Autodis – devenu PHE suite au rachat d’Oscaro – et AAG enregistrent un CA cumulé de 1,2 Md€. Les 100 premières entreprises totalisent presque
10000 salariés. Consolidation : Accalmie passagère cette année pour les rachats, après une période d’emplettes compulsives. En 2018, les distributeurs ont digéré leurs acquisitions passées pour mieux se remettre en mouvement : Sergeant Est chez Didier Hubert, PAP (Apprau) et Riche Diffusion chez IDLP… L’offre multimarque des cons- tructeurs s’installe: Les 39 plaques françaises Distrigo de PSA font de la place dans leurs stocks pour accueillir les pièces Opel. Le groupe Laurent, deux ans après l’entrée de Renault au capital de sa filiale logis- tique Exadis, change de modèle en cédant une partie de ses 45 magasins en franchise, y compris à ses salariés. Chez Flauraud/PGA, on joue les synergies du «back-office».Pas d’introduction en Bourse pour Autodis : Son investisseur Bain Capital a renoncé à l’apport de « cash » de 350 à ? 400 M€ pour finalement placer le leader français sur le marché des obligations. Cela devait financer sa croissance européenne, mais finalement c’est Oscaro qui est tombé dans son escarcelle.
Parts de marchéAutodis Group et AAG au coude à coudeSur un business rechange évalué à 5,7 Md€ en 2017, les filiales et indépendants d’Autodis rassemblés à présent sous l’entité PHE occuperaient la première place en termes de pdm avec 29% du business pièces de rechange (1,65 Md€), selon ses propres calculs. Groupauto pèserait16%, Précisium 6% et Partner’s 4%. En consolidant, Alliance Automotive Group se placerait dans la roue du n°1 avec 26% de pdm sur une activité évaluée à 1,48 Md€ (1,73 Md€ avec le VI). Enfin, viennent les leaders hexagonaux hors groupements: IDLP et Laurent occuperaient chacun 4 % de pdm et Flauraud 3 %. Au total, ces cinq leaders français cumuleraient 66% de pdm. M.B.

Phygital

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Otop a mis la fièvre au marché françaisNouvel acteur digital disruptif sur le marché de la pièce, Otop veut bousculer les habitudes du réparateur avec une offre 100% digitale et 30% moins chère que les acteurs historiques. Alors que 80% des réparateurs veulent être livrés deux fois par jour, sa différence se joue sur une livraison en J+1 facturée 6,90€, pas de délai de paiement, commandes payées àréception, une référence unique à la commande, un dépôt àOrléans (45), 180 centres de proximité prévus pour livrer 6j/7, retours illimités et gratuits pendant quinze jours. Le tout penséet calibré, entre autres, par d’anciens cadres de Doyen. Objectif:3 % du marché PR. « Quand Oscaro est arrivé, il y a eu très peude réactions dans la distribution. Mais il s’attaquait à 5 ou 10%de notre marché (les particuliers). Là, Otop s’attaque à 90% dela clientèle d’un distributeur! », s’exclame un professionnel dela pièce. « Le grossiste amène une logistique, une livraison… sans forcément facturer. Or, pour le réparateur, ce qui est gratuit n’a pas de prix, donc ces services n’ont pas de valeur. Si en plus le réparateur est prêt à attendre 24 heurespour être livré avec Otop, ça change la donne », s’exclameun autre. Certains distributeurs, à l’image de Pièces&Pneus.com du groupe Ferron, ont déjà ce type de service et le peaufinent. À voir de quelle manière la profession calibrera sa riposte, en attendant qu’un autre disrupteur sorte du bois. Les yeux se tournent vers Amazon…M.B.
Muriel Blancheton
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