[Atlas Europe] Zoom sur l'Espagne

Caroline Ridet
La concentration aux portes du pays
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Des marges qui fondent mais des charges – notamment dues aux fréquences de livraison déraisonnables – qui ne se réduisent pas ? Un cocktail explosif sur un marché de la pièce de rechange 2018 qui se tasse avec une progression estimée à 1,9 % au global, soit + 1,7 % en IAM et + 2,2 % en OEM (source : Infocap). Maintenant mature, le business espagnol reste marqué par son atomisation avec des acteurs affichant de faibles rendements. Pour aller chercher cette rentabilité, qui avait chuté de 30 % pendant la crise, certains ont opté pour la croissance externe, coûteuse mais plus rapide que l’organique. À l’image de Recambios Gaudi qui associe à des rachats de points de vente le renforcement de son dispositif logistique central, l’extension de son maillage par la création de sites en propre et depuis 2018 par le développement d’une franchise. Sauf que ces petits pas ne préfigurent pas encore la constitution de grands groupes financiers espagnols !

L’indépendance perdureEn fait, les distributeurs espagnols semblent préférer les coopérations permettant de mutualiser la puissance d’achat pour gagner en conditions tout en restant indépendant. En créant en 2016 Recambista Ibero, Cecauto et Impormovil ont ouvert la voie. Le dernier rapprochement « commercial » en date est celui des adhérents de Groupauto Union Ibérica, le Catalan Établissements Coll et le groupe andalou Peña. Dans le même groupement, Suvima, Voltamper et Euma sont déjà dans une telle coopération. Reste le cas particulier d’AD Parts Intergroup qui voit PHE (ex-Autodis) être le premier des « Big Three » à entrer (discrètement) en Espagne. Car si LKQ et Alliance Automotive Group/GPC annoncent clairement leur intérêt pour le marché espagnol, ils attendent aux portes du pays que soient constituées des entités significatives – affichant un CA d’au moins 200 M€, a indiqué Jean-Jacques Lafont (AAG)– et disposant d’un maillage national. Et selon Lluís Tarrés, le directeur général du groupe Serca, l’atomisation mais surtout l’absence de cohérence des chiffres publiés par les entreprises potentiellement achetables freinent les consolidateurs. Bonne nouvelle pour les distributeurs souhaitant continuer de grossir tranquillement, moins bonne pour ceux qui se verraient bien absorbés !Caroline Ridet

Le n°3 européen investit l’Espagne avec AD Parts

Consolidation espagnole pour Autodistribution. Après la prise de participation conjointe en octobre 2017 dans le capital de Grup Eina (formation, support technique et gestion de données), PHE (ex-Autodis Group, 1,2 Md€ de CA consolidé 2017) et AD Parts (vingt-sept distributeurs pour 525 points de vente en Espagne et au Portugal générant 725 M€ de CA) passent une nouvelle étape dans leur rapprochement. Ils viennent de créer AD Parts Intergroup. Cette société détenue à 50/50 par les deux entités est co-dirigée par Stéphane Antiglio, président de PHE, et Josep Bosch, président d’AD Parts. Le siège de cette société est situé à Riudellots de la Selva, dans la province de Gérone. Créée au printemps, la structure est dans un premier temps un « réservoir d’idées » avec l’objectif de partager les meilleures pratiques de chacune des entités pour renforcer leurs positions sur leurs marchés respectifs « qui ont des fonctionnements très similaires ». Mais clairement, dans un deuxième temps, Intergroup AD Parts devra passer la vitesse supérieure pour devenir une arme de conquête.

Coopération : Alliance CP Services, l’union autour des achats

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Après près d’un an de collaboration, le groupe Peña et les Établissements Coll ont décidé de créer une coentreprise. Objectif : mutualiser les processus de gestion et d’achat pour regagner la marge perdue du fait de l’intensification de la concurrence. Cette coopération donne un ensemble cumulant un CA de 130 M€ et qui devient un leader espagnol de la distribution multimarque. Les deux groupes rassemblent vingt-neuf sites implantés en Catalogne, Andalousie et au sud de Castilla-La Mancha. Tous deux adhérents au groupement Auto Union Espagne, ils ont voulu cette alliance en bonne intelligence avec les autres membres afin de « renforcer le groupe et non le diviser ». « Nous pouvons être un moteur pour mobiliser d’autres équipementiers partenaires. Nous cherchons à renforcer la concentration des forces, à devenir plus unis, dans les achats, les stratégies commerciales… », décrit Pep Gironès, directeur commercial des Établissements Coll. Une union qui doit faire la force dans un secteur encore très fragmenté et bousculé.

Un partenaire de choixEt quid de la réaction des fournisseurs devant cette montée en puissance conjointe des deux entités ? « Ils ne doivent pas nous voir comme deux entreprises qui s’unissent pour demander plus, mais comme deux entreprises qui s’unissent pour leur offrir la possibilité d’être le meilleur partenaire ou meilleur allié qui, avec notre présence et notre capillarité, va bien pousser leurs produits sur le marché », a rassuré José Luis Montes, directeur général adjoint du groupe Peña. Pas d’angélisme cependant, l’opération consiste bien à concentrer les fournisseurs et à augmenter les volumes, « mais il ne s’agit pas uniquement d’acheter des points. Nous ne cherchons pas des opérations ponctuelles avec les fournisseurs, mais un partenariat avec une vision stratégique pour nous identifier avec les marques qui nous correspondent », complète Pep Gironès. Outre les achats, Alliance CP Services devrait mutualiser les départements marketing, logistique et commercial.
Projet à long termeS’appuyant sur leurs points forts mutuels, les patrons de Coll et Peña veulent développer le business sur les secteurs agricole et industriel. En revanche, les deux entrepreneurs ne semblent pas encore prêts à accueillir d’autres actionnaires dans Alliance CP Services. « Nous devons faire en sorte que le “mariage” aille bien avant tout autre mouvement. Cela implique que nous excluons toute expansion de la société à court terme », assure José Luis Montes. Approche prudente validée par Javier Morral, le DG de Coll. « Ce projet est conçu pour le long terme. Il faut y aller pas à pas et consolider l’Alliance. » Ne pas brûler les étapes au risque d’y laisser ses ailes, sur un marché que tous savent très regardé par les consolidateurs américains et sur lequel il est plus que jamais nécessaire de renforcer ses positions.Article écrit avec l’aide de Miguel Angel Jimeno de Talleres en Communicacion.
Caroline Ridet
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