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[Atlas] TMD Friction : « La pénurie rebat les cartes »

Jean-Marc Pierret
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Une reprise 2021 anticipée par des stocks accrus, une couverture de parc enviable, ont permis à TMD Friction de conclure 2021 par des progressions aftermarket à deux chiffres en véhicules de tourisme, utilitaires légers et poids lourds. Mais la crise, notamment de la supply chain, s’annonce durable, souligne Clément de Valon, vice-président exécutif aftermarket. Avec des effets multiples et parfois inattendus…

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Comment s’annonce l’année 2021 pour l’activité aftermarket de TMD Friction ?

Clément de Valon : L’année s’annonce comme un cru exceptionnel qui nous a même surpris par son ampleur : dans nos prévisions, nous pensions atteindre le niveau de 2019. 2021 va s’achever pour nous sur une progression de plus de 10% en VL et VUL. Le dynamisme du PL est encore plus spectaculaire : notre progression est de 20% par rapport à 2019 !

Quels sont ces facteurs d’accélération ?

C. de V. : Ils sont nombreux. Le rebond du rattrapage de l’entretien-réparation s’est poursuivi, porté par des reprises économiques toniques, après une année 2020 contrainte par des confinements partout dans le monde. La durable pénurie de VN a bien sûr favorisé le marché du véhicule d’occasion sur quasiment tous les marchés et, ainsi, une accélération des besoins d’entretien et de remise en état durant tout 2021. La persistance de la crise sanitaire favorise également la poursuite des déplacements en voiture sur les transports en commun. Nous nous interrogeons même sur un effet inattendu du télétravail. S’il a réduit des déplacements automobiles, il en a favorisé aussi d’autres : ayant souvent renoncé à leur abonnement de transport en commun, les particuliers concernés réutilisent leur voiture quand ils doivent se rendre dans leurs entreprises…

Comment avez-vous pu profiter de ce rebond ?

C. de V. : TMD Friction a toujours eu pour ligne de conduite d’apporter aux distributeurs le meilleur taux de couverture du parc possible. En la matière, TecDoc nous reconnaît un niveau exceptionnel de 99,6% en véhicules de tourisme, utilitaires légers et poids lourds. Malgré la période, nous venons de boucler une année record en nouveaux produits. Nous ajoutons 190 nouvelles références de plaquettes, dont 65 en « first to market ». Dès 2020, nous avions en outre anticipé très en amont la reprise en accroissant nos stocks de 40%. Cette stratégie, associée à la densité de notre offre, nous a permis d’accompagner au mieux la reprise d’activité de nos clients distributeurs.

À quelques jours de la fin de 2021, échappez-vous encore à la pénurie d’offre ?

C. de V. : Inédites dans leur concomitance, les crises des matières premières, de l’énergie et des transports nous ont empêché d’atteindre l’ensemble de nos objectifs en taux de service. Nous déployons tous nos efforts, en sourcing et en supply chain, pour limiter au mieux cet inconvénient auquel sont confrontés l’ensemble des fournisseurs mondiaux. Une consolation : nos distributeurs nous confirment chaque jour que nous demeurons, selon eux, parmi les meilleurs en taux de service.

Quand voyez-vous la sortie de crise ?

C. de V. : Au mieux, 2022 sera une année de transition. Nous sommes encore dans l’inconnu des effets des variants Delta et Omicron qui suscitent le durcissement des mesures sanitaires. La disparité des taux de vaccination de par le monde rend en outre aléatoires nos objectifs sur beaucoup de marchés à l’export. De plus, nous pensons que les perturbations des transports, donc de la supply chain, perdureront jusqu’à fin 2022. Le prix des containers, en pénurie de disponibilité eux aussi, a bondi jusqu’à 10000/12000 $ au plus fort de la crise et ne devrait retomber qu’à 6000/7000 $ en fin d’année prochaine. Des questions se posent sur des relocalisations de productions. Pour être clair, nous ne pensons pas, au mieux, voir la sortie de crise avant le second semestre 2022. Mais nous restons mobilisés comme jamais, en nous appuyant sur toutes nos marques - Textar, Mintex, Don, Pagid, Cobreq, Nisshinbo et plus récemment, Bendix - qui couvrent l’ensemble des attentes de nos clients.

Les marques demeurent-elles un atout quand les restrictions de production imposent aux distributeurs de trouver les références pour servir une demande en croissance ?

C. de V. : Quels que soient les marchés, les industriels favorisent les produits à marge dans le réamorçage des outils de production. À l’heure où il leur faut amortir les hausses parfois explosives de tous leurs coûts sans pouvoir en outre satisfaire toutes les demandes, ils n’ont guère d’autre choix que de privilégier les produits ayant une marge suffisante.

La pénurie rebat les cartes. Cette inévitable et probablement durable hausse des coûts, donc des prix, va se répercuter jusqu’aux consommateurs. Dans ce contexte, la réassurance de la marque peut jouer un rôle certain dans l’acceptation des hausses. La nécessité d’une production rentable peut en revanche avoir des effets sur les lignes de production des marques de distribution qui sont en ce moment les plus tendues…

Quels peuvent être les effets de l’émergence des véhicules électriques sur un producteur de freinage première monte comme TMD Friction ? Et par extension, sur le marché de la rechange ?

C. de V. : Certes, la récupération d’énergie à la décélération des véhicules électriques et hybrides favorise l’allongement de la durée de vie des disques et plaquettes. Nous estimons cet impact à +25%. En revanche, le poids croissant des véhicules, surtout ceux à batteries, a des conséquences sur le dimensionnement des composants. Sur ces véhicules, les plaquettes augmentent en taille de 30% à 60% et ce, à puissance égale des motorisations 100% thermiques. Il faut donc aussi s’attendre à ce que les pertes en volumes soient compensées par des hausses de valeur. La norme Euro 7 peut aussi avoir un impact sur l’évolution de la fonction freinage. La volonté de réduire drastiquement les particules, voire d’imposer leur aspiration, peut encore accroître les valeurs unitaires. La législation décidera.

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Jean-Marc Pierret
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