La hausse de la VRADE offre des opportunités aux carrossiers
Jamais plus élevée qu’en 2022, la hausse de la valeur de remplacement à dire d’expert (VRADE), diagnostiquée par BCA Expertise dans une étude exclusive, renvoie le marché de la distribution VN/VO à ses difficultés. Et offre davantage d’opportunités aux réparateurs.
Le chiffre est éloquent et fait certainement frissonner les distributeurs VN/VO. La valeur de remplacement des véhicules – la fameuse VRADE – établie par les experts en automobile a augmenté de 15,02 % en 2022. Alors qu’elle dépassait à peine les 5 % au cours des années précédentes, avec un pic à 7,25 % en 2020, toutefois. Tel est le constat établi par BCA Expertise sur la base des rapports émis par ses propres experts l’an dernier. Un échantillon forcément représentatif, la société spécialisée pesant un tiers des expertises réalisées en France chaque année. Une inflation qui résulte du cumul de plusieurs facteurs.
Les raisons de l’inflation
D’abord, la baisse du kilométrage annuel moyen : les véhicules ayant moins roulé depuis les confinements de 2020, leur valeur résiduelle a été revue à la hausse d’environ et cette augmentation pèse 3,6 % sur les 15,02 % d’inflation totale constatée. Et ce, alors même que l’âge moyen des véhicules accuse six mois de plus par rapport à 2019. La baisse de production des constructeurs suite à la pandémie et à la pénurie des semi-conducteurs ayant entraîné une chute des ventes de VN sur les trois dernières années, les véhicules d’occasion, même plus vieux, ont vu leur valeur croître mécaniquement.
Par ailleurs, la part des véhicules électriques et hybrides dans le parc français, trois fois plus élevée en 2022 qu’en 2020, a également gonflé la VRADE. Un VE ou un VH affichent une valeur de remplacement de 10 à 15 000 €, contre seulement 4 à 5 000 € en moyenne pour un véhicule essence ou diesel. Ainsi, leur impact sur l’inflation des valeurs de remplacement est de 1,6 % sur les 15,02 %. Conséquence de ces différents facteurs : la part des véhicules économiquement irréparables (VEI) a baissé depuis 2020. En 2022, le taux de VEI s’est réduit de 0,7 points par rapport à 2021.
PIEC : gare au sourcing
Dans un tel contexte, l’amélioration de la prescription de pièces issues de l’économie circulaire (PIEC), de la part des carrossiers comme des assureurs, contribue à rendre économiquement réparables des véhicules qui ne l’étaient plus. En témoigne le taux de PIEC par rapport d’expertise, qui a augmenté de 10,5 points entre 2019 et 2022, passant de 1,7 % des rapports en contenant au moins une à 12,2 % ! Mais attention : le nombre de VEI baissant, le risque de voir moins de véhicules finir démontés dans les centres VHU est réel. L’une des raisons pour lesquelles la filière du recyclage automobile veut augmenter le nombre de pièces démontées par véhicules. Et ce, même si certaines pièces très exposées au choc, sont rares par nature.
Une opportunité supplémentaire pour les carrossiers. En effet, ceux-ci voient perdurer un parc de véhicules dont ils maîtrisent parfaitement la réparation, tout en ayant l’occasion de monter en compétence sur les véhicules les plus récents, hybrides ou électriques. En outre, la possibilité de faire valoir leur capacité à réparer plutôt qu’à remplacer – et donc à vendre des heures de main d’œuvre – est plus que jamais ouverte, et à saisir. Quoique la pièce neuve, qui s’est elle aussi renchéri fortement en 2022, permette aux réparateurs de réaliser de meilleures marges. Quoi qu’il en soit, la conjoncture actuelle permet aux carrossiers d’aider leurs clients à conserver leur mobilité et par les temps qui courent, cette promesse client est plus importante que jamais.