Le futur proche de la carrosserie exploré à Poitiers

Romain Thirion
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Table ronde IBIS France

L’écosystème de la réparation-collision était réuni au Palais des Congrès du Futuroscope à l’occasion du tout premier IBIS France, coorganisé par le CESVI. L’opportunité d’évoquer les réponses aux défis environnementaux auxquels fait face le secteur.

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CESVI France jouant les hôtes de cette toute première déclinaison française de l’International Bodyshop Industry Symposium (IBIS), il était presque naturel d’entendre Stéphane Duroule, Directeur général Assurances France de la maison-mère, Covéa, d’ouvrir les débats. Et celui-ci n’a pas manqué de rappeler que le groupe mutualiste était prescripteur face aux défis que connaît la réparation-collision, en témoigne son récent "Livre blanc de la réparation durable" paru au printemps dernier. « Notre rôle n’est plus de donner des leçons mais de réfléchir à faire évoluer les besoins », a-t-il expliqué. Surtout dans un secteur que la directive européenne CSRD va considérablement influencer dès 2025.

D’où les cinq projets de réparation automobile durable présenté par Covéa en préambule de la journée de conférences du 19 novembre :

  • Booster la réparation
  • Développer la distribution et l’usage de PIEC
  • Piloter la chaîne Réparation Durable Auto
  • Encourager les clients à opter pour la réparation durable
  • Contribuer à l’évolution du marché

Le tout en veillant à ce « qu’un équilibre entre les différentes parties – assuré, assureur, expert et réparateur – se recrée et que la valeur ne finisse pas uniquement dans les poches des assureurs » et à ce qu’une réelle « concurrence avec les constructeurs » ne naisse au niveau de la distribution de pièces de carrosserie. Une référence, bien sûr, au monopole que conservent les marques françaises sur la distribution de leurs pièces – même si le vent du changement souffle déjà un peu – et au challenge que les assureurs souhaitent leur imposer via la pièce issue de l’économie circulaire (PIEC), dont la pièce de réemploi (PRE), et via la pièce de qualité équivalente certifiée (PQEC).

Remplacer vertueusement ou réparer

Dans le contexte d’une quête de réduction de l’empreinte carbone et du coût de la réparation, les optiques et autres signatures lumineuses, dont SRA a plusieurs fois démontré l’explosion des prix à la rechange, est l’une des cibles des assureurs. Aussi Valeo a-t-il pu témoigner de ses efforts pour réduire ceux-ci. « En matière de pièce remanufacturée, nous avons quarante ans d’expérience sur tout ce qui concerne le groupe motopropulseur. Mais dans le cadre de notre roadmap Reman 2.0, nous ajoutons l’électronique aux pièces mécaniques et cela concerne aussi les optiques », explique Grégory Planche, responsable du programme d’économie circulaire en éclairage chez l’équipementier français. « La marque du véhicule est aujourd’hui soulignée par la signature lumineuse. Donc nous fabriquons nos pièces, chez Valeo, en pensant à la réparabilité et la remplaçabilité », ajoute-t-il, rappelant que l’équipementier propose un niveau de qualité en "reman" équivalent au neuf et une garantie deux ans ou 50 000 km. Cette nouvelle gamme "lighting" reconditionnée sera lancée en 2025 et trouvera tout son sens lorsque les LED seront majoritaires dans le parc.

Dans le viseur des assureurs au même titre que les optiques, le vitrage est aussi au cœur des enjeux de durabilité. Et notamment la réparation des pare-brise, « quatre à cinq fois moins coûteuse qu’un remplacement et qui permet de diminuer l’impact environnemental d’un bris de glace de par la rapidité de l’opération et l’absence de logistique pour acheminer la pièce », rappelle Delphine Moracchini, responsable développement durable de Carglass. Qui précise que « le process de réparation reste le même, quelle que soit la technologie de capteur ou de caméra embarquée dans le pare-brise », tout en ajoutant que, fidèle à son slogan, Carglass répare… deux à quinze fois plus que la concurrence. Une approche qui trouve un écho positif auprès de CESVI France. « Depuis toujours, nos équipes privilégient le fait de réparer plutôt que remplacer : nous formons et nous rassurons par la même occasion. Au départ, la raison était principalement économique mais aujourd’hui, l’argument est aussi technique et écologique », plaide Nadia Bestaoui, directeur technique du technocentre. D'où les nombreux crash-tests que mène le technocentre, afin de définir les meilleures pratiques.

Le défi de la mesure de l’empreinte carbone

Cité en tant qu’agrégateur de données clés dans la réparation-collision par Stéphane Duroule, Darva et son président, Christian Garrez, ont réagi à l’un des autres grands défis qui se posent au secteur. « Nous devons apporter à l’écosystème des leviers d’actions et définir des outils de mesure de l’empreinte carbone, avec des partenaires engagés dans la démarche, pour pouvoir documenter cette empreinte carbone en réparation. Puis la normaliser afin de délivrer des informations exploitables par les réparateurs. Parce que la nécessité d’établir un bilan comptable et un bilan carbone s’impose », en particulier aux grandes entreprises via la CSRD. « On en prend pour au moins dix ans : nous partons de rien et nous devons créer ces outils de mesure ainsi que les outils informatiques afférents », ajoute-t-il.

Parmi les partenaires évoqués, Solera avec son outil Sustainable Estimatics est l’un des plus avancés. « Grâce à nos accords avec les constructeurs nous récupérons les données de fabrication de chaque modèle de véhicule, la cartographie des pièces, les informations sur la peinture. Ce qui nous permet d’avoir une connaissance des temps opérés pour agir en atelier ainsi que le mix énergétique. Puis, un algorithme certifié ISO-14064-01 nous permet de calculer les émissions de CO2 de chaque réparation », explique Fernando Pernigo, vice-président des ventes Solera pour l’Europe de l’Ouest, MEA, la Turquie et la Grèce. Qui reconnaît toutefois que si la réparation et la pose de PRE sont privilégiées, la préservation des marges du réparateur doit être assurée.

Justement partenaire de Solera dans ce cadre-là, Axalta fournit l’ensemble des informations de conception et d’application de ses produits de peinture à Sustainable Estimatics. « Nous sommes tous liés dans cet écosystème où nous sommes tous le scope 3 d’une autre entreprise : nous devons donc travailler ensemble pour mesurer l’empreinte carbone et la diminuer », confesse Laurent Oliveras, qui s’exprimait en son titre de sustainability strategy leader d’Axalta Refinish. L’homme estime, suite aux travaux communs d’Axalta et Solera, que l’empreinte carbone de la mise en peinture peut être divisée par deux. 

Romain Thirion
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