Covéa dévoile sa vision de la réparation durable en vue des bilans carbone

Romain Thirion
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Camion Préférence Recyclage AAG

L’obligation faite aux assureurs de présenter en 2025 le bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de leur scope 3, celui de leurs prestataires, a mené Covéa a la rédaction d’un livre blanc sur la réparation durable, dévoilé fin mai.

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De loin le numéro un français en termes de contrats d’assurance auto, le groupe mutualiste Covéa (Maaf, MMA, GMF) ne pouvait pas laisser la question de l’empreinte carbone de ses prestataires sans réponse. D’autant que dans le bilan d’émissions de GES de ce scope 3, l’activité réparation pèse lourd, puisqu’elle est estimée entre 20 % et un quart du total. Et sur un marché ou la sinistralité ne cesse de croître (+1 5,5 % les deux dernières années), Covéa a publié un livre blanc en mai afin de donner les grands axes de sa stratégie pour une réparation durable.

La réparation plutôt que le remplacement

Le premier de ces axes est bien connu des carrossiers puisqu’il s’agit du fameux "réparer plutôt que remplacer". Une formule prononcée comme un mantra depuis plusieurs années sur la planète assureurs. Logique car, d’une part, elle permet de s’affranchir du coût toujours plus lourd du remplacement de pièces à l’heure où l’inflation du panier de pièces constructeurs bat des records. Covéa y a laissé 2,6 Md€ en 2023 et déplore que, selon les chiffres de l’organisme SRA, « seules 29 % des pièces endommagées en 2023 dans des sinistres de collision ont été réparées ». D’autre part, cette approche flatte le réparateur, qui se retrouve à nouveau placé dans la position valorisante de l’artisan qui met tout son savoir-faire au service de la remise en état du véhicule à neuf et vend, par là-même, davantage d’heures de main-d’œuvre. Des taux horaires que Covéa est réputé avoir mieux revalorisés que d’autres assureurs ces deux dernières années.

Le groupe mutualiste met aussi en avant ce principe de réparation côté vitrage. Une activité qui « s’accompagne parfois de pratiques commerciales abusives » selon le livre blanc, alors que « des techniques de réparation performantes existent et continuent d’être développées au moyen d’une veille permanente ». En l’occurrence, l’injection de résine, « appliquée depuis plus de 20 ans [et qui] fait l’objet de la norme AFNOR NF R 19-601 », rappelle l’assureur. Une technique qui ne peut toutefois être appliquée que sur des impacts à la surface réduite, pour lesquels les conducteurs ne sollicitent pas forcément leur assureur... Réparer les 60 000 pare-brise remplacés chaque année par les prestataires vitriers agréés Covéa permettrait d’alléger le bilan carbone du Scope 3 de 960 tonnes EqCO2 (équivalent CO2).

Formation, impression 3D et IA valorisées

Afin de pousser davantage à la réparation des pièces plutôt qu’à leur remplacement, tant côté carrosserie que côté vitrage, Covéa met en avant dans son livre blanc les compétences de formation de sa filiale CESVI France, ainsi que la pertinence de son activité R&D. Celle-ci a notamment permis, en 2023, la mise en place d’un partenariat avec l’entreprise française Gryp3D pour la fabrication de petites pièces et éléments plastiques en 3D, souvent captifs des constructeurs et introuvables au détail, ce qui contribue à alourdir la facture de réparation. Covéa met aussi en avant dans son livre blanc la maîtrise des dernières technologies de produits, de préparation, d’application de peinture et de séchage comme gage d’économie de produit et de réduction des émissions de GES. Sans oublier de distinguer la pertinence du débosselage sans peinture lorsque celui-ci s’impose, notamment en cas de grêle ou dans le cadre de la "bobologie".

Côté digital, Covéa met en avant la pertinence de l’intelligence artificielle (IA) dans l’optimisation des divers processus, de la déclaration de sinistre au chiffrage en passant par le scan des véhicules grêlés et l’information client. Les marques du groupe mutualiste font d’ailleurs appel à la technologie de Tractable pour les estimations de réparation depuis quelques années. Et ont « pour ambition de traiter avec cette technologie plus de 150 000 sinistres d’ici 2025 », précise le livre blanc. Covéa est également partenaire de BCA Expertise et de son projet AOV (aide à l’orientation du véhicule), qui « établit un diagnostic présumé sur l’état du véhicule pour les chargés d’assistance, [et] permet de détecter la meilleure orientation », avec un degré de précision des prédictions de 82 %.

PRE promue, PQEC souhaitée

Lorsque la réparation n’est plus possible et que le remplacement de la pièce s’impose, le livre blanc de Covéa recommande, en guise de deuxième pilier de la réparation durable, le recours à la pièce de réemploi (PRE) plutôt qu’à la pièce neuve. Du moins, lorsque l’élément concerné est disponible dans les centres VHU agréés. Covéa a ainsi atteint 17,6 % de taux de PRE dans la remise en état des véhicules de 5 ans et plus en 2023. L’assureur vise les 20 % d'ici la fin de l’année 2024 et espère que le panel de pièces prélevables sur les VHU puisse s’élargir prochainement, à l’heure de l’électrification et de la connectivité croissante des véhicules.

Selon SRA, « les pièces de rechange comptent pour 51,8 % du coût total des réparations en 2023. Ce poste a augmenté de 17,9 % au cours des deux dernières années », rappelle Covéa dans son livre blanc. Tout en y pointant du doigt le monopole constructeur sur la pièce de carrosserie en France, Covéa dit placer des espoirs dans l’évolution à venir de la législation sur la protection des dessins et modèles. La condition d’une ouverture du marché de la pièce de qualité équivalente certifiée (PQEC) aux modèles les plus fréquents du parc, en particulier ceux des marques françaises.

Le dernier axe de l’action de Covéa pour une réparation durable lui incombe en très grande partie, puisqu’il s’agit de l’accompagnement de l’assuré dans cette démarche. « Il est essentiel de considérer le rôle de caution que les assureurs peuvent apporter sur le sérieux des solutions proposées et sur leur accessibilité. Il convient d’être particulièrement attentif au niveau de maturité actuel du marché afin d’accompagner son évolution », estime le groupe mutualiste. Covéa insiste également sur l’accompagnement de ses prestataires, fussent-ils experts, réparateur ou recycleurs, indépendants ou en réseau. Le tout en s’appuyant « sur des indicateurs de suivi pour mieux évaluer l’efficacité des actions mises en œuvre », et sur « l’indice de réparabilité d’un véhicule », déjà utilisé en Allemagne ou au Royaume-Uni.

Romain Thirion
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