Coût, réparabilité et impact environnemental des optiques sur le grill
L’étude dévoilée par Sécurité & Réparation Automobiles (SRA) lors du Mondial de l’Auto 2024 met en lumière une tendance marquante : les optiques de phare, devenues de plus en plus complexes et esthétiques, soulèvent des enjeux majeurs pour les constructeurs, réparateurs, et consommateurs.
Ces équipements, aujourd’hui à la pointe de la technologie, allient innovation, design et performance, mais entraînent également des coûts de réparation et une empreinte carbone croissants. Depuis l’émergence des LED dans les années 2010, les optiques de phare ont franchi un nouveau cap technologique. Aujourd’hui, les phares laser ou matrix permettent un éclairage optimisé, adaptant automatiquement leur faisceau à la circulation pour éviter l’éblouissement.
Ces innovations s’accompagnent de fonctionnalités comme les bandeaux lumineux et les sigles rétro-éclairés, qui deviennent des éléments distinctifs des constructeurs. De plus en plus souvent porteurs de la signature lumineuse de la marque, ceci rend leur disponibilité en dehors du réseau constructeur plus compliquée. Des "avancées" qui ne sont pas sans conséquence : en cas de collision, ces composants souvent intégrés doivent être remplacés dans leur intégralité, augmentant considérablement les coûts. Entre 2019 et 2024, le montant moyen des blocs optiques avant a bondi de 70 % (vs 39 % pour les autres pièces visibles). L’augmentation pour les seuls feux avant est de 65 % et celle des feux arrière de 52 %.
Réparabilité limitée, impact environnemental majeur
SRA rappelle qu’en 2023, 91 % des optiques endommagés ont été remplacés, faute d’alternatives de réparation ou de pièces reconditionnées. Les solutions de réparation sont encore limitées, notamment pour les optiques LED : ponçage, lustrage et vernissage de la "vitre", collage ou soudure de patte de fixation, réparation du cuvelage sont possibles. Quant au remplacement de patte de fixation phare, il se heurte à une offre très limitée chez les constructeurs. Ce faible taux de réparabilité contribue à une empreinte carbone significative : chaque remplacement génère en moyenne 45 kg de CO2. Au total, 300 000 optiques LED remplacés en 2023 ont engendré 13 500 tonnes de CO2, soit 50 % de plus que les optiques halogènes. Un chiffre qui devrait encore augmenter avec la démocratisation de ces technologies.
Face à ces défis, plusieurs pistes sont envisagées, selon SRA. Les constructeurs pourraient améliorer la réparabilité des optiques en rendant les composants plus accessibles ou en favorisant les pièces reconditionnées. Certains de leurs principaux équipementiers, au premier rang desquels Valeo, y travaillent d’ores et déjà et une offre d’optiques remanufacturés doit voir le jour dans la branche Service de l'industriel français en 2025. En parallèle, une formation accrue des réparateurs sur les techniques de réparation alternatives pourrait réduire la nécessité de remplacement systématique. L’étude insiste également sur l’importance d’un équilibre entre design, sécurité et coût. Les acteurs de l’industrie, constructeurs comme équipementiers, sont ainsi appelés à anticiper les attentes des consommateurs tout en limitant l’impact environnemental de ces technologies.