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Claus Löffelmann, GIPA : « LKQ va reprendre sa croissance externe »
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Zoom sur l'Allemagne en compagnie de Claus Löffelmann, directeur de GIPA Outre-Rhin : année Covid, soutien du gouvernement, électrification et vieillissement du parc... Il passe en revue les défis de son pays. Mais pour ce dernier, l'américain LKQ s'est bien remis en veille pour racheter d’autres acteurs affaiblis par la crise. Explications.
Bilan post-confinement
Claus Löffelmann : Tous les ateliers étaient ouverts au printemps. Seuls les showrooms pour la vente de véhicules neufs et d’occasion étaient fermés. Quelques réseaux ont fermé mais seulement quelques jours, par exemple les centres autos ATU (groupe Mobivia). En commerce et en entretien, nous avons ainsi enregistré une baisse atténuée de 7,3 %, dont -11 % en réparation et - 13 % en carrosserie. Cet automne, nous avons nommé le deuxième confinement « Smart Lockdown » car les concessions étaient cette fois ouvertes sans restriction. Sur dix mois, 2,3 millions de véhicules ont été vendus (- 23 % par rapport à 2019). Au cœur de la crise, le gouvernement a soutenu l’industrie automobile avec différents dispositifs comme la compensation des heures partielles dès que 10 % des effectifs étaient en activité réduite, un moratoire fiscal pour empêcher la dilution de la trésorerie, des aides financières pour les petites entreprises (dix salariés maximum) pouvant grimper jusqu’à 15 000 € sans remboursement.
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Paysage de l’après-vente en Allemagne
C. L. : En rechange constructeurs, les réseaux de marques sont très ancrés, avec 16 000 concessions, couplées avec les réseaux secondaires agréés (service de maintenance uniquement). Viennent ensuite les panneaux indépendants dont les principaux, dans l’ordre d’importance, sont 1a Autoservice, AutoTeam et Bosch Car Service. En distribution, l’indépendant Wessels-Müller ouvre la marche (cf. podium ci-dessus), tandis que Stahlgruber, dans le giron de LKQ depuis 2018, est toujours en période d’intégration. D’ailleurs, on peut raisonnablement penser que le groupe américain est en veille pour racheter d’autres acteurs affaiblis par la crise Covid. Le groupe a annoncé qu’il allait reprendre sa croissance externe. AAG, avec les acquisitions de Coler, Busch et Hennig, est en cinquième position. À noter que PSA Aftermarket a étendu son dispositif Distrigo en Allemagne avec quinze plaques réparties sur le territoire, de Munich à Nuremberg en passant par Berlin et Dortmund… Parallèlement, PSA Aftermarket annonce 430 Eurorepar Car Service. La part de marché du français est de presque 14 % en totalisant les 14 marques de la holding Stellantis (avec PSA et FCA). Autre Français en Allemagne : Mobivia, en pleine rationalisation des centres autos ATU (rachetés en 2016). Le groupe a annoncé la fermeture de 45 magasins jugés non rentables. Il en reste 530 sur le territoire.
Les challenges
C. L. : L’âge du parc ne cesse de croître, ce qui est un bon point pour la rechange indépendante. Mais tous les acteurs vont devoir se confronter aux défis de l’électrification, aux flottes à conquérir et à la digitalisation croissante du business. Le marché a besoin de se préparer à la mobilité propre, qui grandit très vite en Allemagne. D’autant que les normes sur les émissions (CO2, NOx) vont encore durcir leurs standards, surtout avec l’Euro 7. Et là, les réseaux de marques ont un atout indéniable comparé aux indépendants. Au moins pour les premières années.
Muriel Blancheton
PLACES DE MARCHE
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Le miroir aux alouettes
Après une montée en puissance et de remarquables levées de fonds à grands coups de millions d’euros, certaines places de marché allemandes se sont lourdement effondrées. Ainsi, le pure-player AutoTeile Pöllath, avec ses 400 salariés et ses 100 M€ de CA, se retrouve filialisé par le distributeur de pièces Swiss Automotive Group (900 M€, 3650 personnes et 180 sites). ATP était semble-t-il le plus gros débiteur de SAG, qui du coup l’a racheté… rappelant la propre histoire d’Oscaro, absorbé par Parts Holding Europe en France en 2018. L’histoire se répète.
Autre pure-player en décrépitude : la plateforme Caroobi, considérée pendant quatre ans comme le portail de mise en relation BtoB le plus prometteur d’Allemagne, avec des vues sur le Royaume-Uni. Elle avait même convaincu des fonds d’investissement dont BMW i Ventures, aspiré 27 M€ et revendiquait 750 clients garagistes actifs. Sauf qu’elle n’a jamais attiré la manne des 48 000 réparateurs allemands. Son business model a failli avec un déficit annuel de 8M€. Les deux jeunes dirigeants ont quitté le navire l’été dernier en revendant les restes de la start-up à Deutsches Werkstattnetz GmbH, un revendeur Amazon !
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