P.-H. Dubreuil : « Il n’y a jamais eu chez nous de mélange des genres »

Jean-Marc Pierret
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DUBREUIL Paul-Henri GROUPE DUBREUIL

Parmi les 300 groupes de distribution VN en France, le Groupe Dubreuil est LE pionnier d’un déploiement d’activité multimarque entamé en 2005 (cf. encadré). Le secret de cette réussite : la culture de la diversification et de la performance permettant de financer et différencier les approches. Et si des synergies entre distribution VN et multimarque existent bel et bien, c’est toujours à la marge. Explications de Paul- Henri Dubreuil, le patron du groupe éponyme. 

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La réussite multimarque du groupe Dubreuil a-t-elle coulé de source ?

Paul-Henri Dubreuil : Non, bien sûr. Nous avons eu notre lot d’erreurs initiales et avons également affronté les interrogations et les agacements du constructeur pour qui le rachat d’APA Carmoine en 2005 apparaissait alors hérétique! Le mur de Berlin était encore très fort entre les deux marchés à l’époque. Et même si depuis nous enregistrons une croissance soutenue, nous avons eu aussi deux longues années de doutes avant de tirer les premiers fruits de la réorganisation d’APA. 

À quoi attribuez-vous ces succès ?

P.-H. D. : Notre groupe a une forte culture du mouvement et de la diversification. En cent ans, nous avons plusieurs fois changé de métiers et conquis d’autres activités [N.D.L.R. : le groupe cumule le VL et le PL, l’aérien, le BTP, l’agraire, les énergies, l’hôtellerie et l’immobilier] avec chaque fois l’ambition d’être parmi les plus performants de chaque secteur. Nous avons l’habitude d’investir en pouvant appuyer nos décisions d’évolution sur la solidité de nos autres activités. 

Vous seriez même comme le laboratoire qui a permis à PSA d’accoucher de Distrigo en 2016 ?

 P.-H. D. : Opal a d’abord choqué, puis l’entreprise a été régulièrement visitée par PSA. Aujourd’hui, elle semble banale avec Distrigo, mais il y a vingt ans, elle était effectivement inédite par la centralisation et l’approche du métier sur les pièces. Opal s’est aussiavéréeprécieusepour accompagner la croissance de nos activités VN, VO et APV constructeur en permettant la récupération et la réallocation de mètres carrés en concessions. 
 

Quelles sont les synergies métiers entre la distribution VN et celle de pièces ?

P.-H.D. : Il n’y a jamais eu chez nous de mélange des genres ! Les synergies sont toujours à la marge. Nous ne mutualisons même pas nos véhicules de livraison ! Les synergies sont logiques, comme Startrucks qui est devenu un gros client d’APA Carmoine [N.D.L.R. : cinq concessions PL pour 40M€ de CA], ou dans les bonnes pratiques : la réorganisation centralisée d’APA a bénéficié par exemple de l’expérience d’Opal qui va s’inspirer des convoyeurs automatiques déployés sur la plaque Distrigo Alliance PR. 

Comment voyez-vous l’avenir de vos métiers dans l’auto ?

P.-H. D. : En pièces, nous sommes en haut de l’asymptote. La baisse des volumes est annoncée par l’arrivée des véhicules électriques et la durabilité croissante des véhicules. Je m’attends à une stabilisation des volumes en pièces constructeur au pire d’ici deux ans, mais la valeur sera là du fait de l’inflation et de la technicité croissante. Le groupe sait gérer ce genre de phénomène. Il l’a vécu dans le lubrifiant ou dans le gaz. On peut vivre sur un marché stable ou légèrement décroissant si l’on bénéficie d’un peu d’inflation sans trop de guerre des prix. Grâce à l’effet positif de la centralisation des stocks et les économies qu’elle génère, on peut tenir avec 1 ou 2 % de croissance. À mon sens, le risque à court terme concerne les modèles sans stock central. 
 

Et en ateliers constructeur ?

P. - H . D . : Je ne suis pas inquiet à court-moyen terme sur la partie SAV constructeur. Elle a été excellente en 2022 et bénéficie d’une tendance forte en 2023. Nous avons aussi l’atout durable des contrats d’entretien. S’il fait craindre une baisse des volumes atelier, le véhicule électrique présente également une opportunité de mieux fidéliser les clients et de proposer des ateliers qualitatifs RA1 comme RA2. En outre, notre groupe ne distribue que des marques VL Stellantis. Leur regroupement voulu par le constructeur est une opportunité de croissance des ateliers à périmètre constant. 

Jean-Marc Pierret
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