Sylvie Layec, Stellantis : « Nous avons la conviction que la meilleure stratégie est multimodale »
Sylvie Layec, Senior Vice-President Parts & Services, global Sales & Marketing, confirme les engagements du groupe Stellantis en Aftermarket et donne un aperçu des derniers développements à l’échelle mondiale…
L’an passé, vous qualifiiez la Chine de « cluster à ciel ouvert ». Est-ce toujours le cas ?
Sylvie Layec : L’industrie automobile chinoise continue d’afficher une vitalité remarquable, portée par un parc automobile en constante expansion et l’ambition affirmée de devenir le premier au monde d’ici 2030, avec des modèles économiques en pleine mutation. Chez Stellantis, notre ligne directrice repose depuis toujours sur le développement et la croissance durable, comme en témoigne l’acquisition d’UAP Auto Union en 2018, mais aussi notre “Asset Light“ stratégie dans le pays via notre nouvelle joint-venture avec Leapmotor.
Dans ce contexte porteur, nous sommes fiers d’annoncer la poursuite du développement de notre réseau Eurorepar Car Service (ERCS), qui a franchi le cap des 1330 sites en Chine à fin novembre 2024, enregistrant une croissance de 7 % par rapport à la même période en 2023.
Par ailleurs, il me semble important de souligner l’évolution remarquable de notre réseau ERCS à l’échelle mondiale. En 2024, nous avons ouvert plus de 400 centres supplémentaires par rapport à 2023, portant le total à plus de 6600 ateliers répartis dans trente pays. Cette expansion géographique a non seulement renforcé la performance globale du réseau, mais aussi enrichi notre offre 360°, désormais complétée par de nouvelles familles de produits et de nouvelles applications multimarques.
Quelles zones dans le monde ont été particulièrement effervescente pour Stellantis ?
S. L. : Au-delà de nos deux principales régions, permettez-moi de mettre en lumière la dynamique du groupe dans l’ensemble des régions regroupées sous le Third Engine*. En Amérique du Sud par exemple, l’acquisition de Norauto en Argentine puis de DPaschoal au Brésil a permis d’assurer une croissance à deux chiffres, témoignant du succès de notre stratégie dans ce pays clé.
La région Afrique et Moyen-Orient se distingue également par ses performances, malgré les tensions géopolitiques qui affectent malheureusement certaines zones. Des marchés émergents tels que l’Éthiopie, le Kenya et d’autres encore se sont intégrés à nos stratégies d’expansion, en parallèle de l’offensive menée par les constructeurs asiatiques (notamment chinois, sud-coréens et japonais), mais également nord-américains. Cependant, il est intéressant de noter que l’offensive asiatique a globalement laissé de côté l’aspect après-vente, à l’exception des constructeurs japonais. Les constructeurs chinois, en particulier, se tournent vers les réseaux de réparateurs indépendants pour nouer des partenariats. Chez Stellantis, nous sommes convaincus que la meilleure stratégie repose sur une voie multimodale. Ainsi, notre réseau ERCS intègre la réparation de tous les véhicules légers et de toutes marques.
Par ailleurs, grâce à notre coentreprise Leapmotor International, nous allons proposer à nos clients une gamme complémentaire de véhicules électriques abordables, tout en s’appuyant sur la solidité de nos réseaux après-vente mondiaux pour garantir un service de qualité.
« Nous devons impérativement proposer des solutions de mobilité compétitives et parfaitement adaptées aux besoins des clients. »
Quel bilan un an après la mise en place des Category Managers ?
S. L. : Ce projet constitue un véritable succès car il répond pleinement aux attentes des clients et aux exigences du marché. Il favorise une réactivité accrue ainsi qu’une gestion cohérente de nos gammes. Pour rappel, nos équipes CATMAN élaborent des offres sur mesure, adaptées aux différentes typologies de clients, qu’il s’agisse de pièces, de services ou de solutions.
La première phase de ce projet, qui couvrait l’Europe élargie ainsi que le global, a été concluante, et nous nous préparons désormais à déployer cette organisation dans d’autres régions, en commençant par l’Amérique du Nord dès le premier semestre 2025. Concernant les ajustements, nous poursuivons l’analyse des retours terrain et des feedbacks recueillis. Notre objectif demeure inchangé : « penser globalement et agir localement ». À l’échelle du global, notre responsabilité est de définir la stratégie en étroite collaboration avec les régions et d’établir les règles qui structurent le parcours client, tout en veillant à ce que la promesse client soit respectée. À l’échelle régionale, le rôle consiste notamment à affiner les politiques tarifaires et à adapter les offres afin de répondre aux spécificités et exigences locales.
Quels sont les enjeux actuels de l’après-vente mondiale par priorité selon vous ?
S. L. : Le premier enjeu, et non des moindres, est d’ordre économique. Nous devons impérativement proposer des solutions de mobilité compétitives et parfaitement adaptées aux besoins des clients. Pour y parvenir, il est crucial d’optimiser la chaîne de valeur en optimisant les coûts, depuis la production jusqu’à la maintenance. Cependant, cet objectif se heurte à un contexte géopolitique instable qui peut avoir des répercussions significatives sur le prix de certaines matières premières.
Le deuxième enjeu majeur réside dans le recrutement des talents. Nous faisons face à une véritable crise d’attractivité à l’échelle de toute la chaîne, une situation qu’il est impératif de réguler pour garantir la pérennité et l’efficacité de nos activités.
Le troisième défi est, bien entendu, celui de la transition digitale des processus, notamment à travers l’intégration de technologies telles que le Software Defined Vehicle. Cela implique également de garantir la réparabilité des véhicules en atelier, avec des techniciens équipés et formés aux outils les plus récents.
Enfin, il est essentiel de souligner l’importance d’une prise de conscience citoyenne autour des enjeux climatiques. Les récentes catastrophes naturelles à l’échelle mondiale, qu’il s’agisse d’inondations ou de sécheresses, doivent être perçues comme des signaux d’alarme. La transition environnementale est une priorité absolue, et la mobilité décarbonée constitue l’un de ses piliers fondamentaux.
*Amérique du Sud, Moyen-Orient, Afrique, Chine et Inde et Asie-Pacifique.