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Algérie : « Nous avons besoin de visibilité »
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Près de dix ans que le marché algérien souffre d’une remise à plat de son process d’importation. Une période longue mais nécessaire pour atteindre l’assainissement du business global, qui fragilise les entreprises et notamment celles de l’écosystème auto. Résilients, ses acteurs se battent dans le brouillard pour maintenir les affaires en attendant le retour du beau temps !
Près de dix ans de turbulences sur le marché algérien fragilisent les acteurs de l’écosystème automobile. L’an passé, nos interlocuteurs étaient optimistes pour la relance du business auto, reparti à la hausse après cinq ans de black-out sur les importations de véhicules neufs et au printemps des règles d’importation de pièces organisées autour de l’Algex, organisme de régulation de l’import-export. Sauf que la machine est grippée par des procédures longues, avec des autorisations d’importation trop aléatoires pour pouvoir organiser la constitution de stocks. De quoi perturber sévèrement la chaîne logistique, débouchant sur des stocks asséchés chez les distributeurs et donc une moindre disponibilité des pièces nécessaires à alimenter les ateliers… « Nous comprenons bien la ligne directrice des pouvoirs publics qui est d’assainir les pratiques, mais aussi d’encourager la production locale, et donc la réindustrialisation de notre pays. La démarche est vertueuse mais complexifie notre métier d’importateur-distributeur », décrit Tayeb Siad, directeur général de Group Siad articulant son activité autour de la pièce auto dans trois entrepôts (Tizi Ouzou, Alger et Oran). « Nous sommes une entreprise professionnelle, donc respectueuse de loi. Cependant, nous avons besoin de visibilité pour tracer un itinéraire stratégique et prétendre à un business plan fiable. C’est vital pour garantir le maintien de notre activité et de notre personnel. Aujourd’hui, je ne fais que répondre aux urgences. Nous sommes littéralement en mode survie ! », complète ce patron inquiet.
Une industrie de la pièce « Made in Algérie » ?
« Aujourd'hui, le défi, c'est une relance économique en Algérie, un renforcement du tissu industriel et de l'autonomie. Cela passe par la limitation des importations de tous les produits qui peuvent être fabriqués sur le sol national et ainsi l’encouragement à l’investissement interne », poursuit-il. Un appel du pied des pouvoirs publics à ces importateurs pour qu’ils se lancent dans l’aventure industrielle sur leur sol national. Si certains distributeurs y réfléchissent, d’autres ont déjà commencé à produire (batteries, lubrifiants, freinage…). « Mais cela demande de lourds investissements, du transfert de savoir et beaucoup de temps. » Et si tous tendent vers la dynamique commune de « renforcer l’industrie algérienne, gonfler les exportations et équilibrer notre balance commerciale », en attendant l’importation de pièces restent nécessaires car sauf exception, la production automobile locale ne permet pas de répondre à l’ensemble des besoins du marché. L’écosystème a besoin de visibilité, d’être écouté pour enfin retrouver la stabilité du business.
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