Hafa : agilité et sérénité
Le producteur de graisses et de lubrifiants Hafa voit dans les multiples défis du secteur autant d’opportunités pour se repenser et optimiser ses services.
Après un exercice 2021 dynamique, en ligne avec la tendance haussière du marché (+ 6 %), le fabricant normand d’huiles Hafa joue à l’équilibriste : depuis le milieu d’année dernière, l’industriel doit en effet composer avec les hausses vertigineuses des coûts des matières premières, des huiles de base au coût du transport en passant par les additifs, les métaux (pour les barils), le plastique (bidons), l’énergie… « Le marché a connu entre trois à quatre hausses tarifaires, et cela continue en 2022 », précise Ambroise Baron, directeur commercial France. À tel point d’ailleurs que, pour l’ensemble des acteurs du marché, les révisions s’opèrent dorénavant au mois le mois ! Aussi, si le trend du marché est toujours positif sur le premier trimestre, le directeur commercial émet l’hypothèse de surstokage des clients en anticipation de probables futures hausses…
Priorité aux services
Et si Hafa a pu un temps ne pas répercuter la hausse des coûts à ses clients, en comprimant fortement ses marges en 2021, « il a fallu se réinventer pour redégager de la rentabilité », ajoute-t-il. Et pouvoir justifier l’inévitable hausse des prix en déployant des services additionnels. Ainsi, en parallèle d’une optimisation de la logistique en interne entre les différents sites pour être plus réactif vis-à-vis de ses clients (Hafa dispose de cinq sites de stockage en France) et d’une hausse de ses capacités de production, l’industriel a mis en place deux autres outils digitaux. D’une part, un extranet pour les clients, sur lequel ils peuvent avoir une vision complète des stocks en temps réel, des prix, des coûts de livraison, et sur lequel ils peuvent passer commande. Ensuite, « pour aider les garagistes face à l’explosion du nombre de références – tant pour l’huile moteur que pour celle des boites de vitesses – Hafa a élaboré une solution logicielle recensant toutes ses références de produits lubrifiants, et sur laquelle ils peuvent retrouver la bonne référence à partir de l’immatriculation ou du code VIN du véhicule, par cross-referencing, ou encore selon la norme ou l’homologation constructeur », détaille Ambroise Baron.
Électrification : nouvelle ère pour les fabricants
Dans ce marché déjà chahuté, une autre inconnue apparaît avec l’électrification du parc. Quel avenir peuvent envisager les producteurs de lubrifiants ? « Nous avons l’avantage d’être un acteur multisectoriel et le marché automobile ne représente "que" 25 % de notre activité. Ensuite, si les véhicules thermiques sont censés disparaître à l’horizon 2035, la durée de vie des véhicules, aujourd’hui estimée à 19 ans, laisse augurer du business sur un parc thermique jusqu’à 2050 au moins. Par ailleurs, le dogme du tout-électrique semble vaciller ces derniers mois, l’Allemagne remettant en avant les carburants alternatifs pour moteurs thermiques (e-fuels), qui sont de vraies pistes de réflexion en matière de baisse des émissions polluantes », tempère Ambroise Baron.
Enfin, le VE ne signe pas pour autant la fin des lubrifiants : les phases de charge – surtout les charges rapides – engendrent une hausse de la température des batteries. Les huiles devraient ainsi jouer un rôle croissant dans le refroidissement de celles-ci. Et si l’élaboration de nouvelles formulations pour ce type d’application ne devrait concerner que les pétroliers, proches des constructeurs et seuls à même d’assumer financièrement la R&D nécessaire, le directeur commercial France de Hafa l’affirme : « Le VE sera une source de développement futur pour les entreprises du secteur du lubrifiant ! »