Autocirc rachète Caréco Paris et Saint-Etienne et prend pied en France

Romain Thirion
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Caréco Saint-Etienne

Le groupe suédois spécialisé dans le recyclage des véhicules hors d’usage et la pièce de réemploi vient de reprendre les deux centres VHU de la famille Richaud, fondatrice de Caréco.

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C’est tout à la fois l’histoire d’une opportunité inattendue et d’une conjoncture favorable. Celle de la rencontre entre les ambitions continentales d’un poids lourd suédois du recyclage automobile et d’un acteur français pionnier dans le métier. Un deal porté par une actualité législative propice à un tel rapprochement, avec l’entrée en vigueur de la loi "Climat & résilience" le 1er janvier dernier. Maxime Richaud, directeur général de Caréco Paris et Saint-Etienne, et son père Didier Richaud, fondateur de Caréco, viennent en effet de céder leurs deux centres VHU à Autocirc.

Création d’une filiale France

Fondé en 2019 par Johan Livered, ex-CEO du spécialiste néerlandais de l’échange standard Vege, et Johan Rafstedt, le groupe suédois est détenu depuis fin 2022 par le fonds d’investissement privé Nordic Capital et pesait 110 M€ de CA en septembre dernier. Sa stratégie de croissance externe l’a conduit à racheter progressivement 43 centres de recyclage automobile en Europe, plus particulièrement en Scandinavie mais également plus au Sud. En reprenant l’entreprise familiale que constituent ensemble Caréco Paris et Caréco Saint-Etienne, forts d’un CA de 27 M€ en 2022, Autocirc prend enfin pied dans notre pays.

Son arrivée sur le territoire se fait dans une optique constructive. L’intégrité des deux entités est préservée et Maxime Richaud conserve sa fonction de DG, à laquelle s’adjoint désormais celle de CEO d’Autocirc France. L’occasion faisant le larron, Autocirc en a profité pour créer en janvier dernier une filiale dans l’Hexagone, sise à Roche-la-Molière (42), siège de Caréco Saint-Etienne. « Le marché du VHU est en train d’évoluer, celui de la PRE aussi et de la seconde main en général. Autocirc nous a présenté ses ambitions, sa stratégie et ses souhaits de croissance et nous nous sommes rendu compte qu’elles étaient alignées avec les nôtres. Il y avait une entente possible et une opportunité de croissance mutualisée », explique Maxime Richaud.

La précieuse expérience suédoise

Depuis de nombreuses années, la Suède fait figure de référence en Europe pour la prise en charge des VHU comme le rappelait sur Equip Auto Patrick Poincelet, président de la branche Recycleurs de Mobilians. « Selon les données de l'Ademe, seulement quinze pièces sont récupérées en moyenne sur chaque VHU en France alors qu'il y en a soixante en Suède », relevait-il. Maxime Richaud va plus loin. « Ce qui nous intéressait aussi dans le modèle scandinave est son avance en termes de culture de la PRE. 100 % des VHU pris en charge dans leurs centres de recyclage sont détruits, ce qu’impose la règlementation. Le gisement et le nombre de PRE disponible est d’autant plus conséquent, alors qu’en France, le marché laisse libre choix au recycleur de valoriser le véhicule ou de le revendre à un autre acteur », détaille-t-il.

Par ailleurs, en Suède, les partenariats avec les assureurs contribuent fortement à la prescription de pièces de réemploi, quel que soit le type de véhicule. Quant aux réparateurs, ils ont le réflexe de proposer la PRE en première intention. « Ce n’est que dans le cas où elle n’est pas disponible qu’ils se tournent vers les alternatives que sont la pièce rénovée, l’échange-standard et la pièce neuve constructeur ou équipementière. Aujourd’hui, la viabilité économique des entreprises y est très bonne et la maîtrise des coûts ainsi que l’impact environnemental y sont excellents », ajoute Maxime Richaud.

Opportunité pour Caréco

Pour l’organisation de Caréco, rien ne va changer puisque Caréco Saint-Etienne et Caréco Paris restent adhérentes du réseau et actionnaires de l’enseigne. « C’est le souhait d’Autocirc car Caréco bénéficie d’une image forte sur le territoire national. Autocirc veut être un appui au développement de Caréco car le groupe souhaite développer un vrai maillage sur le territoire », confirme Maxime Richaud. Même si d’autres acquisitions ne sont pas au programme, il n’est pas exclu qu’Autocirc poursuive sa stratégie de croissance externe en France. Par la reprise de centres Caréco par des adhérents vendeurs ou par le rachat de centres tiers. 

« L’actionnariat d’Autocirc n’est pas un fonds de pension mais un fonds d’investissement avec une vision à long terme. Ses fondateurs sont profondément ancrés dans le recyclage automobile avec leur quarantaine de centres VHU capables aussi bien de faire de la valorisation matière que de produire des pièces de réemploi en mécanique ou en carrosserie. En outre, il y a beaucoup plus de pièces à récupérer sur les VHU en France que les centres n’en récupèrent aujourd’hui et c’est pour ça que le marché français peut intéresser des acteurs étrangers », se réjouit Jean-François Grimaldi, directeur général adjoint de Caréco, qui voit donc l’arrivée d’Autocirc comme un vrai levier de développement pour la filière.

Mieux mutualiser les stocks

Ce que confirme Maxime Richaud. « Nous souhaitons simplement accéder à une mutualisation des stocks et Autocirc nous ouvre une fenêtre internationale de par ses 43 entreprises en Europe. Cela va sans doute nous permettre de répondre à davantage de demandes de réparateurs sur des pièces ciblées et sur des véhicules moins fréquents en France, et pas que de marque Volvo », sourit-il. D’autant qu’avec sa toute récente place de marché en ligne, lancée dans la foulée d’Equip Auto 2022, Caréco s’est doté d’une solution capable d’interfacer les stocks de ses adhérents – une quinzaine d’entre eux y sont déjà connectés – mais aussi ceux de ses partenaires, dont le nombre s’accroît progressivement.

Romain Thirion
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