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David Loy (Niterra) : «Pas d’effondrement de la demande de pièces pour moteur thermique»

Romain Thirion
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David Loy, Niterra

L’équipementier japonais table sur une croissance en 2025 pour les pièces dédiées au thermique et ne s’alarme pas du développement du parc électrifié.

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Quel bilan tirez-vous de l’année 2024?

David Loy : 2024 était une bonne année pour Niterra, avec une croissance à deux chiffres, sur la lancée de 2023. Le marché reste porteur car le parc roulant vieillit. Les bougies ayant des taux de remplacement importants, les véhicules qui restent dans le parc passent par un cycle d’entretien supplémentaire. C’est une réalité en Europe, notamment. Ailleurs dans le monde, le parc est en
croissance, donc la dynamique générale est bonne.

Quelles évolutions, développements et diversifications avez-vous réalisé au cours des derniers mois?

D.L. : Le groupe a acquis en mai 2023 le site web britannique Whocanfixmycar pour rapprocher les clients des ateliers, qui reste pour l’instant cantonné au marché britannique. Nous testons grâce à lui la simplification de la prise de rendez-vous en atelier, pour amener transparence et confiance entre
garagiste et client final. Celui-ci peut y déposer une note sur le garage qui a entretenu son véhicule, ce qui améliore cette confiance. Ce type de démarche a de l’avenir, comme le montre l’acquisition de RepairPal par Yelp pour 80 M$ aux ÉtatsUnis, en novembre dernier.

Quelle est la dynamique marque et produits du groupe?

D.L. : Il n’y a pas eu de nouveautés NGK en allumage cette année. Mais au niveau mondial, nous connaissons toujours une forte croissance sur les bobines d’allumage de la marque, que nous avions lancées en Europe il y a quelques années et que nous avons progressivement étendues au monde entier. Les garagistes associent facilement bougie et bobine, ce qui pousse les ventes. Côté capteurs à la marque NTK, le portefeuille s’étoffe tous les deux ans. Le dernier développement concerne les vannes EGR, en 2023, dont les ventes ont bien démarré. NTK est en croissance car elle regroupe des produits qui sont encore assez peu développés à la rechange indépendante et pour lesquels trop d’ateliers renvoient le véhicule à l’OES. C’est donc une activité qui peut encore croître en IAM, en Europe comme aux États-Unis.

Les défis que rencontrent les ateliers sont-ils les mêmes partout dans le monde en termes de productivité, de digitalisation, de RSE?

D.L. : Les contextes sont forcément très différents. En Chine, en EMEA et aux États-Unis, l’entretien est de plus en plus complexe car après le downsizing, les ateliers ont dû faire face au développement de l’hybridation. Les besoins d’équipement des ateliers en outils de diagnostic et en solutions d’accès à l’information technique sont toujours plus forts. En Chine et en Europe se pose désormais le défi d’entretenir les véhicules complètement électriques. Dans ce contexte, la formation est un challenge. En ce qui concerne la digitalisation, elle prend des formes différentes, avec de plus en plus de e-commerce. La Chine est assez pionnière en la matière. Au Brésil, de plus en plus de plateformes BtoB se mettent en place… Et il y a des démarches comme la nôtre avec Whocanfixmycar, pour rapprocher atelier et client. En Afrique et au Moyen-Orient, le défi de demain est celui de la montée en compétences des ateliers pour rendre le parc roulant plus sûr et moins émetteur de gaz à effet de serre. Il est aussi important de permettre à leurs populations d’accéder à des métiers qualifiés, donc nous passons des partenariats avec des gouvernements locaux – au Kenya par exemple – pour monter des cursus de formation. Dernier défi: la contrefaçon, contre laquelle nous nous engageons sur certains marchés en Afrique et au Moyen-Orient, et dans une moindre mesure en Asie du Sud-Est. Nous montons notamment un label en Afrique pour permettre aux ateliers formés et sensibilisés à cette problématique: Trusted Program.

L’OES gagne-t-il du terrain avec l’électrification des voitures?

D.L. : Cela dépend du type d’opération ! Pour un garage indépendant formé au travail sous haute tension, cela n’est pas forcément un challenge. Mais ils ne le sont pas tous, évidemment. Toutefois, parmi les nouvelles marques de véhicules, très peu ont des réseaux d’ateliers à la marque, donc il y a une carte à jouer pour la rechange indépendante.

Que signifie l’électrification pour Niterra, en termes de produits et de perspectives ?

D.L. : Dans un premier temps, nous ne prévoyons pas d’effondrement de la demande produits pour les véhicules thermiques en après-vente. Au contraire, la technicité des véhicules et l’augmentation des règles environnementales vont pousser au développement du marché et à la vente de capteurs, donc nous sommes confiants. En première monte, l’électrification sera un défi en Europe, et ça l’est déjà en Chine. Mais dans l’UE, nous attendons toujours de voir comment vont évoluer les règles du Green Deal. En R&D, nous continuons de travailler sur la céramique technique, avantageuse en termes de conduction électrique et d’isolation thermique.

Dans le monde, où l’OES se porte-t-il le mieux par rapport à l’IAM ?

D.L. : Au Japon, par tradition. En Chine également, car les consommateurs ont le réflexe d’aller chez le constructeur et la difficulté d’accès à certaines pièces les y oblige, en quelque sorte. Il y a aussi un vrai dynamisme des 4S (sales, service, spare parts and surveys) en Chine: ces concessionnaires qui vendent les véhicules et sont aussi forts en maintenance, avec un bon niveau d’équipements et d’offres.

Comment voyez-vous l’évolution du marché mondial de l’aprèsvente en 2025 et quelles sont les principales tendances que vous avez identifiées ?

D.L. : Nous anticipons une fois de plus une année de croissance, sur les mêmes fondamentaux : parc qui vieillit, croissance mondiale réelle bien que plus faible, malgré les alertes liées aux événements géopolitiques et/ou climatiques d’ailleurs. La circulation des bateaux sur le canal de Panama est toujours surveillée de près car il y a des restrictions. Le monde n’a pas pris tout à fait conscience des conséquences post-Covid et n’a pas mis en place les outils pour monitorer davantage la demande. Et au niveau des véhicules neufs, la grosse tendance – apparue très récemment – est l’augmentation massive des ventes de véhicules chinois: entre 10 et 30 % des ventes dans certains pays, avec des véhicules qui auront besoin de pièces en aftermarket.

Romain Thirion
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