Europe : singulière résilience
Entre tensions géopolitiques, coûts de l’énergie très élevés, trajectoire d’électrification de l’industrie auto européenne mise à mal... Dans un tableau plutôt sombre, l’aftermarket européen en général et la rechange indépendante en particulier ont fait preuve d’une singulière résilience !
Car le parc roulant continue de grandir et de vieillir (12,3 ans d’âge moyen pour les véhicules particuliers, dont 70 % dépassent les 4 ans), porté par des ventes de véhicules neufs en berne – électriques notamment – du fait de consommateurs d’autant plus circonspects face à la transition énergétique que les aides publiques pour l’acquisition de ces véhicules ont significativement baissé.
Aussi, les groupements de distribution ont pu tirer leur épingle du jeu grâce à leur activité sur le Vieux Continent : LKQ voit toutes ses activités américaines reculer au troisième trimestre, sauf en Europe où il annonce une croissance de 1,8 %. Et pourtant, le géant US devrait déployer un plan « d’austérité » sur l’Europe, qui a d’ailleurs déjà commencé en Belgique et sur certaines de ses positions non stratégiques en Europe centrale, et qui risque de se poursuivre sur 2025 ! Sur cette même période, son concurrent GPC (maison-mère d’AAG en Europe) a vu ses performances tirées par l’auto, avec une hausse de 4,8 % au global… mais + 5,7 % en Europe !
Un rouage essentiel à la mobilité
Bien sûr, l’électrification du parc reste un sujet central pour une rechange indépendante qui sait qu’elle ne saura négocier cette marche haute que si elle se forme aux nouvelles technologies, dispose d’une offre pièce adaptée, et surtout si l’accès à la data de ces véhicules est plein et entier ! Mais elle peut se rassurer en s’appuyant sur l’entretien d’un parc roulant de près de 290 millions de véhicules – très majoritairement thermiques –dont elle capte l’entretien à hauteur de plus de six entrées atelier sur dix.
Parmi ses points fort, un maillage d’une exceptionnelle densité : elle rassemble 282 000 distributeurs indépendants de pièces détachées et ateliers multimarques au sein de l’Union européenne, soit 80 % du total des ateliers de l’UE. Une empreinte qui est le résultat d’un mouvement de réduction de 70 000 à 54 000 du nombre de concessionnaires par les constructeurs entre 2010 et 2023 alors que, dans le même temps, l’IAM ouvrait 9 000 nouveaux ateliers ! Un maillage et une chaîne logistique optimisée, avec en moyenne sur l’Union européenne 30 % des livraisons assurées cinq fois (et plus) par jour, 23 % trois à quatre fois par jour et 34 % une à deux fois par jour...
Benelux et Espagne en mode consolidation
En 2024, peu de grands mouvements de concentration ont pu être observés en Europe, environnement économique incertain oblige. Toutefois, deux zones semblent avoir cristallisé les investissements : l’Espagne d’abord, qui après de grandes annonces de rachats par AAG (Lausan en 2022 puis Gaudi l’année suivante), a vu cette année le groupe PHE à la manœuvre, avec le rachat en début d’année par AD Serca du distributeur d’Alicante, AD Vicente. En novembre dernier, la maison-mère d’Autodistribution a annoncé la création de PHI – Parts Holding Iberia –, nouvelle centrale d’achat pour la péninsule devant accompagner la croissance du groupe en Espagne.
Au Benelux cette fois, plusieurs acquisitions sont à souligner. Tandis que Doyen est entré au capital d’Autofix, un partenaire historique, AAG a effectué plusieurs emplettes avec les rachats successifs de Roskamp ainsi que Habu Automaterials aux Pays-Bas. En parallèle, le groupement de distribution, propriété de GPC, mettait la main en Belgique sur SDS Carparts puis Eldis NV. À noter : pour plus de lisibilité sur certains marchés, ce même AAG harmonise ses panneaux : PartsPoint pour couvrir les Pays-Bas, AAG en Allemagne ou encore… NAPA Auto Parts en Grande-Bretagne !
Certes mature, l’Europe reste toujours en voie de consolidation, même à l’Ouest. La deuxième vague de concentrations évoquée dans le précédent Atlas, notamment en Europe centrale et de l’Est, n’est donc que partie remise…