LKQ Europe réorganisé pour réaccélérer sur la croissance

Caroline Ridet
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Varun Laroyia

En octobre 2022, Varun Laroyia succédait à Arnd Franz, après trois ans aux com- mandes du leader européen pour l’initiateur du grand plan d’harmonisation One LKQ. Le nouveau directeur général a agi vite en redessinant la gouvernance et redéfinissant les priorités. Changement de rythme mais pas de cap, avec une cible : l’accélération de la croissance. 

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Difficile de lire dans les chiffres des géants américains de la rechange. Il y a ceux bruts, et ceux fournis en « monnaie constante » expurgés de l’incidence des taux de change fluctuants entre l’euro et le dollar. La gymnastique permettrait de mesurer plus sûrement la réelle tendance des performances opérationnelles ! Et troisième étage de décryptage de l’activité, la croissance organique (hors effet de croissance externe). Résultat : sur neuf mois 2022, la firme de Chicago annonçait un business de sa filiale européenne en recul 5 % (version pour les financiers), où en « version » hors effet devises à +5,7%. Calcul baroque lorsque l’on sait que le business Europe est engrangé en euros ! 2022 devrait se clôturer autour des 6 Md€ de chiffre d’affaires. 

Bilan dans les clous 

Un bon bilan pour l’équipe européenne qui affirme être en ligne avec ses attentes. « Nous sommes dans le business plan. Et même les régions les plus en difficultés, l’Europe de l’Est pour cause de guerre en Ukraine et l’Italie où nous avons beaucoup perdu mais qui se redresse aujourd’hui, restent profitables», indique Alex Gelbcke, CEO Fource (France-Benelux) et responsable de l’activité BtoB. «Notre volonté est d’avoir un résultat pérenne et une capacité à investir sur le long terme grâce à un bon niveau de cash-flow. Cela demande des efforts d’intégration qui ont mobilisé beaucoup d’énergie », poursuivait-il en octobre dernier. Et donc rien à voir avec le départ d’Arnd Franz – « qui nous a pavé la route vers un très beau futur » et qui n’a pu résister aux sirènes de la présidence de Mahle, équipementier allemand de premier plan où il avait œuvré près de vingt ans avant de rejoindre LKQ. 

Nouveau rythme pour One LKQ

En revanche, en quittant Chicago et la direction financière du groupe pour reprendre les rênes de la filiale Europe, le Britannique Varun Laroyia avait bien dans le viseur une priorité : retrouver un clair chemin vers la croissance. La première action du nouveau patron de LKQ Europe a été de retirer une couche du millefeuille managérial afin d’alléger la chaîne décisionnelle, qui dérivait vers la centralisation dans le cadre du nécessaire plan d’intégration.

Exit la tentation d’une organisation verticale. Outre des fonctions supports allégées, retour à la case décentralisation pour coller aux spécificités des marchés avec cinq CEO régionaux responsables de la profitabilité de leur activité et décisionnels sur le commerce. Un cercle proche de Varun Laroyia « qui a un vrai sens du business et de l’opérationnalité ». « Dans la vie des entreprises, il y a des phases. Arnd Franz a dessiné le futur, établi la vision et mis en place ce qu’il fallait pour avancer. Son successeur, qui a été partie prenante de ce plan, arrive au moment où il faut réaccélérer et redonner de l’agilité à l’organisation. Varun Laroyia a une véritable volonté de continuer la croissance, mais sur un nombre de chantiers réduit », insiste le CEO de Fource. « Avec One LKQ, nous avons voulu avoir des solutions novatrices sur tous les aspects du métier. Mais la réalité est que tous les marchés sur lesquels nous sommes présents n’ont pas tous la même maturité.»

D’où la deuxième décision stratégique marquante : recentrer les actions sur des projets prioritaires au sein du tentaculaire chantier d’uniformisation du plan One LKQ (ERP, MDD, portails clients, centralisation des achats...). Pas de changement stratégique, mais du rythme, avec du pragmatisme. « Varun Laroyia regarde ce qui n’a pas pu être déployé pour s’y attaquer en allant plus vite que précédemment, d’où son approche sélective sur les chantiers de transformation.» 

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LKQ EUROPE GELBCKE Alex

« Pour que LKQ devienne une marque à part entière en Europe, nous avons commencé à apposer notre logo sur les façades. » 

Consolidation des marchés 

La France a été un gros pôle d’accélération en 2022, avec le renforcement du maillage via l’ouverture de trois dépôts (Toulouse, Paris-Les Ulis et Nantes) permettant à la filiale de finir 2022 avec six plateformes logistiques sur huit mois, auxquelles sera ajoutée une huitième en janvier 2023 avec l’ouverture de Marseille. Et à terme, LKQ devrait installer un hub central dans l’Hexagone, « mais ce n’est pas un dossier prioritaire ». Résultat : la filiale, qui stagnait faute d’investissement, a atteint les 100 M€ de CA et vise le cap des 500M€ de business à l’horizon 2025-2027, pour que la France ne soit plus un marché marginal au sein de LKQ Europe, «mais un acteur national“costaud”, et donc une vraie alternative aux deux leaders français».  But atteignable d’autant que LKQ va (enfin) commencer à utiliser son levier de prédilection: la croissance externe par acquisition. « Entre acquisitions et partenaires BPN, nous devrions compter un peu plus de 80 nouveaux sites à cette échéance », assure Alex Gelbcke.

Clairement, le business plan des patrons de zone est au moins d’être dans le Top 3 par pays, ce qui est loin d’être le cas en France. Présent dans vingt pays, LKQ s’offre le leadership aux Pays-Bas, en Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, République tchèque. Pour les autres, les investissements devront continuer, « comme un jour nous investirons dans la péninsule ibérique dont nous sommes encore absents »

Des investissements à venir

Et LKQ croit en sa bonne étoile « et surtout à notre offre cohérente, notre service fiable et le fait d’arriver avec des solutions innovantes en phase avec la mutation de l’écosystème ». D’où le déploiement en Europe de son concept de garage dédié à l’électrique Moobi, la volonté affirmée de se déployer dans l’économie circulaire au départ du Suédois Atracco, son site pilote de recyclage automobile (500 000 pièces de réemploi produites par an), et le projet bien avancé de s’installer sur le marché émergent du remanufacturing des batteries de véhicules électriques. «Aujourd’hui, si LKQ gagne de l’argent, c’est aussi pour le réinvestir dans nos outils, dans nos développements régionaux, dans des nouvelles technologies... Et nous voulons accompagner les garagistes vers ce futur. »

Caroline Ridet
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