T. Tabiasco : « AAG priorise des acquisitions liées à la pièce de réemploi »

Muriel Blancheton
Image
Thomas Tabiasco AAG France

En janvier dernier, Thomas Tabiasco prenait la direction générale d’Alliance Automotive Group France. Six mois pour prendre à bras-le-corps les multiples dossiers prioritaires de la filiale française de l’américain GPC :  la méga-Hub First, la MDD Napa, la franchise Pièces Auto, et l’atout durable Back2Car. Revue de détails. 

Partager sur
Comment avez-vous traversé ces six premiers mois immersifs à la tête d’AAG France ? 

Thomas Tabiasco : Ma priorité fut d’aller sur le terrain, à la rencontre des distributeurs et des clients grands comptes ! Un excellent exercice pour mesurer combien le groupe est aligné avec son marché. Nous avons également initié une convention inédite en juin dernier rassemblant nos cinq groupements (Groupauto, Precisium, Pièces Auto, G-Truck et MP Truck). Une manière de faire tomber les frontières entre ces acteurs qui normalement sont concurrents sur leur terrain respectif. Un moment d’échange privilégié durant lequel nos clients ont perçu notre dynamique et l’ensemble de nos solutions pour les accompagner. 
 

Qu’entendez-vous par apporteur de solutions ? 

T.T.: De la plateforme First de Saint-Fargeau (77) que nos distributeurs ont pu visiter lors de la convention, jusqu’à NAPA et Back2Car en pièces alternatives, nous mettons tout en œuvre pour répondre aux besoins des pros et des clients finaux. Nous en récoltons les fruits d’ailleurs avec 9% de croissance en 2023 vs 2022, Dans un contexte d’hyperinflation, tous les équilibres économiques sont remis en question et c’est notre responsabilité d’être toujours plus efficace pour proposer la meilleure offre à nos clients au pouvoir d’achat sérieusement attaqué. Voilà notre ligne directrice. 
 

Justement, comment s’infuse NAPA chez les distributeurs ?

T. T. : Nous enregistrons une progression de 75 % des ventes en 2023 vs 2022 car l’offre répond parfaitement à la demande. La marque atteint maintenant 10 % du CA pièces global d’AAG. Pour preuve, 50% de nos adhérents se sont engagés dans le développement de la marque NAPA et les chiffres montent chaque mois. Les commandes sont lancées, nous allons élargir notre offre en carrosserie, nous planchons sur l’implantation des pneumatiques et d’autres gammes à volumes. Tout le monde y voit son intérêt. C’est une vraie marque, très qualitative et avec un positionnement prix parfaitement adapté qui répond à la demande avec un catalogue enrichi en permanence (VL, PL et carrosserie). Les retours clients sont excellents et la marque crée un lien d’appartenance très fort ! 

Le lancement prochain de First sera également un atout de fidélité pour vos clients ? 

T. T. : En effet, la plateforme sera en phase de tests au second semestre pour un vrai démarrage début 2024. Les commandes sont lancées, nous allons élargir notre offre en carrosserie, nous planchons sur l’implantation des pneumatiques... La cellule automatisée avec Exotec nous permet d’anticiper l’intégration de toutes les pièces quelles qu’elles soient et d’être plus vertueux avec un gain de 50 % sur notre coût énergétique. First est la première pierre de notre optimisation logistique. Et c’est elle qui nous fera gagner en productivité (taux de service, gestion des retours) pour nous permettre d’optimiser notre offre de services tout en maintenant des tarifs compétitifs. Nous avons également des projets de plateformes en Angleterre, en Espagne et en Allemagne, mais elles seront adaptées à leur marché respectif. 

Avez-vous des rachats d’indépendants en ligne de mire ? 

T.T.: Nous avons déjà intégré Paris Pontoise Poids Lourds et le distributeur Bellecave au premier semestre 2023 en France, ainsi que MEA, Damtachy et le centre VHU Buquet Auto Pièces. L’avenir dira si d’autres acquisitions viendront s’ajouter, sachant que nous maintenons une moyenne d’une vingtaine d’acquisitions par an au niveau européen. L’objectif est d’être toujours présent et d’assurer la transition dans le cadre d’une transmission par exemple. Ce qui signifie qu’il y aura d’autres fusions-acquisitions à l’avenir, mais elles seront très sélectives. La rentabilité de l’entreprise est essentielle, mais nous considérons aussi l’intérêt stratégique et géographique et la facilité d’intégration, notamment avec nos systèmes d’informations. Nous priorisons des acquisitions liées à la pièce de réemploi, à l’image de Buquet Auto Pièces. Nous avons de puissants accords avec les assureurs et nous devons absolument continuer à augmenter notre offre en VHU pour avoir plus de pièces de réemploi à proposer à nos clients. D’autant que nous lançons la garantie à vie sur ces pièces dès le 1er septembre, preuve de notre confiance en leur qualité ! 

Comment grandit Pièces Auto ?

T. T. : Nous enregistrons 177 distributeurs affiliés et nous visons les 250 fin 2023 à un rythme de 6 transferts mensuels. Et en dehors des ex-Partner’s et Gefa, nous prévoyons de la croissance organique avec une franchise allégée. Le concept séduit les jobbers des grandes agglomérations par son côté « clés en mains » : une taille réduite (100 m2), un mini-stock de 30000 € et un CA moyen de 700 K€... Le dispositif place d’office Pièces Auto dans un concept additionnel qui ne vient pas cannibaliser les Groupauto et les Précisium. D’ailleurs ces derniers peuvent ouvrir des Pièces Auto – certains le font déjà – comme ils ont pu le faire avec des Étape Auto. 

Quel sujet vous préoccupe actuellement ?

T.T.: À court terme, l’inflation car elle met sous pression toute la profession. La situation que nous vivons bouleverse les fondamentaux de notre écosystème. Nous sommes impactés par des prix d’achat en forte augmentation en amont ainsi que par les hausses énergétiques, aussi nous devons déterminer le bon prix en aval, ce qui sous- entend de trouver des solutions alternatives (Back2Car, NAPA), d’en prendre une partie sur nos marges s’il le faut, sans oublier d’optimiser le coût du transport et du stockage.

Nous observons quelques défaillances chez les réparateurs et nous devons les soutenir avec leurs distributeurs. C’est aussi notre rôle de les accompagner. Nous les incitons d’ailleurs fortement à augmenter leur taux de main-d’œuvre, nous ne le répéterons jamais assez. Les réparateurs doivent accepter d’assumer la qualité de leur prestation.

À plus long terme, nous devons trouver le bon équilibre entre notre rôle de distributeur traditionnel et notre responsabilité pour préparer les enjeux de demain. Chez AAG, nous croyons en l’innovation dans la supply chain et les nouvelles technologies, mais aussi dans la transformation de la filière. Un point sur lequel je veux vraiment appuyer car nous avons un vrai rôle à jouer sur notre impact en termes de RSE et d’empreinte carbone. Nous nous sommes déjà positionnés via First, Nexdrive ou encore la pièce de réemploi et le remanufacturing. L’occasion de rappeler que Back2Car est un atout majeur que ne détient pas la concurrence ! 

Muriel Blancheton
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire