Top 35 peinture : à la croisée des demandes

La situation inflationniste de l’année 2022 s’est sérieusement améliorée au cours du second semestre 2023, si bien qu’en 2024, la majorité des distributeurs de peinture disent ne plus ressentir d’impact sur le front des achats. En effet, « le marché est revenu à des hausses de prix cohérentes typiques de l’avant-Covid, de l’ordre de +3 à +4 %. Certains fournisseurs n’ont pas augmenté leurs tarifs, d’autres les ont même baissés », reconnaît Romain Proton (Guiproman), distributeur Groupauto des Bouches-du Rhône.

Certains fabricants challengers ont même carrément gelé leurs prix, à l’image de General Paint. « Les tarifs du 1er janvier 2023 seront maintenus jusqu’au 31 décembre 2024. Ce qui fait deux années pleines sans hausse. Bien sûr, le distributeur, lui, peut faire des augmentations en fonction de la réalité de son entreprise ou de son marché, s’il l’estime nécessaire », explique Sam Younes, dirigeant de la filiale France du fabricant libanais.

Si les résultats de l’exercice écoulé sont donc encore marqués par l’inflation du S1 2023, ce n’est plus le cas si l’on s’en tient aux douze derniers mois. Et si l’activité est toujours soutenue dans les ateliers, les délais de paiement s’allongent et certains distributeurs avouent ainsi plafonner les niveaux de commande. « 2023 était une année spéciale, car le marché sortait d’une période de hausses et les clients stockaient davantage. Le début d’année, notamment, était surévalué car il y a eu des achats spéculatifs. Les volumes livrés début 2024 sont bien inférieurs à ceux du début 2023 », reconnaît Damien Bontemps, responsable national du développement des ventes carrosserie d’Autodistribution.

Celui-ci confirme par ailleurs que le bon niveau d’activité des ateliers apparaît un peu en trompe-l’œil. « Le marché 2024 est complexe, aussi bien côté produits de peinture que côté fournitures. Le CA main-d’œuvre des carrossiers est en baisse. C’est aussi lié au manque de ressources humaines : si les plannings sont très chargés dans les ateliers, cela traduit une pénurie de bras, en réalité », rappelle D. Bontemps.

Alors qu’ils avaient traversé les années Covid-19 sans trop de casse, grâce notamment au PGE, les carrossiers “tirent davantage la langue“ en 2024. Et font de nouveau la chasse aux prix bas, de l’avis général des distributeurs interrogés pour ce Top 100. Les spécialistes comme les multispécialistes enregistrent une demande toujours plus importante de produits moins chers, avec une recrudescence des requêtes concernant les marques B, qui prennent des parts de marché de plus en plus importantes.

Les MDD, dans ce contexte, rencontrent également leur public, notamment en para-peinture, d’où le succès d’Isotech (Autodistribution), NAPA (AAG) et T-Euro (Centaure). Et ce, alors que la pression réglementaire et celle des apporteurs d’a‚ aires vis-à-vis de la maîtrise de leur empreinte carbone réclament un usage de produits toujours plus performants. Et donc plus chers. À la croisée de ces demandes, l’accompagnement avisé du distributeur est plus que jamais attendu.