Autodistribution paré pour la suite. « Le dispositif est aujourd’hui construit. Les fondations sont solides, maintenant c’est une machine qui déroule », décrit un observateur du marché. Du côté des groupements rassemblés autour d’Alliance Automotive Group, la structuration est plus en mode « chantier ». Les deux leaders cochent quasiment toutes les cases permettant de suffisamment resserrer les liens avec leurs adhérents pour gagner des points en taux de fidélité. « Le groupement nous aide sur tous les points, les conditions d’achat, les plateformes (Logisteo, peinture, technique, Cora), les réseaux mécaniques et carrosserie, et surtout la communication et l’entraide entre distributeurs et centrales », confirme Gauthier Leroy (Grandblaise-Leroy – Autodistribution). De quoi montrer que la force du réseau devient vitale. « Être isolé sans bénéficier du levier de la clientèle captive d’un réseau de distributeurs qui permet de canaliser la demande va devenir de plus en plus compliqué », commente un acteur.
Des « petits » à l’offensiveD’où une accélération bien visible dans les autres groupements. L’Agra poursuit son maillage logistique. Urgence à « faire groupe » chez ID Rechange pour la nouvelle équipe qui s’est mise en mode super-actif afin de ne pas rater la fenêtre, de fidéliser ses troupes mais surtout de séduire de nouveaux indépendants. Alternative Autoparts continuent de fédérer les « petits jeunes » en espérant tout de même concrétiser quelques grosses prises. Il accélère pour poser ses pions logistiques, faisant dire à certains « à force, il y aura plus de plateformes badgées AA que de distributeurs ». Même API-Doyen, pourtant dans le giron PHE tout en affirmant son autonomie, repart en conquête avec dans le viseur dix nouveaux adhérents par an sur les prochaines années après deux ans de latence. Enfin, VHI lutte pour continuer de s’étendre, conscient de son actionnaire principal et numéro un du marché européen est autant un atout qu’un repoussoir pour les indépendants qu’il est chargé de séduire.
De l’importance de garder une taille humaineCar tous en sont convaincus : leur modèle alternatif peut grandir à l’ombre des leaders. Ils ont une carte à jouer pour attirer les distributeurs recherchant « une organisation à taille humaine », mais disposant tout de même des atouts logistiques, à défaut de bénéficier des conditions d’achat captées par les deux grands. Si bien sûr tous ont en ligne de mire l’organisation PHE et AAG, ce sont aussi l’arrivée des modèles Internet et constructeurs sur leur terrain de jeu rechange indépendante qui les bousculent avec des tarifs de conquête qui « nous obligent à être plus performants ». « Si les constructeurs vont vers des bas prix, les groupements vont devoir se battre et être très forts pour remettre les produits sur le marché. S’il y a trop de différence entre les constructeurs avec leurs plateformes et nous, il y aura problème. Donc nos groupements vont devoir être attentifs par rapport aux prix du marché, quitte à en redistribuer un peu plus sur l’étage de la distribution », analyse lucide Vincent Ferron (Groupe Ferron – Précisium). À bon entendeur, salut !
Caroline Ridet