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Les ateliers français à l’heure du Covid-19

Girault Nicolas
Sur le terrain, la réalité des réparateurs confronté à l'épidémie de coronavirus varie en fonction du degrés de son impact sur les régions. Mais tous s'adaptaient dès avant la proclamation officielle du confinement.
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Quelques heures avant la déclaration présidentielle et l'énoncé du dispositif de confinement par le ministre de l'Intérieur du lundi 16 mars, l’impact du Covid-19 sur les ateliers reste très variable. Lundi, le plus alarmé est un garagiste AD de la banlieue strasbourgeoise, région particulièrement touchée par l'épidémie. « Nous livrons toutes nos voitures en chantier aujourd’hui et demain. Après nous fermons le garage, quelle que soit la décision de Macron. Il faut arrêter de rigoler et limiter strictement les contacts entre tout le monde », affirme-t-il. A l’opposé, non loin de la frontière italienne un Best Drive ne constate aucun changement dans son activité, excepté quelques rendez-vous annulés. « Nous attendons les instructions du siège », précise-t-on stoïquement dans cette filiale.

Précisément, tous les réparateurs interrogés voient certains clients décommander des réparations sur leur véhicule. Dans la région Centre, « nous ne nous faisons pas trop de soucis sur l’activité. Nous nous attendons à ce que des mesures de confinement soient prises et nous nous organisons en conséquence. Nous nous occupons des chantiers en cours jusqu’à demain et nous attendrons la suite », explique Nicolas Lyon, agent Citroën à Nérondes (18). Il ne connaît pas de problème d’approvisionnement pour l’instant.

Situation différente en Île-de-France, dans les deux grandes carrosserie CDA où l’on observe déjà des pénuries sur certaines lignes de pièces chez certains constructeurs. « Nous rentrons peu de voitures. Certains veulent les garder où les récupérer pour quitter la région. Sur les treize missions de SAD prévues aujourd’hui seules quatre ont été réalisées. Donc, on gère les urgences comme nous le faisons depuis vendredi et la production va s’arrêter d’ici deux à trois jours », constate Jean-François Grimaldi, responsable commercial. Une ambulance qui pouvait encore rouler y a été rendue avant réparation… Economiquement, il s’attend à devoir payer le prix fort. Une situation qu’il comprend et accepte… Car surtout en interne, « le plus important c’est la santé du personnel. Certains ne sont pas chauds pour travailler. Nous leur passons un message de civisme en les appelant à prendre la situation au sérieux. »

On retrouve ce souci de préserver l’humain chez Sébastien Staels à Lille. Son entreprise de distribution de peinture et d’ores et déjà fermée. Dans sa carrosserie Lavoisier et ses deux garages Point S, on s’est organisé. « Nous demandons aux clients de respecter une heure précise pour se rendre à leur rendez-vous, afin de ne croiser personne. La zone d’accueil est désinfectée deux fois par jour. J’ai dû demander à un compagnon qui toussait de rentrer chez lui, par sûreté. Autrement, chacun est à son poste. Le personnel communique sur un groupe WhatsApp », explique le réparateur. Côté activité, « nous n’avons aucune visibilité, mais nous avons fait le point la semaine dernière et nous nous sommes dépêchés de livrer des véhicules avant le confinement. Nous avons aussi stocké du travail. » Mais surtout, lui aussi insiste sur l’importance de préserver la santé de tous.

Plus inquiétant en Seine-Saint-Denis, « certains clients se fichent complétement de l’épidémie. Nous en avons même subi deux qui nous ont toussé à la figure pour rigoler », explique la gérante d’un Point S. A l’accueil de ce site – comprenant une station-service et un centre de contrôle technique en plus de l’atelier – les personnels d’accueil sont équipés de gants et de masques pour recevoir les clients. Ici aussi, l’atelier connaît une baisse sensible de son activité.

Pour l’instant, les effets de l’épidémie sur les réparateurs automobiles varient donc d’une région à l’autre. La majorité des professionnels ont pris des mesures dès avant l’annonce des mesures gouvernementales. Reste donc à suivre l’évolution de leurs activités à partir de ce jour 1 du confinement.

Girault Nicolas
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