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Analyse – Étonnante Autodistribution… de dividendes !

Jean-Marc Pierret
Autodistribution vient de s’endetter de 60 millions... pour reverser 40 millions à ses actionnaires. Vue comme ça, cette (auto)distribution de dividendes pourrait agacer. Mais une mise en perspective rend l’exercice plus cohérent et proportionné. Voire même légitime…
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L’Agefi la première, puis notre confrère Décision Atelier, ont évoqué la récente prise de dividendes des actionnaires d'Autodistribution, à savoir la coquette somme de 40 millions d’euros. Est-ce critiquable en soi ? Est-ce seulement disproportionné et surtout, est-ce au détriment des projets d’Autodistribution ?C’est la vocation naturelle d’un actionnaire : se rétribuer sous forme de dividendes. Et le premier constat que l’on peut faire, c’est bien que Towerbrook et ses confrères actionnaires d'Autodistribution n’ont guère été gourmands en la matière depuis 6 ans qu’ils dirigent l’entreprise. C’est la première fois qu’ils se rétribuent. Et à l’aune du 1,2 milliard de chiffres d’affaires du groupe et de ces années de prudente abstinence, c’est même, somme toute, assez raisonnable…Sur la façon dont ces 40 millions ont été financés, il est certes a priori choquant pour un béotien de voir une entreprise s'endetter ainsi pour pouvoir rétribuer son actionnaire. Mais en fait, c'est plutôt malin. Pour ce faire, Autodistribution a porté à 300 millions d’euros sa dette obligataire souscrite initialement le 31 janvier 2014 pour 240 millions. Ces derniers avaient servi à refinancer des dettes historiques arrivant à échéance tout en permettant des investissements stratégiques comme le rachat réussi d’ACR sans avoir à ponctionner dans la trésorerie de l’entreprise. A l’époque, Stéphane Antigilio, le président d'Autodistribution, l’avait présenté comme une mesure de saine gestion.
Qui s'endette s'enrichit...
C’est malin parce qu’apparemment, les marchés financiers le confirment : ces 60 nouveaux millions d’obligations ont été souscrits à un meilleur taux que les 240 premiers, souligne Christophe Gouthière, le directeur financier d’Autodis (holding d’Autodistribution). «Même si le taux obligataire de 6,5% reste optiquement le même, nous avons pu lever ces 60 millions supplémentaires à de meilleures conditions, ce qui confirme la bonne image financière d’Autodistribution», se félicite-t-il. Parallèlement, il souligne que l’EBITDA(*) de 68 millions d’euros constaté en fin d’année dernière affiche maintenant une tendance de 80 millions sur 12 mois glissants. Bref : dans le contexte financièrement sain d’Autodistribution et au vu des complexes règles qui régissent la Finance, il arrive même que “qui s’endette s’enrichisse”…C’est donc une Autodistribution considérée par le monde financier comme “bankable” qui a pu distribuer ces 40 millions de dividendes pour 63% à Towerbrook, 18% à Investcorp et le reste «à d’autres créanciers et dirigeants», a détaillé l’agence financière Agefi. Le 22 mai dans les colonnes de notre confrère Décision Atelier, Stéphane Antiglio, le président d'Autodistribution, relativisait un peu plus ces 40 millions d'euros en calculant que «proportionnellement, c’est comme si un patron de garage entreprenant, qui a investi dans un atelier qui génère 400 000 euros de CA, touche une prime annuelle de 2 800 €. Nos actionnaires sont très raisonnables. Ils ont su attendre que le groupe ait une rentabilité saine pour se rémunérer».
Une séduisante mise en lumière
Christophe Gouthière en profite pour réaffirmer que, malgré les rumeurs récentes, la vente d’Autodistribution n’est pas à l’ordre du jour. Ces dividendes sont même, explique-t-il, un symptôme inverse : ils viennent récompenser la volonté de Towerbrook de continuer d’accompagner le leader de la distribution dans la durée. Comme une sorte de bonus reconnaissant aux actionnaires patients et responsables, au terme de leurs six années d’efforts aussi fructueux pour l'entreprise que financièrement improductifs pour eux…Cela étant, il y a aussi un positif effet “Kiss Kool” au contexte de cette printanière giboulée d'euros. Un EBITDA en hausse, une capacité à lever des fonds à de bonnes conditions et avec la bénédiction des banquiers, le tout sans interdire la rétribution d'actionnaires affichant en passant leur peu d’empressement à se défaire de l’entreprise : voilà qui ne peut pas nuire à la partie subjective de la valorisation d'Autodistribution. Surtout à une époque où les liquidités sont à nouveau disponibles et les occasions de bien les investir, encore peu nombreuses.Avis donc aux amateurs...(*)EBITDA: en anglais, «Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization», c’est-à-dire «résultat avant soustraction des intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations».
Jean-Marc Pierret
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