Oscaro rimera-t-il vraiment avec Casino?

Jean-Marc Pierret
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Et voilà qu'Oscaro pourrait ouvrir des “shop corners” dans certains points de vente du groupe Casino. L'éventualité a été annoncée par Tina Schuler, directrice générale des enseignes Leader Price, Casino Supermarchés, Géant et Proximité. Mais n'a-t-elle pas été un peu vite en besogne ?
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Tina Schuler Tina Schuler.

Oscaro pourrait ouvrir des shop corners chez Casino, a annoncé Tina Schuler, la directrice générale des enseignes Casino et Leader Price dans une récente conférence de presse. Pour faire face à la baisse de la fréquentation (-3,3 %) des 10 000 points de vente du groupe de distribution qu'elle dirige, elle souhaite réinventer l'hypermarché en s'ouvrant ainsi à des marques connues et attractives, notamment non-alimentaires.

Il est question en somme pour Casino de profiter du trafic généré par de multiples foyers de click and collect pour d'autres marques permettant de capter le trafic physique des clients venant prendre livraison d'une commande en ligne entre ses linéaires. D'utiliser ce fameux cross-canal visant à réconcilier le commerce et le e-commerce dans une symbiose “phygitale” .

La frime de la rime ?

Oscaro, Casino... Il est vrai que la rythmique des mots et des sons sonne juste et fort comme un pré-slogan publicitaire. Est-ce aussi pour cela que Tina Schuler a cité le célèbre site de vente de pièces en ligne pour illustrer sa stratégie ?

Il semble acquis que des discussions ont été menées en ce sens durant le management de transition du pure-player assurée par Philippe Nobile, directeur au sein d'un BCG fatalement sensible aux stratégies novatrices. Mais il reste maintenant à attendre que Jan Löning, le récent directeur général nommé depuis avril dernier, accouche d'un plan stratégique.

Rester prudent

En outre, depuis cette déclaration de T. Schuler de début mai, la grande discrétion d'Oscaro comme de son propriétaire Parts Holding Europe pose évidemment question. C'est typiquement le genre d'annonce dont on prépare et maîtrise le discours et les éléments de langage à destination de l'externe comme surtout de l'interne. Ce qui ne semble pourtant pas avoir été le cas, accréditant la thèse qu'il y a encore loin de la coupe aux lèvres...

À l'occasion du rachat du leader français de la vente en ligne, Stéphane Antiglio, président de Parts Holding Europe avait bien pris soin de scinder le business traditionnel de la pièce (incarné par Autodis Group) de celui du digital. Pour éviter toute confusion entre Autodis, Autodistribution et Oscaro, il avait rangé ce dernier dans une autre et nouvelle filiale baptisée Digital Auto Parts Holding. Et l'on sait que des trésors d'explications avaient été déployés à l'époque des ultimes négociations de rachat du pure-player pour convaincre le réseau de distributeurs Autodistribution que PHE ne ferait pas ainsi entrer le loup digital dans la bergerie traditionnelle (voir «Autodis Group/Oscaro (suite) : ce qu’il faut en retenir…»).

Même si la pilule est depuis passée, difficile tout de même d'imaginer que PHE aurait laissé le Groupe Casino annoncer une telle stratégie sans une élémentaire coordination entre les deux partenaires.

Casino ne rime pas avec Autodistribution Proxi

Car évidemment, dans l'environnement du groupe où cohabitent la distribution traditionnelle de pièces et maintenant Oscaro, toutes les vieilles querelles de prix et de communication ne sont pas encore éteintes. En outre, Autodistribution ouvre discrètement mais régulièrement des magasins urbains et péri-urbains baptisés Autodistribution Proxi qui proposent eux aussi des comptoirs avancés, dans des zones identifiées comme alliant trafic commercial et pouvoir d'achat réduit.

Le premier s'inaugurait à Noisy-le-Sec fin 2015. Puis suivaient Clichy-sous-Bois, Saint-Denis, Osny. Après la région parisienne sont venus Lens, Chartres, Grenoble, Rouen. Un point de vente vient juste d'être inauguré à Lyon. Au total, une bonne dizaine d'Autodistribution Proxi existent déjà qui semblent donner satisfaction aux distributeurs Autodistribution qui ont opté pour le concept. Si tu ne vas plus au comptoir, le comptoir ira à toi...

Wait and see...

Pas facile donc d'expliquer que d'un côté, Parts Holding Europe veut porter ainsi la pièce équipementière à un juste prix -mais raisonnable et raisonné- à ce même consommateur qui pourrait aussi la trouver au prix Oscaro -donc déraisonnable du point de vue des distributeurs traditionnels- dans les meilleurs shop corners savamment sélectionnés parmi 10 000 points de vente Casino.

D'autant qu'Oscaro n'a même pas de marque de distribution pour adoucir l'impact au moins psychologique qu'aurait son débarquement chez Casino à des tarifs fatalement violemment bas pour des pièces équipementières.

A suivre donc. Comme d'habitude, nous vous tiendrons au courant...

Jean-Marc Pierret
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