[Atlas] Distributeurs PR : retour annoncé à la table des géants
La crise sanitaire n’a fait que mettre entre parenthèse les grandes concentrations dans la distribution indépendante. Partout, les déjà géants du secteur sortent de 2021 avec d’excellents chiffres et même des stocks revalorisés grâce à cette hausse des prix qui n’a donc pas que de mauvais côtés. Les appétits vont se réveiller et les consolidations vont donc inévitablement reprendre…
Comme ils semblent d’un autre temps, ces petits distributeurs locaux de proximité de la fin du siècle dernier. Sans bruit, ils se sont anoblis stockistes, puis logisticiens pour se hisser ensuite aux dimensions régionales, puis nationales, puis continentales et maintenant mondiale.
Leurs deux premiers ITGs (International Trading Groups) que sont Nexus et ATR pèsent respectivement près de 40 et près de 30 Mds€ ; les groupes de distribution leaders, GPC et LKQ Corp., affichaient en 2019 environ 12 et près de 20 Mds$. En Europe, leurs homologues sont une dizaine à dépasser ou approcher les 2 Mds€. Sur le nouveau Continent, le Top 5 des distributeurs concentre quelque 50 Mds$...
Puissants par leurs concentrations capitalistiques ou via leurs groupements, agiles par leurs encrages locaux, ils viennent collégialement de prouver durant cette crise inédite et durable de l’offre qu’ils ont, partout sur la planète, les reins suffisamment solides pour amortir les à-coups d’approvisionnement et assurer leurs livraisons quotidiennes dans des millions d’ateliers VL, VUL et PL.
Reprise d’élan grâce à un superbe 2021
Le grand mouvement de concentration que les distributeurs du monde entier ont déjà initié depuis une dizaine d’années va pouvoir redémarrer avec une évidente et stratégique gourmandise, d’autant que les acteurs de la pièce sortent renforcés des deux premières années de cette crise. La pénurie mondiale de VN accélère un opportun vieillissement du parc qui est leur fonds de commerce. La hausse des prix des pièces et composants leur livre parallèlement un paradoxal et inédit atout dont bénéficient d’ailleurs tous ceux qui ont des stocks : ces derniers, qui d’habitude se déprécient avec le temps, sortent revalorisés de cette année 2021.
L’heure est donc au redémarrage des concentrations interrompues en 2020 et très sages en 2021, puisque les vendeurs ont de beaux chiffres à faire valoir et les repreneurs, des perspectives pour amortir leurs rachats. Pour beaucoup d’indépendants, l’occasion de réaliser la vente de toute une vie va donc se représenter. Et il reste encore beaucoup d’indépendants à absorber parmi les 106 000 points de distribution des seules Europe et Amérique du Nord (respectivement 45 000 et 61 000). Ce dense tissu logistique est de toute façon nécessaire pour être autant capable d’irriguer un continent qu’un simple canton.
Tailles critiques
Forts de centaines de milliers de références en stock d’une foultitude de marques, promoteurs d’une multitude de services (livraisons, retours, gestion des garanties, information techniques, formations, animations commerciales, etc., etc.), les distributeurs sont maintenant devenus incontournables. Ils servent, a minima dépannent, tous types d’ateliers.
Ils parlent enfin d’égal à égal avec des équipementiers mondiaux ; se permettent même parfois de les tancer quand le taux de service de ces fournisseurs référencés s’érode sous les effets de la violente crise des supply chain héritée des confinements mondiaux. Ils commencent même à s’assoir à la table des constructeurs qui leur reconnaissent enfin une légitimité, voire même une nécessaire complémentarité avec leurs sacro-saintes pièces d’origine qui ne peuvent atteindre le parc âgé.
Rien d’étonnant donc que, là aussi et à l’image des mariages de raison qui commencent à se célébrer entre constructeurs et réparateurs indépendants, les petits distributeurs d’hier, devenus géants, envisagent maintenant des liens d’avenir avec les marques automobiles…
Voir aussi :
- Les Leçons de 2021 – Chapitre 1 – Constructeurs : vers des pactes entre frères ennemis
- Les Leçons de 2021 – Chapitre 2 – Équipementiers : l’heure des relocalisations?