Pour Thierry Leblanc (Bosch), le MRA déconfiné a une vraie carte à jouer

Image

Prix, proximité et jamais vraiment fermé, le réparateur indépendant a tous les atouts en main pour réussir sa relance après la période trouble du confinement généralisé, estime Thierry Leblanc, le DG de Bosch Aftermarket France et Benelux. Mais si l'avenir s'éclaircit chez les réparateurs et les distributeurs de pièces, la première monte semble entrer dans un cycle beaucoup plus sombre...

« Nos réparateurs Bosch Car Service sont bookés jusqu’à fin juin ! » Après trois semaines de déconfinement, les ateliers France et Benelux du réseau de réparation réalimentent une trésorerie malmenée pendant deux mois. Les clients se précipitent. Mais est-ce le signe d’une reprise durable ou simplement éphémère ? Pour Thierry Leblanc, le DG de Bosch Aftermarket France et Benelux, il s’agit au moins de la convergence de trois facteurs que le secteur espérait : la remise à la route de véhicules immobilisés pendant deux mois avec son lot de batteries, d’alternateurs ou de pneumatiques à remplacer, l’anticipation des automobilistes pour préparer leur véhicule avant de partir cet été sur les routes françaises et l’impact d’un contrôle technique durci sur certains organes comme les pneus et étalé jusqu’en octobre. Et même si la prudence financière pousse le client à chercher du prix et la proximité, c’est un parfait argument commercial pour le MRA. « Il a encore une fois une vraie carte à jouer », s’exclame le directeur général qui revient sur les huit semaines de confinement traversées en interne. Tout d’abord chez les BCS : en plein confinement, 25% des 600 réparateurs français ont dépanné les professions essentielles (maintenance, prêt de véhicules de courtoisie…), 8 000 kits de protection de véhicule « 5 en 1 » ont été mis à disposition de la Fédération Nationale des Infirmiers libéraux (housses de siège, tapis de sol, volant, frein à main et levier de vitesse), en région parisienne et dans le Grand Est. Et les ateliers ouverts étaient recensés sur l’appli du CNPA ou encore sur Allogarage, les assisteurs et Vroomly. Autres ressorts, les campagnes d’informations adressées aux patrons pour actionner les demandes de chômage partiel, de PGE ou tout autre forme d’aide juridique et sociale ainsi que les protocoles à mettre en place (gestes barrières, équipements…). Objectif : être prêts le 11 mai.

Image

« Nous distribuons gratuitement au réseau 150 000 masques, alimentés par des lignes de fabrication dédiées et via la Fiev pour ne pas puiser dans les besoins du personnel soignant. Nous avons également mis en place de kits de désinfection de l’habitacle et du système de climatisation jusqu’au 31 juillet pour réduire les risques de contamination. Une prestation que nous conseillons de facturer au client. » Si le début de la reprise s’illustre par un surcroît d’activité, ce dernier ne comblera pas le manque à gagner sur les deux mois de confinement. Mais pour Thierry Leblanc, l’année 2020 devrait se clôturer seulement entre -5% à -10% par rapport à l’an passé, estimant que l’après-vente devrait mieux s’en sortir que la vente VN, même poussée par les aides gouvernementales et autre « macronnettes ».

« Avoir du stock est un avantage compétitif »

Pour servir le client final, la chaîne de distribution PR s’est mise en ordre de marche assez vite. D’autant que certains produits – comme la batterie - ont réactivé la relance comme jamais ! Ainsi, Thierry Leblanc estime que les niveaux d’activité devraient remonter en juin, selon les stockages plus ou moins anticipé des distributeurs dont certains avaient engrangé jusqu’à quatre mois de stocks. « Nous avons absorbé la demande de nos clients en trouvant des solutions de basculement entre dépôts européens, mais aucune rupture n’est à déploré. » Sauf que cet épisode marque peut-être le début d’une nouvelle ère. « Nous ne sommes pas en flux tendu comme en première monte. En Aftermarket, détenir des usines dans le monde entier nécessite d’avoir quatre mois de stocks en permanence sur notre dépôt central allemand (Karlsruhe). C’est est un réel avantage compétitif. En revanche, un double sourcing peut être une piste de réflexion sérieuse afin de basculer d’une usine à l’autre de manière fluide, et pas forcément dans la même zone géographique. »

Première monte en chute libre

Enfin, le scenario de la relance prend un profil plus dramatique concernant la première monte. La claque mondiale infligée par le Covid a frappé tous les équipementiers dont bon nombre se trouvent actuellement en difficultés. Pour preuve, ce sondage européen issu du Clepa, et soulignant le moral en berne de la filière aval : 90% des fabricants prévoient une baisse de leurs revenus de 20% minimum sur l’année et 35% s’attendent à une chute de leur chiffre d’affaires de plus de 30%. Un moral dans les chaussettes confirmé par Thierry Leblanc qui évoque pour l’ensemble des équipementiers au niveau mondial des chutes abyssales de 90% de leurs ventes habituelles sur deux mois ! « Le Coronavirus est venu s’ajouter aux investissements colossaux injectés entre autres en R&D pour répondre aux nouvelles réglementations sur les émissions. Sans compter les frais fixes très importants comme l’ingénierie. Il va y avoir des morts ! Des mesures d’économiques drastiques vont être prises chez tous. La concentration va encore s’accélérer. »

Muriel Blancheton

Lire Zepros Auto : Tenue de combat

Lire Zepros Carrosserie : Bienvenue sur une autre planète