A. Recasens, Pirelli : « Ne renoncer à aucun véhicule, quel qu’il soit ! »
Hausse du parc électrifié et prise de poids des véhicules signifient enveloppes à plus forte valeur ajoutée. Le manufacturier italien aux 6,65 Md€ de CA surfent sur ces croissances pour se positionner durablement mais cisèle son offre avec des pneumatiques pour chaque typologie de client. La France fait partie de cette stratégie. Elle est même un marché cible pour infuser son enveloppe 4 S Powergy.
Sur 97 millions de véhicules neufs, 74 % seront électrifiés en 2030 (44 % en full-électrique et 30 % en hybride). Pour rappel, la production de ces véhicules n’atteignait pas les 6 % en 2018 ! Une figure imposée agissant par effet d’aubaine sur les pneumatiques, car ces derniers s’adaptent face à ces véhicules électriques plus lourds (a minima 18'' et plus) et prennent en dimensions, poussées par le succès des SUV. Pirelli veut faire partie de ce courant porteur et prévoit que d’ici 2025, les deux tiers de ses homologations constructeurs concerneront des pneus pour VE, vs 26 % en 2021. « Nous sommes convaincus que l’électrification est une opportunité de se démarquer avec des produits spécifiques, d’où notre marquage dédié "Elect" sur le flanc (cf. encadré). Ces derniers supportent les poids de ces véhicules, sont conçus avec des matériaux, des dessins et structures spécifiques et répondent aux problématiques de résistance au roulement, de bruit, de confort et de consommation », indique Alejandro Recasens. Le directeur général Europe de l’Ouest de Pirelli souligne combien cette prise de poids impacte le stockage et les coûts logistiques. Les stocks sont en effet très vite saturés avec des enveloppes volumineuses, des références et des dimensions explosées aussi bien en Été, Hiver et 4S.
Pirelli en chiffres
- 31 300 collaborateurs dans le monde
- 6,65 Md€ de CA dont 75 % réalisé en remplacement
- 50 % de pdm constructeurs sur les véhicules haut de gamme
- 5 % du CA en R&D
La France est un marché prioritaire en Europe
L’occasion de rappeler que le manufacturier s’appuie en France sur deux dépôts (Paris et Marseille) pour distribuer ses pneumatiques chez les grossistes (35 %), les réseaux constructeurs (30 %), les enseignes spécialisées (25 %), et les centres autos (10 %), pour un CA hexagonal de 140 M€, uniquement en remplacement en VL et motos puisque Pirelli n’a pas d’usines OE sur le territoire. La France reste cependant un marché « prioritaire » par son potentiel de croissance car sa part de marché n’excède pas 5 % (11 % pour les 18'' et plus). Son arme ? Son Quatre Saisons Powergy aux tarifs compétitifs et répondant aux véhicules de 4 ans et plus, versus le P Zero ou le Cinturato, écoulés plus naturellement dans les réseaux constructeurs. « Nous ne renoncerons à aucun véhicule, quel qu’il soit ! », lance le directeur général. Enfin, Pirelli n’a pas de réseau en propre comme la plupart des manufacturiers. « Mais ce n’est pas une barrière. Nous sommes le partenaire idéal car outre notre image qualitative, nous ne rentrons en conflit de territoire avec personne, nous sommes donc présents chez tout le monde ! »
La voie du développement durable
Parallèlement au marquage "Elect", Pirellli flanque également ses pneumatiques d’un logo – comme sur son P Zero E – dès que ces derniers contiennent au moins 50 % de matériaux bio-sourcés et recyclés (certifications Bureau Veritas, ISCC et FSC) : pneus en fin de vie, écorces de riz, huiles de cuisine usées, déchets de pates, papiers et plastiques.
Ce taux devrait grimper à 80 % en 2030, jusqu’à 100 % à terme. Et le groupe s’est également engagé à réduire ses émissions pour atteindre une neutralité carbone de 80% (scopes 1 et 2) et de 30 % avec ses fournisseurs (scope 3) d’ici 2030. Le Net Zéro est fixé à 2040.