Vincent Gorce, Emil Frey France : « Nous n’avons pas de problématique de turnover dans nos CRVO »
Volumes, lean management mais aussi montée en compétences d’une main-d’œuvre formée au respect des labels constructeurs : le sujet RH reste au cœur des préoccupations du groupe Emil Frey France pour ses trois centres de reconditionnement de véhicules d'occasion. Sujet social crucial évoqué par Vincent Gorce, son directeur général.
Zepros : Pourquoi une telle taylorisation des métiers dans un CRVO ?
Vincent Gorce : Le séquençage des métiers permet d’avoir recours à un personnel non qualifié (ponçage, lustrage…). Ces personnes sont formées à chacune de ces tâches élémentaires et pourront potentiellement rejoindre nos concessions pour alimenter nos ateliers de carrosserie. Ce chemin a déjà été accompli par certains, sachant qu’il faut trois années de formation ! Nous n’en sommes qu’au début de l’histoire, mais nous sommes très fiers de ces parcours. Nous sommes accompagnés par France Travail pour recruter des collaborateurs en reconversion professionnelle (70 % des effectifs). En carrosserie, nous sommes même dans une approche de centre de formation car nous accueillons des jeunes, toujours sélectionnés par France Travail qui s’appuie sur la méthode de recrutement par simulation (méthode privilégiant le repérage des qualités nécessaires au poste de travail proposé par une série d’exercices).
Vous avez construit « l’école de l’expertise ». Pouvez-vous expliquer le principe ?
V. G. : Chaque véhicule entrant dans un CRVO doit être reconditionné avec une expertise uniforme et de qualité, quels que soient le site et le collaborateur. C’est un impératif pour répondre aux labels spécifiques des constructeurs. Nous formons les opérateurs de nos centres avec des formateurs issus de nos concessions. Chaque site dispose de zones dédiées en mécanique, carrosserie, préparation esthétique, contrôle qualité et photos. Nous n’avons pas de problématique de turnover : les conditions de travail ont été optimisées avec les partenaires sociaux, notamment avec des heures aménagées en 2/8 voire du travail de nuit en carrosserie, avec beaucoup de flexibilité du temps de travail. Nous avons également accentué la polyvalence des postes.
Quelles sont les conditions d’un CRVO rentable ?
V. G. : Parmi les principes émis dans le cahier des charges s’imposent deux critères : le premier réside sur la gestion de personnel non qualifié pour les opérations basiques, comme évoqué en amont. Mais l’autre condition reste l’implantation de cette activité de reconditionnement dans des structures compétitives, donc éloignées des grandes agglomérations. Enfin, chaque centre est calibré dès le départ pour un volume maximal estimé : 25 000 véhicules par an à terme à Lens, 18 000 à Ingrandes et 15 000 unités dès 2026 à Lyon (vs 7500 aujourd’hui). Nous sommes dans l’optimisation continue. Ce qui nous permet de réduire les coûts d’immobilisation (15 jours en moyenne, avec un objectif à 12 jours) et les frais de remise en état (940 € actuellement).