Suspense autour du rachat de PartnerRe par Covéa
Les ambitions internationales de la mutuelle bien connue des carrossiers rencontrent un obstacle. Covéa a signé un accord de rachat du réassureur bermudien le 3 mars dernier avec son actuel propriétaire Exor (appartenant à la famille Agnelli), pour un montant de 7,3 Md€ payé en fonds propres – la mutuelle disposant ainsi de 15 Md€.
Mais notre confrère les Echos signale que la holding italo-américaine subit une décote importante de sa valeur nette en bourse, qui serait passée de 14 % à 45 % entre février et mars dans les tourments de la crise financière allumée par l’épidémie de Covid-19… De leur côté, les assureurs ont perdu 30 à 35 %. Le prix de cette transaction pourrait donc être revu à la baisse de 10 à 15 % au cours de nouvelles négociations entre les parties.
Par ailleurs, le confinement ralentit la consultation des instances représentatives du personnel de Covéa, ce qui retarderait la signature d’un contrat ferme d'acquisition au second semestre… Intervalle pendant lequel la situation financière mondiale devrait énormément évoluer et pourrait pousser la mutuelle à payer une clause de rupture en cas de récession majeure – option toujours pas à l’ordre du jour. Toutefois, le pire des scénarios verrait l’autorité régulatrice mettre fin à la transaction pour ne pas menacer les assurés. De plus, les autres régulateurs de tous les pays où agit PartnerRe auront aussi leur mot à dire…
Initialement, Exor avait acquis PartnerRe pour 6,13 Md€ en 2016. Mais du fait d’une forte sinistralité, la réassurance dommage a subi des prix ayant du mal à remonter, ce qui pousse la holding à revendre cette activité. Une opportunité pour Covéa de s’offrir le douzième réassureur mondial. Réunis, ils formeraient un groupe pesant environ 23 Md€ de primes, avec un portefeuille diversifié comprenant 25 % de réassurance, 66 % de primes en France, 16 % ailleurs en Europe, 13 % en Amérique du Nord et 5 % dans le reste du monde. Cette acquisition lui permettrait de s’adapter aux changements de réglementation et à une concurrence accrue sur le marché français de l'assurance. Mais avant d’y parvenir, le propriétaire du centre de test et de formation du Cesvi devra donc résoudre bien des problèmes. Sa situation devrait être clarifiée d’ici à six mois.