Thierry Leblanc, Bosch : « Le gagnant reste celui qui a le stock, définitivement »

Muriel Blancheton
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« Il faut respecter ce fondamental : ne jamais se désengager du terrain ! », martèle Thierry Leblanc, le directeur général Aftermarket France et Benelux de Bosch. A ce jeu, il y a forcément des perdants...donc des gagnants.

2020, année du Covid, quel a été son impact dans vos structures mondiales ?

Thierry Leblanc : Nous sommes dans un groupe où l'organisation très rigoureuse peut faire sourire. Mais dès le départ, une équipe conséquente a pris en charge le pilotage de la crise en établissant des tableaux de bord hebdomadaires précis sur les taux de fermeture des usines, le redémarrage progressif dans certaines zones, les problématiques de la supply chain… Ce suivi nous a permis de ne pas subir de ruptures dans nos approvisionnements. Sachant que nous avions au préalable sur-provisionné nos stocks pour amortir d’éventuelles défaillances. Un vrai coup de chance car nous avons eu ainsi du stock continu en Europe dès le déconfinement en mai. Rien n’a été simple, les équipes en logistique ont quelquefois frôlé la crise de nerf, mais dans l’ensemble, la crise a été gérée de la manière la plus appropriée. Lorsque les clients ont surstocké, nous avons pu livrer. En aftermarket, cette planification des besoins et ce multisourcing nous ont clairement permis de traverser cette période le moins mal possible.

Qui sont les perdants, qui sont les gagnants ?

T. L : Les premiers sont ceux qui n’ont pas la logistique ad hoc sur un secteur où les clients, volatils par nature, veulent être livrer très vite, quitte à changer de fournisseur pour aller chercher ailleurs un meilleur taux de service. Les gagnants sont ceux qui ont la force de vente sur le terrain, lesquelles peuvent nous alerter très vite sur des produits à fournir en urgence. A titre d’exemple, notre force commerciale française nous a informés très tôt des futurs besoins en batterie à la sortie du premier confinement. Cela nous a permis d’être réactifs. Il faut respecter ce fondamental : ne jamais se désengager du terrain ! J’ajoute que nos équipes, reliés en permanence avec nos Bosch Car Service, nous donnent également le tempo des ateliers en temps réel. J’ajoute même que notre présence dans le canal du Retail au sens large (grande distribution, centre autos, Web) nous donne un retour immédiat des consommateurs finaux et des indices.

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Qu’avez-vous appris de cette crise ?

T. L : Qu’il n’y a pas de mystère : ceux qui ont le mieux amorti cette crise sont ceux qui avaient déjà repensé leur supply chain. Certains financiers maintiennent que le stock coûte cher. Mais le gagnant reste celui qui a le stock, définitivement. Ensuite, les meilleurs analystes prévoient un retour à la croissance pour 2022, avec des zones qui récupéreront plus vite que d’autres. Alors nous réfléchissons déjà à améliorer nos process pour amoindrir d’éventuels chocs futurs du même ordre : repenser les flux, s’appuyer sur d’autres transports hors maritime, les stocks… Ces réflexions montrent bien l’importance de la logistique, aussi bien chez les fournisseurs que chez les distributeurs. Enfin, l’IAM s’est encore montré flexible et rapide, à tel point que nous voyons monter une vague d’agents recrutés au sein de nos Bosch Car Service car ils veulent eux aussi bénéficier de cette réactivité qu’ils n’ont pas forcément obtenue au sein de leur réseau, que ce soit au plus fort de la crise ou en amont, en termes de formation sur l’électrique ou sur les Adas. Je suis surpris d’ailleurs par la montée en puissance et en volume des formations en ligne ou des démonstrations d’équipements, demandées par les ateliers. La crise a démocratisé cette tendance qui existait déjà, mais ce sera un élément majeur à prendre en compte dans les années à venir.

Selon vous, où se trouvent les gisements de croissance pour la pièce de rechange : Asie-Pacifique, Amérique Latine… ?

T . L : Nous investissons massivement l’Afrique, du Maroc au Niger, sachant que nous sommes déjà implantés en Afrique du Sud. C’est une poche de croissance incontestable avec beaucoup de choses à faire. Les besoins diffèrent selon les parties du monde. Nous sommes présents au Brésil depuis longtemps avec une logistique sur place déjà bien établie. Aux Etats-Unis, notre usine de plaquettes de frein est adaptée au marché américain. Idem pour le marché asiatique. Avoir le bon produit pour répondre aux besoins locaux.

Le sujet de l’économie circulaire en mode industriel revient souvent comme un levier potentiel de croissance. Etes-vous sur ce terrain de jeu ?

T . L : Nos alternateurs démarreurs et nos étriers de frein ont déjà une ligne de produits vendus de cette manière. Nous avons ajouté du remanufacturing pour le diesel avec des centres régionaux européens qui font eux-mêmes le travail de reconditionnement. Privilégier des produits neufs achetés en Chine me semble irrationnel quand il est possible de les reconditionner. Pour aller au bout de cette démarche, il faut accepter d’investir dans les usines et les ressources humaines.

Muriel Blancheton

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