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Pas « bankable » la rechange indépendante ? Et pourtant…

Jean-Marc Pierret
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C’est une triste évidence : le marché de l’après-vente automobile a beau peser plus de 30 Md€ HT par an dans notre pays aux plus de 40 millions de VP et VU roulants, rien n’y fait : dans l’esprit du plus grand nombre et de trop d’élites, il reste indubitablement et abusivement lié à l’écrasante image de l’industrie automobile et à ses règles de cycles montants et descendants

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PHE en a fait encore l’amer expérience. S’il n’a pas pu boucler son second projet d’introduction en bourse dans des perspectives financières intéressantes, c’est d’abord parce que, malgré tous ses efforts d’explications, les analystes n’ont pas su séparer l’état actuel de l’industrie auto et de son marché VN d’avec les évidentes vertus de l’aftermarket indépendant, acyclique en diable puisque fondé sur le parc roulant et plein de promesses, puisqu’il ne fait que croître et embellir. Il suffit de lire ce conseil aux investisseurs qui concluait l’un des nombreux articles économiques sur le projet d’entrée en bourse d’Autodistribution : « Notre conseil : ne pas participer » (en rouge dans le texte !). Avec cette atterrante précision : « Le marché automobile reste sous tension malgré les signes de reprise. Les perspectives demeurent fragiles et nous préférons être prudents. » Une preuve de plus que le plus grand nombre – et nos élites particulièrement – restent étanches aux fondamentaux de l’après-vente et à sa décorrélation structurelle avec les cycles industriels et produits VN.

Un marché PR encore « regardé de haut »

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Ce n’est évidemment pas nouveau. Et c’est là l’un des problèmes récurrents des acteurs des services de l’après-vente : ils sont systématiquement effacés derrières les enjeux industriels. Qu’ils représentent plus d’emplois que l’industrie auto importe peu. Qu’ils aient prouvé avec brio durant la pandémie qu’ils sont éminemment vitaux au fonctionnement de notre économie – même quand l’industrie auto est paralysée – et que tout risque de s’arrêter sans les services de l’auto… n’a même pas suffi. La récente rencontre entre notre Président, son gouvernement et les représentants de toute la filière auto l’a encore désespérément montré : si les services automobiles au sens large semblent avoir été cités et entendus durant ces rencontres, ils restent à la marge. Au bilan, le plan de 17 Md€ d’aides demandées ne semble destiné, dans la communication officiellement finale, qu’aux constructeurs et équipementiers. Évidemment, l’industrie auto en a besoin. Mais les réparateurs, distributeurs, loueurs, dépanneurs, etc., etc. ont aussi l’obligation de se convertir en masse aux nouvelles technologies et législations. Mais ils ont un vilain défaut, ces petits de l’après-vente : eux, ils ne sont pas dé-lo-ca-li-sa-bles. Qu’ils se débrouillent donc avec leurs défis et restent empêtrés dans leurs problèmes : ils ne peuvent faire de chantage aux emplois.

Manque évident de visibilité…

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Mais c’est peut-être ça la triste et paradoxale morale : les constructeurs et équipementiers exhibent des - 20 à - 30 % et des plans de licenciements massifs quand l’après-vente sortait à - 7 % de 2020 et semble se refaire depuis début 2021. Les secteurs heureux sont comme les gens de même nature : ils n’ont pas d’histoire triste à raconter. Et dès lors, ils n’intéressent personne. Surtout quand l’essentiel du secteur est composé d’entreprises si petites que leur disparition ne fait qu’un entrefilet dans la presse régionale sans jamais se hisser dans un JT. Et voilà que ce Top 100 montre que les acteurs de la rechange ont bel et bien trouvé un vaccin économique à la pandémie qui dévaste toujours les usines automobiles.

… mais présence indispensable !

Espérons que tout au sauvetage des grands industriels du secteur et à l’écoute de leurs seules et nombreuses demandes, les pouvoirs publics sauront au moins détecter les pièges que les constructeurs tenteront comme à leur habitude de tendre subtilement à leurs concurrents indépendants… Transmis donc aux organisations professionnelles qui depuis toujours, sont en vigie pour intercepter les subtils missiles que les constructeurs ajoutent systématiquement aux plans de relance et aux législations pour pousser dans le fossé ces indépendants qui leur grignotent sans relâche des parts de marché. Transmis aussi et surtout aux équipementiers. Nous n’ignorons pas qu’ils sont assis entre deux chaises dont nous leur rappelons ici amicalement la nature : le marché constructeur et le marché indépendant. Que dans l’urgence inédite des ruptures technologiques, sociétales et pandémiques qui les pénalisent autant que leurs grands clients constructeurs, ils n’oublient jamais que si leurs usines tournent grâce aux VN, leurs comptes de résultat ont, et auront toujours, eu besoin des atomisées certes, mais lucratives rechanges et réparations automobiles indépendantes.

Jean-Marc Pierret
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