[TOP 100] Pénurie : Jusqu’ici tout va bien

Luc Ferlaux
Quand l’inflation se répand comme une traînée de poudre et s’ajoute à une rupture persistante des appros, cela donne une rentrée explosive. C’est la crainte de la distribution. Car certaines références manquent. Les containers arrivent au compte-gouttes. Et les stocks de précaution ne sont pas éternels.
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Entre 20 et 30 % de hausse depuis janvier sur l’outillage, le lubrifiant, le freinage, le pneumatique, la batterie, la peinture. Et ce n’est pas fini pour le second semestre, craignent les distributeurs qui vivent là une situation inédite. Les raisons de ce coup de chaud : l’inflation sur les prix des matières premières dont l’acier depuis le début de l’année, ajouté à un coût d’acheminement des containers voguant depuis l’Asie qui a littéralement explosé ! Les équipementiers appliquent des hausses plus ou moins importantes et plus ou moins fréquentes… et certaines en profitent pour remonter leurs marges, dénoncent des distributeurs exaspérés ! Sur le terrain, ces derniers doivent répercuter ces augmentations mais certains avouent « ne plus oser donner les tarifs d’un bidon d’huile de peur de faire fuir le client ! »

Les problèmes de stock limités…

Et à cette exceptionnelle inflation vient s’ajouter l’amplification des ruptures de stock chez les équipementiers. Les productions d’Asie tournent au ralenti. Les fournisseurs européens ont les yeux rivés sur la ligne d’horizon dans l’attente de leurs containers. Certes, les distributeurs ont pris leurs précautions depuis longtemps. « Nous avons surstocké de 15 % environ », indique ainsi Thierry Michel (Fradis). Les stocks tampons ont fleuri et permis de maintenir un bon niveau de service, faisant même ironiser certains. « Lorsqu’un équipementier affiche un taux de service à 60 %, nous sommes de notre côté capable de livrer sa marque à 97 % ! », entend-on. Gauthier Leroy (Grandblaise-Leroy ) a pour sa part injecté 1,5 M€ de stock en plus « compte tenu des difficultés d’équipementiers à fournir certaines références. Nous nous sommes appuyés sur le PGE. C’est un bon placement financier, finalement, car ce sont les références qui tournent le plus. Autodistribution a fait de même au niveau de ses plateformes. Par conséquent, nous ne ressentons aucun effet de pénurie. Idem sur l’équipement de garage, alors que le cours de l’acier complique l’approvisionnement de certains ponts élévateurs. » En cas de manque, les grossistes vont parallèlement chercher l’alternative afin qu’en bout de chaîne, « le client ne le sente pas », explique Yanis Jacob (Jacob Services ).

… mais jusqu’à quand ?

C’est donc la double peine pour les fournisseurs car leur taux de service diminue, en même temps que d’autres concurrents de deuxième rang remportent la mise. « Nous commençons à sentir les tensions, surtout sur les pièces de réparation diesel. Alors pour pallier les ruptures de nos partenaires habituels, nous avons trouvé d’autres sources premium, notamment chez un distributeur allemand », confirme Frédérique Rifflart (Genelec ). Le problème, c’est que ces ruptures devraient perdurer jusqu’en 2022. Les stocks de précaution risquent bien de fondre comme neige au soleil à un moment donné. Une pénurie aggravée par une deuxième vague d’inflation encore plus massive que la première. D’où une sérénité largement grignotée, même chez les plus gros acteurs de la distribution, et un climat social tendu dès la rentrée…

Muriel Blancheton

Retrouvez le TOP 100 Zepros 2021 en version numérique

Luc Ferlaux
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