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[Atlas] Équipementiers : l’heure des relocalisations?

Jean-Marc Pierret
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Et voilà que les équipementiers parlent relocalisations alors même que la crise n’est pas encore terminée. Il faut dire que quel que soit le domaine industriel, personne n’imaginait vraiment que la violente crise de la demande, suscitée par les confinements planétaires de 2020, allait engendrer une si durable crise mondiale de l’offre. Et une telle remise en question des supply chains…

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Les rares équipementiers à l’avoir pressentie l’imaginaient bien plus passagère : mais à crise inédite, conséquences imprévisibles. Les supply chains des équipementiers n’ont pas du tout aimé l’association entre à-coups de production, pénuries de matières premières et surcoûts des transports surinfectés par ceux de l’énergie.

Congestions logistiques

Que s’est-il passé ? Avant crise, 90 millions de containers bon marché sillonnaient les mers pendant que 600 autres millions étaient en rotation dans tous les ports du monde. Cette belle mécanique qui mondialisait les productions à vil prix s’est enrayée avec les confinements ; la reprise venue, les ports de la planète sont restés engorgés, faute de bateaux et de containers disponibles. La fiabilité des transports maritimes est tombée à son plus bas historique pendant que le container, lui, grimpait de 2 000 à 15 000 $.

Le trajet « Chine-reste du monde » est brutalement devenu prohibitif. La dominante « usine du monde » s’en serait bien passé à l’heure où son coût de main d’œuvre ne fait plus rêver. Il y a 12 ans, il était 20 fois moins chère qu’en France ; en 2022/2023, il ne le sera plus « que » 2 à 3 fois moins par rapport à ce pays réputé si coûteux. La crise concomitante du transport maritime devient en outre structurelle : les industriels savent qu’il lui reste à financer l’immense et incontournable défi qu’est la réduction de sa très lourde empreinte carbone.

La Chine bousculée

La bascule s’amorce. « En exposant les vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement existantes, la perturbation causée par la COVID-19 a relancé le débat sur la mondialisation et les chaînes d'approvisionnement de l'avenir », confirme le rapport 2021 sur le transport maritime de la CNUCED (Conférence des Nations Unies Commerce et Développement). Il prévoit pour conséquence un mélange de relocalisations, de diversifications, de re-productions et de régionalisations. Exactement ce que la plupart des équipementiers laissent déjà entendre.

Durablement moins compétitive, la Chine devient en outre géostratégiquement suspecte. Elle menace par exemple Taïwan qui héberge le géant des semi-conducteurs TSMC. Il pèse la moitié de la demande mondiale et satisfait à lui seul 85 % des besoins planétaires en semi-conducteurs de moins de 7 nm, ceux qui dopent les gourmands processeurs. Rien d’étonnant à voir Intel saisir l’opportunité pour programmer des usines de production subsidiaires en des lieux plus sécurisés.

La Chine va donc devoir affronter des localisations concurrentes. Pays de l’Est, Turquie, Maghreb, Thaïlande, Malaisie, Vietnam, Mexique, etc., redeviennent attractifs. Il faudra certes du temps. Mais ce sera aussi l’occasion pour nos équipementiers -comme pour une foultitude d’autres secteurs industriels- de déguiser ces urgences financièrement et logistiquement pragmatiques en de vertueuses préoccupations environnementales…

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Jean-Marc Pierret
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