Carrosserie: l’éternel désagrément… des agréments

Jean-Marc Pierret
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De tous temps, les relations du couple "carrossier-assureur" ont été orageuses. Et quand il s’agit de discuter le 'bout de gras' en fin d’année dans le cadre des agréments sur les taux horaires ou les ingrédients de peinture, rien ne va plus...
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Les "anciens" s'en souviennent sûrement : lors des traditionnels congrès de carrossiers et autres réunions, on entendait les orateurs vitupérer à la tribune contre les assureurs, y dénonçant leur pratique ‘scandaleuse’ du chantage à l'agrément... Les amphithéâtres résonnaient de «Refusez les conditions qu’on veut vous imposer» et autres «passez-vous d’agréments» salués par des salves d’applaudissement. Pourtant, 15, voire 20 ans après, très peu de carrossiers sont sortis des sentiers battus pour faire leur chemin sans agrément. La peur de voir les clients passer devant leurs carrosseries pour aller chez un voisin agréé a été la plus forte, même si ce voisin est sous perfusion, survivant avec un taux horaire en dessous de son seuil de rentabilité…

A prendre ou à laisser
Un climat que les assureurs ont cultivé jusqu'à en faire un 'sport national', un sport encore renforcé au fil de leurs regroupements et de leur puissance économique croissante (voir tableau ci-dessus). Pourtant, de chartes de bonne conduite en effets d'annonce lors de congrès (ANEA, réseaux de carrossiers…), on pourrait les croire enfin conscients des problèmes, voire même compatissants aux difficultés de «réparateurs indispensables», même si ces derniers restent d'abord réputés «ne pas savoir manager leur atelier». Mais derrière le savant mélange de brosse à reluire et de bâton, un constat : sur le terrain, c’est encore et toujours la guerre...

Uns situation que déplore Serge Valet, responsable de la branche carrosserie de la FNAA : «Les agréments sont attribués individuellement. Il n’y a aucune négociation préalable avec telle ou telle organisation professionnelle. Et cette année, mis à part une ou deux exceptions, tous les assureurs ont imposé leurs tarifs aux réparateurs sur le ton du 'à prendre ou à laisser'. Certes, les réparateurs ont signé une convention commerciale avec ces assureurs. Mais le problème est que, d’une part, les réparateurs n’ont aucune garantie d’un volume de travail et que les remises en pieds de facture sont appliquées sans être modulables en fonction du nombre de véhicules réparés. En fait, le réparateur repart pour un an une main devant et une derrière,». Et le problème est que peu de réparateurs osent avouer avoir été victime de ces méthodes, par honte ou par peur, souvent les deux.

L'arme de la cession de créance
Pour autant, la cession de créance peut libérer le pro. Et elle commence à se développer. «Elle fonctionne bien», souligne Jean Ravier, président de la FFCR.«De plus en plus de carrossiers l’ont adoptée. Certes, la procédure est un peu fastidieuse. Mais ça vaut le coup de la mettre en place : le réparateur applique ses tarifs, sans remise».

On sait que tout assuré a le libre choix de son réparateur, un principe qui a été renforcé durant les débats parlementaires non encore aboutis fin 2011 autour de la loi sur la protection des consommateurs (voir nos articles sur le sujet). De ce fait, aucune assurance ne peut en fait imposer un réparateur à son assuré ou sociétaire. Si bien qu’avec la cession de créance, un réparateur peut parfaitement pratiquer la politique du tiers payant sans réclamer un sou à son client ni rien changer à ses habitudes. Avec la cession de créance, c'est le réparateur qui se fait directement rembourser par l’assureur.

Reste bien sûr à pouvoir le rappeler au consommateur avant qu'il ne soit orienté vers un carrossier...
Martial Burat

Lire ou relire les témoignages recueillis début 2010 sur la relation carrossier-assureur:

Jean-Marc Pierret
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