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Allianz Trade au chevet de l'industrie auto européenne

Romain Thirion
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Véhicule chaîne d'assemblage

La baisse de la demande, la hausse des taux d'intérêt et des modèles jugés trop coûteux ont freiné la progression du marché automobile européen. Signe de cette difficulté, le segment des véhicules électriques a reculé, faisant de l'Europe le seul grand marché en contraction sur ce segment. La filiale Trade de l’assureur allemand envisage des solutions.

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L'année 2024 a marqué un ralentissement pour l'industrie automobile mondiale, avec une croissance modeste de 1,7 % des nouvelles immatriculations. Si les Etats-Unis et la Chine, où les constructeurs "maison" mènent la danse au détriment des marques allemandes notamment, affichent encore une dynamique positive, l'Europe peine à suivre le rythme, avec une augmentation de seulement 1,5 %. Selon une étude récente d'Allianz Trade, les constructeurs automobiles européens sont confrontés à trois défis structurels majeurs.

Tout d'abord, un retard en matière d'innovation, notamment sur l'électrification et les technologies embarquées. Les investissements restent limités par rapport aux concurrents chinois et américains, rendant les véhicules européens plus coûteux. Ensuite, une trop grande dépendance à la Chine, notamment pour l'approvisionnement en batteries, pèse sur la compétitivité des marques européennes. La part de marché des constructeurs chinois en Europe augmente, tandis que les fabricants allemands perdent du terrain en Chine. Enfin, un décalage entre les ambitions politiques et la réalité industrielle complique la transition. L'imposition de normes environnementales strictes, sans un accompagnement adapté, expose l'industrie à des pénalités pouvant atteindre 10 milliards d'euros.

Cinq solutions de relance

Face à ces difficultés, Allianz Trade recommande cinq axes stratégiques pour regagner en compétitivité :

  • Réduire la gamme de modèles et simplifier les options pour baisser les coûts. « Ceux-ci sont beaucoup trop nombreux, ne rencontrent par leur public et sont déclinés dans un trop grand nombre d’équipements alors que leurs concurrents chinois, par exemple, ne proposent qu’une poignée de modèles en Europe et, pour la plupart, tout équipés ou presque », relève Ano Kuhanathan, responsable de la recherche corporate d’Allianz Trade.
  • Investir dans les solutions de recharge et l'intégration verticale pour limiter la dépendance à la Chine.
  • Augmenter les dépenses en R&D et en services pour accélérer l'innovation. « La défaillance de Northvolt est symptomatique du mauvais choix de la technologie nickel-manganèse-cobalt (NMC) au détriment du lithium, technologie qui monte. Il ne faut fermer aucune piste », ajoute-t-il. Allianz Trade préconise ainsi d’investir 150 à 200 Mds € d’ici 2030, dans l’infrastructure comme dans la R&D.
  • Explorer de nouveaux marchés à fort potentiel, comme l'Inde et l'Amérique du Sud.
  • Renforcer les coopérations et les co-entreprises pour mutualiser les investissements.

Parallèlement, des mesures politiques pourraient être envisagées, telles que l'instauration de droits de douane ciblés, des subventions pour les co-entreprises européennes ou encore un plan d'investissement massif dans les infrastructures de recharge. L'industrie automobile européenne est à la croisée des chemins. Sans une réaction rapide et coordonnée entre industriels et décideurs politiques, elle risque de perdre son rang sur l'échiquier mondial. Reste à savoir si les constructeurs sauront relever le défi et s'adapter à cette nouvelle équation industrielle.

Romain Thirion
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