Une connectivité encore fantasmée
Sur un marché européen de l’IAM estimé à 241 Md€, les données libérées par le véhicule auront un effet démultiplicateur. Sauf que derrière ces données convoitées, la connectivité se limite encore à la fonction eCall. Et le vœu pieu d’un VN émettant une data chère payée se réduit à un fantasme.
« Quand ils seront prêts, sortis de leur moule constructeur, avec la data qu’ils détiennent, les concessionnaires auront les clés de l’IAM », entend-on fréquemment. Le véhicule connecté et sa data généreuse, un business coulant à flots pour qui aura pris sa part du gâteau, la possibilité de la revendre à des tiers, de multiplier les nouveaux services…
Certes, la revente de la data sera conditionnée à une régulation européenne imposant une concurrence équilibrée de la transparence et moins de complexité pour y accéder (Data Act), avec une gestion simplifiée du consentement de l’utilisateur. Mais la manne est là ! Avant 2020, on évaluait ainsi à 12 € par mois les dépenses d’un conducteur moyen pour des services connectés.
Une manne à exploiter si les véhicules sont connectés...
Encore faut-il que les véhicules soient « branchés », puisque selon Caruso*, c’est loin d’être le cas ! « La connectivité d’un véhicule est pour l’instant limitée à sa fonction eCall avec une carte SIM qui ne permet pas d’extraire des données exploitables pour développer des services », observe Gwenael de Calan. L’évolution est trop lente : hors marques premium – BMW, Daimler – les généralistes sont en queue de peloton. Seul Ford s’est vraiment mis dans les starting-blocks pour annoncer 100 % de ses modèles dotés d’une télématique digne de ce nom.
Les raisons du décrochage des autres ? Le coût prohibitif pour embarquer de la télématique (150 $ pour un véhicule d’entrée de gamme). Et la peur du partage, le manque d’intérêt pour la chose, voire une méconnaissance totale de l’existence du dispositif, font que le système est rarement activé par les utilisateurs. Un comble...
Travail d’évangélisation
Si la télématique s’est déployée massivement à bord des PL, il reste un large travail pédagogique à faire sur les flottes qui pourraient servir de canal de diffusion massive. « À condition là-aussi que les gestionnaires appréhendent le sujet. Certains pensent encore qu’il faut un dongle ! » Pourtant, la manne d’une connectivité étendue fait travailler certains pros d’arrache-pied, notamment les assureurs pour affiner la gestion du risque à distance et ajuster leur police d’assurance.
Certains véhicules émettent déjà avec précision l’endroit accidenté du véhicule, les pièces à changer. Un constructeur propose même une offre de réparation avec commande des pièces et coûts assurés à 95 % ! Plus besoin d’expert coûteux ! Mais reste à savoir qui décrochera le trophée du partage de valeurs, entre constructeurs, GAFAM, l’IAM ou les marketplaces ?
*Plateforme digitale après-vente réunissant Bosch, Continental, ZF avec Openmatics, Schaeffler, JimDrive, Werbas, TecAlliance, LKQ, ATR, Mobivia…