Warning : acheteurs auto dans le brouillard

Caroline Ridet
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OBS CETELEM 2024 automobiliste brouillard

Injonction de mutation technologique et d’électrification à marche forcée, démultiplication des réglementations restrictives de mobilité, augmentation des tarifs, électrification…. Les automobilistes ne savent plus à quel saint « automobile » se vouer. Pour son étude annuelle réalisée dans seize pays dont la France, l’Observatoire Cetelem nous décrit un consommateur dans le brouillard. 

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Déjà l’an dernier, l’étude de l’Observatoire Cetelem devenue internationale présentait un consommateur pour le moins perplexe face à une mobilité aux tarifs explosifs. Cette édition 2023 enfonce le clou… sur les doutes des consommateurs sur leur futur d’automobiliste. Flavien Neuvy, le directeur de l’Observatoire Cetelem, introduit l’étude en décrivant des « automobilistes en pertes de repères, ne sachant plus vraiment à quelle marque se vouer, soupesant la pertinence du passage à l’électricité ». Un automobiliste dans le brouillard qui n’arrive pas à suivre, et cela à l’unanimité des seize pays passés au crible*, qui devrait se mettre en pause au moment de choisir son futur véhicule. Inquiétant pour les constructeurs ! 

(*)  15 000 personnes ont été interrogées en ligne en Allemagne, Autriche, Belgique, Chine, Espagne, États-Unis, France(3 000 sondés), Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie.

Rouler quoi qu’il en coûte ?

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OBS CETELEM 2024 difficile choix.

L’inflation généralisée fait effet d’écran déformant pour les automobilistes. Si effectivement les prix des carburants ont flambé, ils placent l’entretien en troisième position des postes ayant le plus augmenté (75 % des répondants en moyenne). Ce poste devance même celui de l’achat automobile ! 

Et encore plus inquiétant : les sondés considèrent que cet entretien coûtera de plus en plus cher alors même que leur futur d’automobiliste devrait se faire en électromobilité ! 

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ZFE : brouillard complet

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OBS CETELEM 2024 ZFE juste ou injuste

Au sujet des zones à faibles émissions, si plus de 7 personnes sur 10 en connaissent l’existence, seulement un tiers voit précisément ce dont il s’agit. Soit presque autant que le nombre de celles qui en ignorent totalement le contenu. En France, 48 % savent de quoi il s’agit exactement mais 23 % en ignorent tout ! De même, si 66 % des personnes interrogées pensent
que c’est une bonne mesure, il faut se rendre dans les pays où les ZFE sont les plus implantées, et depuis longtemps, pour trouver une forte proportion  de réfractaires, dont un Français sur deux !  À noter que 56 % estiment que les ZFE ne verront pas le jour. Et dans le cas contraire, 52 % des Européens (56 % des Français) pensent que leur véhicule actuel pourra y circuler. On en trouve d’ailleurs à peine 22 % qui envisagent de changer de véhicule pour y accéder. 
 

L’électromobilité : l’avenir de l’homme ?

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OBS CETELEM 2024 electrique en question

En tout cas note l’Observatoire Cetelem, « pour la première fois ce type de motorisation arrive en tête des intentions d’achat » (27% en Europe et 32 % pour les seize pays). La percée de l’électrique est donc notable, mais le thermique fait de la résistance avec des taux à peine inférieurs. Car tout de même une personne sur deux ne veut pas passer à l’électrique, jugé trop cher. Le coût futur de l’électricité, l’autonomie, la capacité de recharge alimentent également les doutes. Reste que les aides des États permettraient de faire passer le courant pour trois personnes sur quatre. Aides qui existent déjà dans nombre des pays étudiés mais qui sont inconnus par une personne sur deux ! 
Globalement, les personnes interrogées restent sceptiques sur l’eldorado de l’électrification. Si au global, sept personnes sur dix voient dans ce type de véhicule « l’incarnation du progrès », les Français ne sont que 41 % à  le penser et à peine 38 % estiment qu’à terme le VE remplacera la version thermique. 

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Acheter ou pas ?

Il est urgent d’attendre. Seulement un sondé sur quatre envisage de céder à la tentation dans les douze mois à venir (21 % en France). Les raisons de cette hésitation : la conjoncture économique et la crainte de perte du pouvoir d’achat pour un tiers des répondants. Et parmi ces attentistes, 20 % attendent que les prix baissent,13 % d’y être contraints… et en tout cas attendent d’en savoir plus sur de potentielles nouvelles réglementations (lendemains énergétiques incertains).

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VE chinois : image de marque encore à construire

En vingt ans, vingt marques auto ont vu le jour en Chine, principalement producteurs de modèles électriques, venant s’ajouter aux « anciennes » MG ou BYD. Heureusement pour les constructeurs occidentaux, leur image de marque les protège encore : neuf personnes sur dix ont une bonne opinion des marques européennes, les japonaises bénéficient de 82 % d’opinion favorable, 73 % pour les marques américaines suivies par les coréennes (63 %). On tombe à 50 % d'image positive pour le marques chinoises (moyenne sur les seize pays donc la Chine !) « Ce score est plutôt honorable pour des marques récentes, pas encore très présentes sur de nombreux marchés », relativise les analystes. 
Mais attention, car lorsque l’on regarde à la loupe le rapport de la perception du rapport qualité-prix, 34 % estiment qu’il est bon pour les marques chinoises, devant les marques européennes (30 %) ou américaines (20 %). Seules les marques japonaises et coréennes les devancent (38 % et 36 %).
Résultat, 34 % des Européens se disent prêts à acheter une voiture chinoise (28 % en France)…

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Caroline Ridet
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