
Anest Iwata : « Il faut gérer dépenses et affaires quotidiennes au mieux pour résister »

« Nous faisons partie des gens motivés, pour remplir notre mission de servir des clients, pour les dépanner et qu’ils puissent travailler. C’est pour ça que je n’ai pas voulu fermer du tout. C’est aussi par respect pour nos collègues du siège italien, qui se battaient pour essayer de produire un petit peu. Ça n’aurait pas non plus été correct par rapport à l’esprit de notre groupe. Je pense que d’autres ont fermé trop rapidement, en oubliant cette mission », déclare Christophe Marconnet, DG d’Anest Iwata France. Le spécialiste en équipements de peinture basé à Saint-Quentin-Fallavier (38) n’a donc jamais cessé d’être ouvert, en prenant toutes les précautions sanitaires nécessaires pendant le confinement. Il a même anticipé les effets de l’épidémie de Covid-19. « En voyant la crise arriver, j’ai surstocké. On ne savait pas comment ça allait se passer par rapport à l’Italie. Nous avions donc prévu de livrer éventuellement d’autres filiales. Depuis, beaucoup de nos fournisseurs ont fermé. Mais ce n’est pas un problème, car nous disposons d’une montagne de stock », explique le dirigeant.
Par la suite, l’entreprise affronte la situation compliquée du confinement en mode dégradé. « Notre chiffre d’affaires a chuté drastiquement pendant la semaine du 16 mars. Nous avons néanmoins tourné comme ça pendant quinze jours. Puis, j’ai dû prendre des mesures pour réduire encore l’effectif. Mais nous livrons toujours… » Son problème, c’est la chute des demandes, faute de carrossiers (et d’industriels) ouverts. Son activité a ainsi été réduite d’environ 80 %. Comme d’autres, il déplore les ambiguïtés gouvernementales à l’annonce du confinement. Celles-ci auraient poussé beaucoup d’entreprises à fermer brutalement leurs portes, suivant parfois une logique financière à court terme et aggraver ainsi la crise.
Mais l’heure est au combat. « Il faut faire abstraction de toutes les choses sur lesquelles on ne peut pas agir. Se mettre en position de repli et de protection : organiser les affaires quotidiennes et gérer les dépenses au mieux, pour pouvoir résister le plus longtemps possible. Il n’y a que comme ça que l’on peut s’en sortir », martèle Christophe Marconnet.
Aujourd’hui, il constate que beaucoup de ses clients le rappellent pour annoncer qu’ils reprennent une petite activité. Ils travaillent un, deux ou trois jours par semaine… En réouvrant, certaines petites entreprises servent à leur tour des industries qui continuent à tourner difficilement. « C’est dans cet esprit que je veux maintenir un service minimum », affirme le dirigeant.
Il précise l'importance du conseil des distributeurs vers les professionnels. « Nous avons des clients qui ont décalé leurs échéances. Je leur ai répondu qu’il n’y avait pas de problème, mais renseignez-vous quand même sur les aides parce que si tout le monde agit ainsi, on va tous au casse-pipe. Ils m’ont répondu une semaine après en expliquant qu’ils avaient obtenu leurs prêts et m’ont réglé leurs traites. » Il souligne ce point fondamental pour sortir de la crise. « L’enjeu des paiements de fournisseurs est important, car si le client ne paie pas son distributeur, il y aura un effet domino qui sera encore plus terrible. C’est pour ça que l’Etat a mis en place ses mesures d'aides. » Il est donc primordial de jouer le jeu.
Pour l’instant, le dirigeant rappelle qu’il est difficile d’établir des prévisions fiables sur la reprise d’activité et le retour à la normale. La situation a gelé ses investissements, ainsi que des lancements de produits prévus. Mais, « si Automechanika n’est pas annulé, nous y serons », annonce-t-il. Comme les autres filiales, il a reçu un message d’encouragement du Japon : « Notre direction générale nous a assuré de sa solidarité. Elle n’a pas attendu les gouvernements pour arrêter de prélever les dividendes de toutes les sociétés du groupe sur 2019. Et surtout, elle nous a demandé de tout faire pour ne licencier personne et garder toutes les équipes en place. »
Cette directive s’accorde parfaitement avec sa philosophie. « Il faut trouver des solutions. Car ma première préoccupation c’est qu’au bout du compte, derrière les chiffres il y a des personnes… Et il faut leur fournir du travail pour qu’elles puissent manger. Nous avons donc une responsabilité vis-à-vis de nos salariés : nous n’avons pas le droit de céder à la panique », conclut Christophe Marconnet.
Pour recevoir le prochain numéro de Zepros Carrosserie en format digital cliquez ici !
Sur le même sujet




